Le nouvel homme

Tribune libre

L'oligarchie qui domine notre société d'une main de maître est en train d'établir les barêmes de ce que sera l'homme de demain. Cet homme sera une ressource humaine devant répondre aux besoins du marché. Tout enfant qui naît au Québec en ce 21e siècle connaît déjà sa destinée. Il sera une ressource humaine qui devra répondre aux besoins du marché dans un contexte social strictement utilitaire.
Si l'on peut dire que c'est la conception de l'homme nouveau tel que le conçoit l'oligarchie régnante, on peut tout de même constater une certain niveau d'acceptation de cette nouvelle conception de l'être humain chez la population québécoise.
L'essayiste français Yvan Blot y va de ce commentaire à propos de ce que serait l'homme nouveau:
"...il s’agit de supprimer toute discrimination sauf celle par l’argent afin que l’argent devienne le seul critère sur lequel on juge les hommes. Une société où seule la discrimination par l’argent existe est en réalité monstrueuse, contraire à toutes nos traditions historiques chrétiennes ou nationales. C’est un moyen de détruire l’identité nationale au profit d’un monde matérialiste sans aucune frontière."
http://www.polemia.com/article.php?id=4815
Une telle conception de l'homme suppose l'établissement d'une société basée sur la compétition, le mérite et l'individualisme, une façon polie de dire une société du "chacun pour soi" et du "au plus fort la poche". Pas surprenant qu'il devienne de plus en plus difficile d'établir un quelconque projet de société.
On peut constater que cette nouvelle société et ce nouvel homme sont bien davantage établis au Québec présentement qu'ils l'étaient dans les années 1990 par exemple. C'est peut-être la raison pour laquelle l'élection du parti Québécois dans le temps de monsieur Parizeau n'avait pas autant semé l'émoi qu'il suscite présentement chez une bonne partie de la population étrangement paniquée par un gouvernement qui par le passé n'a pourtant pas mis les pauvres et leurs besoins au premier rang de ses priorités.
La tendance sociale fait que l'on s'éloigne des solutions que l'on devrait appliquer pour avoir une société plus juste au sein de laquelle tous les Québécois sans exception pourraient accéder à une vie décente et heureuse.
Il n'y a plus beaucoup de gens pour proposer, comme le faisait le regretté syndicaliste Michel Chartrand, l'instauration d'un revenu de citoyenneté universel pour faire en sorte qu'une vie décente et heureuse soit accessible à tous.


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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    5 octobre 2012

    J'ajouterais que malheureusement pour les souverainistes québécois, les Québécois se sont bien adaptés à la nouvelle société et au nouvel homme et qu'à cause de cela, la souveraineté du Québec est peut-être bien devenu un objectif passé date.
    La jeune génération de Québécois n'a plus tellement de racines, est davantage mondialiste et s'identifie davantage à la culture américaine qui est en définitive la culture internationale de ce nouvel homme et de cette nouvelle société. (Cette réalité est bien visible chez la jeunesse québécoise de la région de la ville de Québec).
    Cette nouvelle réalité, qu'on le veuille ou non, est désormais bien implantée au Québec. (Et il faut dire que les Québécois ont été davantage acheteur de ce nouveau type d'homme et de société étant donné qu'ils transportent depuis toujours un certain complexe par rapport à ce qu'ils sont, ce qui n'est pas le cas par exemple des Français de France ou des Britanniques qui, eux, sont fiers de leurs racines et de leur histoire).
    Le problème de cette nouvelle humanité, c'est qu'elle porte l'individualisme à un haut degré, tellement qu'il devient difficile de viser l'amélioration du niveau de vie des plus démunis de la société.
    Je cite souvent à ce propos l'article de monsieur Rodrigue Tremblay, un article d'une perspicacité étonnante:
    http://www.vigile.net/Pourquoi-les-choses-vont-mal-et

  • Archives de Vigile Répondre

    5 octobre 2012

    Monsieur Pollock,
    Le message ici est que la société actuelle n'est pas du tout orientée vers le bonheur et la prospérité du plus grand nombre.
    Il faudrait mettre l'être humain et ses besoins au centre des préoccupations sociales et non les besoins du marché.

  • Archives de Vigile Répondre

    4 octobre 2012

    Quelle confusion....!!!
    Mettre sur le même pied Michel Chartrand et Yvan Blot, l'un des turiféraires du Front National en France, du Club de l'Horloge, du mouvement GRECE, en compagnie de Bruno Mégret..quasiment un pro-nazi.
    C'est la tendance de ces groupes xénophobes, fachistes de recycler leur discours identitaires, sous la couverture plus douillette et plus acceptable d'un nationalisme qui ne devrait pas vous aveugler.
    Leur prétendue dénonciation du marché n'est qu'un artifice qui masque mal leur programme, baisse des salaires, des cotisations sociales, l'arrêt de la mondialisation, souhaitable, n'est vue qu'a l'aune de l'interdiction de l'immigration, à la sanctuarisation du territoire national, etc...
    Ce n'est pas parce que l'on est nationaliste que l'on est acceptable et cette mouvance, ex FN, maintenant UMP est tout sauf démocrate.
    "Le patriotisme c'est aimer son pays, le nationalisme c'est détester celui des autres..."
    Charles de Gaulle