Le PQ dénonce la nomination de trois «minidéputés»

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Une dérive démocratique de plus à mettre au compte du PLQ

(Québec) Deux ministres du gouvernement Couillard ont nommé comme agents de liaison trois candidats libéraux qui ont subi la défaite, le 7 avril. Ces derniers se comporteront en «mini-députés pendant quatre ans», dénonce l'élue péquiste Lorraine Richard, qui voit la manoeuvre comme un détournement de démocratie.
Des élus du Parti québécois (PQ) ont fait part de leur mécontentement à la suite des nominations de Laurence Méthot, Annie St-Onge et Damien Arsenault. Les trois ont subi la défaite, lors du dernier scrutin, sous les couleurs du Parti libéral du Québec (PLQ), respectivement dans Duplessis, Gaspé et Bonaventure.
Mme Méthot a été désignée attachée politique régionale d'Yves Bolduc, le ministre du gouvernement Couillard qui parraine les dossiers de la Côte-Nord. Mme St-Onge et M. Arsenault sont les politiques du ministre responsable de la Gaspésie Jean D'Amour. Les trois sont en poste dans la circonscription même où ils ont été battus par un candidat péquiste.
Pendant qu'un porte-parole gouvernemental assurait qu'il ne pouvait y avoir de représentants ayant une meilleure connaissance du milieu et qu'ils collaboreront avec les élus péquistes, Lorraine Richard (Duplessis) a lancé au Soleil que «je ne collaborerai pas avec elle [Laurence Méthot]. Elle n'a pas été élue, le 7avril. [Le PLQ] ne respecte pas la démocratie.»
Le député péquiste Harold Lebel (Rimouski) a indiqué que personne ne se souvient de la désignation à un tel poste d'un candidat à l'endroit même où il a été battu. Lui-même a été recruté par le cabinet de Jacques Parizeau, lors de sa propre défaite en 1994. Mais il a été nommé à Québec, a-t-il insisté. Il y a eu des sous-ministres en régions, qui provenaient de filière péquiste, «mais ils n'étaient pas des politiques», mais nommé au niveau administratif.
M. Lebel s'est refusé à qualifier le procédé de détournement démocratique. «C'est un peu gros. Mais ça envoie le message que, si vous voulez parler au gouvernement, vous avez le choix entre le député de l'opposition et l'agent de liaison.»
Sa collègue Lorraine Richard ne s'est pas gênée pour le dire. «C'est une façon de détourner la démocratie [...] [Laurence Méthot] va jouer à la mini-députée pendant quatre ans. C'est faire fi du choix [des électeurs] qui s'est exprimé, le 7 avril.»
L'élue du PQ en a particulièrement contre le fait que le ministre Bolduc a écrit à la Conférence régionale des élus (CRE) pour demander d'y être représenté par son attachée politique. Mme Méthot a longtemps été mairesse de Port-Cartier. Des maires «sont très mal à l'aise», a affirmé Mme Richard.
Dilemme pour un élu
Un élu municipal de la Côte-Nord l'a confirmé, sous le couvert de l'anonymat, disant craindre de se mettre à dos le gouvernement. «Vous êtes maire d'une petite municipalité. Vous avez un dossier important. Vous faites affaire avec la députée et la madame n'est pas contente et elle retarde le dossier. Ou vous passez par elle et la députée est en colère. Éthiquement, est-ce correct de demander à un élu d'une localité» de choisir? a-t-il laissé tomber.
Le député péquiste de Bonaventure s'est montré prudent. Sylvain Roy a évité de dire qu'il y a perte démocratique. «Ce n'est pas illégal, c'est discutable. [...] On n'a jamais vu une situation comme ça. C'est une nouvelle stratégie pour donner le moins de visibilité [au député] et en donner à l'ancien candidat.»
Le responsable des communications du premier ministre Philippe Couillard ne voit aucun problème dans les choix effectués par MM. Bolduc et D'Amour. Charles Robert a souligné que les parrains ministériels de régions demandent souvent d'avoir leur observateur à la CRE. «L'idée [pour les agents de liaison], c'est d'avoir des gens qui sont les yeux et les oreilles du ministre dans la région.
«Effectivement, ce sont des gens qui ont été candidats [libéraux], mais ils ont une connaissance pointue de la région. Ils n'ont pas été élus, mais ils ont toutes les compétences requises. [...] Par contre, aucun de ces attachés politiques n'est là pour se substituer» à l'élu de l'opposition, a assuré M. Robert.
«Je ne souscris pas [à la thèse de nominations] contre-nature et que ce n'est pas un atout de s'être personnellement impliqué [en politique]. La personne travaillera avec l'élu» en poste, a-t-il tranché. Que Lorraine Richard parle de détournement démocratique le fait sourciller puisque les trois ont posé «le plus beau geste démocratique», faire acte de candidature à des élections.
Charles Robert n'a pas été en mesure de contredire les élus péquistes qui soutiennent qu'il n'y a pas de précédent où des candidats malheureux à un scrutin deviennent des représentants de ministres dans la circonscription où ils n'ont pu se faire élire. Deux des attachés se retrouvent dans des circonscriptions voisines, Gaspé et Bonaventure. L'immensité du territoire pourrait justifier la décision, a suggéré Charles Robert.


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