Montréalais et ultrafédéraliste

Le PLQ, pris en otage

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« Il est ironique de voir aujourd’hui le PLQ se poser en grand défenseur des droits fondamentaux après avoir demandé, soutenu et participé à la plus grande violation de ces principes de toute l’histoire du Québec moderne. »


En 2018, le PLQ a subi la pire défaite de son histoire, aussi sévère que celle du PQ.


Il n’a devancé ce dernier qu’en raison de l’appui massif des allophones et des anglophones.


Si le PLQ veut comprendre son rejet par les francophones, un examen de son comportement des derniers jours pourrait l’aider.


Calculs


La semaine dernière, le PLQ refusait d’appuyer une motion soutenue par la CAQ, le PQ et QS demandant des excuses au gouvernement fédéral pour ses agissements pendant la crise d’Octobre 1970.


Dominique Anglade a justifié sa dérobade en disant que la motion ne mentionnait ni les bombes felquistes ni les enlèvements de Cross et de Laporte.


Cette semaine, le PLQ est revenu avec sa propre motion, qui exige des excuses d’Ottawa, mais aussi du gouvernement du Québec et de la Ville de Montréal.


Les autres partis ont refusé. 


C’était prévisible et c’est exactement ce que voulait le PLQ : torpiller toute possibilité que l’Assemblée nationale parle d’une seule voix.


On comprend la stratégie du PLQ : blâmer tout le monde est le meilleur moyen de ne blâmer personne trop sévèrement.


Le PLQ s’évite ainsi de critiquer son grand frère d’Ottawa et de revisiter son triste rôle dans cette affaire.


Il est vrai que ce sont le maire de Montréal et le premier ministre Bourassa qui demandèrent à Trudeau père d’intervenir.


Au-delà des turbulences bien réelles, la demande des deux premiers comportait sa part de calculs politiques.


En pleine campagne électorale, le maire Drapeau pouvait associer ses opposants, le FRAP, aux felquistes.


Robert Bourassa, lui, comprenait parfaitement que les actions du FLQ risquaient de nuire au PQ naissant.


Mais c’est Ottawa, donc Trudeau père, qui, seul, avait le pouvoir ultime de décréter la loi spéciale qui permit ensuite à la police municipale et à la police provinciale d’arrêter, sans mandat, 497 innocents.


Trudeau agissait contre les vœux de la GRC, qui s’y opposait.


Il savait parfaitement qu’il n’y avait pas d’« insurrection appréhendée ».


Il savait tout autant qu’il utilisait, pour reprendre les mots de Jean Marchand, un de ses ministres, « un canon pour tuer une mouche ».


Cela dit, le gouvernement du Québec devrait-il aussi s’excuser ?


Idéalement, oui, mais comme le gouvernement du Québec, au moment des faits, était libéral, on comprend l’embarras de Mme Anglade.


Il est ironique de voir aujourd’hui le PLQ se poser en grand défenseur des droits fondamentaux après avoir demandé, soutenu et participé à la plus grande violation de ces principes de toute l’histoire du Québec moderne. 


Contrôle


Il s’en trouve qui voudraient que les felquistes vivants s’excusent aussi.


C’est un souhait légitime, mais on notera que ceux avec du sang sur les mains ont tous purgé de lourdes peines de prison. 


Comment expliquer l’attitude du PLQ ? Très simple : regardez qui vote pour lui et qui le contrôle.


Plus que jamais, ce parti est aux mains de sa faction montréalaise et ultrafédéraliste, la seule base qui lui reste.


Cela explique et expliquera aussi toutes ses positions présentes et futures sur la langue, la laïcité et l’immigration.




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