Le pipeline Énergie Est en service en 2020

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Rien n'est moins certain dans le contexte mondial actuel





MONTRÉAL |  Annonçant jeudi des amendements à son projet de pipeline Énergie Est, TransCanada a confirmé sa mise en service projetée en 2020, année où doit entrer en vigueur le cadre de lutte contre le réchauffement climatique de l’accord de Paris, signé par 195 pays, le 12 décembre dernier.


Dans cette version amendée, TransCanada confirme avoir retiré de son projet la construction d'un port au Québec. Elle maintient toutefois son désir d’approvisionner en pétrole canadien les raffineries Suncor et Valero au Québec.


Près de 700 modifications au tracé proposé à l’origine ont été effectuées pour son pipeline de 4600 km, dont la capacité est évaluée à 1,1 million de barils par jour. Le coût du pipeline est désormais estimé à 15,7 milliards $, alors qu’il était de 12 milliards $ en octobre 2014.


Malgré un bond considérable des coûts et l’abandon de son port maritime, TransCanada maintient l’importance économique du projet et reçoit l’assentiment de plusieurs acteurs économiques, dont la Fédération des chambres de commerce du Québec, le Conseil du patronat, l’Association industrielle de l’Est de Montréal et celle des constructeurs de routes et grands travaux.


Dans une sortie conjointe, ces groupes concluent que «tant et aussi longtemps que les hydrocarbures comme le pétrole feront partie de nos vies, nous considérons que le projet Oléoduc Énergie Est demeure une solution pragmatique de transport d'hydrocarbures».


Cette position est vivement critiquée par Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie de Greenpeace.


«Les chambres de commerce ne sont pas encore rendues au 21e siècle. Approuver ce projet, c’est annuler tous les autres gains faits au Québec en matière de réduction des gaz à effet de serre et c’est ne pas voir ce que Barack Obama a vu en rejetant le projet Keystone XL», a-t-il commenté en entrevue avec l’Agence QMI.


Contradiction après Paris


Les amendements au projet Énergie Est ont été soumis à l’Office national de l’Énergie (ONÉ) et selon l’entreprise, ils devraient se traduire par une mise en service en 2020, «conditionnelle aux approbations réglementaires et à l'obtention des permis nécessaires».


À cet égard, le gouvernement de Justin Trudeau est interpellé par une coalition d’organisations environnementales, dont la Fondation David Suzuki, Nature Québec, l’AQLPA, Greenpeace et Mouvement Stop Oléoduc. Il lui est demandé de «suspendre dès maintenant et pour une durée indéterminée l’évaluation du projet Énergie Est, le temps de réformer en profondeur l’Office national de l’énergie (ONÉ) et son processus d’examen reconnu biaisé et déficient».


«Le précédent gouvernement a complètement discrédité le processus de l’ONÉ en évacuant des enjeux fondamentaux comme l’analyse des émissions de GES et en jetant des barrières à la participation des citoyens», a déclaré Karel Mayrand de la Fondation David Suzuki.


En 2020, date d'entrée en service projetée du pipeline, doit aussi entrer en vigueur le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique tel que le stipule l’accord de Paris.


« L’accord de Paris adopté la semaine dernière sonne le glas de l’ère des combustibles fossiles, ce projet s’inscrit du mauvais côté de l’histoire. Le premier ministre Philippe Couillard lui-même a reconnu que l’abandon du port de Cacouna signifie que le projet aura peu de retombées au Québec » a pour sa part déclaré Steven Guilbeault par communiqué.


Patrick Bonin, de Greenpeace, abonde dans le même sens.


«Il va falloir que l’Accord de Paris percole dans toutes les sphères, y compris auprès des chambres qui ne semblent pas avoir compris le message qu’il faut sortir du pétrole. Ce projet nous y enfonce», a ajouté M. Bonin.


Selon Greenpeace, à la sortie de la Conférence de Paris, le projet Énergie Est demeure incompatible avec la stratégie environnementale planétaire adoptée.


«La première chose qui doit être évaluée avec ce projet c’est l’impact climatique et il est énorme, a souligné M. Bonin. Plus de 300 municipalités aux Québec sont opposées au projet, qui ne passe pas le test climatique.»


Le 7 décembre dernier, d’autres manifestants, cette fois opposés au projet d’inversion du pipeline d’Endrige 9-B, s’étaient enchaînés à une valve d’un conduit à Sainte-Justine-de-Newton, pour contester la réalisation de ce projet qui, comme celui d’Énergie Est, favor ise une expansion des sables bitumineux de l’Alberta.




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