Le multiculturalisme signé Trudeau

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Trudeau la carpette ou l’inversion du devoir d’intégration

Justin Trudeau désapprouve la décision des conservateurs d’aller en appel dans le dossier de Zunera Ishaq, la femme qui contestait l’obligation d’enlever son niqab pour la cérémonie d’obtention de sa citoyenneté. Au nom de la «protection des droits des minorités» ainsi que du «respect des différences d’expression et identitaires», le chef libéral juge que le gouvernement devrait obéir au jugement et assermenter cette femme avec le visage voilé. Il accuse les conservateurs de pratiquer une politique de la division.
J’ai critiqué le fait que Justin Trudeau demeurait flou sur trop d’enjeux et ne nous donnait pas suffisamment de matière. Cette fois-ci, ce n’est vraiment pas le cas. Il prend une position claire et courageuse et personne ne pourra l’accuser de suivre le vent ou de prendre la position facile et populaire.
Cela dit, je suis en profond désaccord avec lui pour toute une série de raisons allant du triste symbole de cacher les femmes jusqu’au message que doit passer la société d’accueil en matière d’intégration des immigrants. De plus, je suis en désaccord pour un simple principe de révélation de son identité: tu deviens citoyen d’un nouveau pays à travers l’assermentation, un geste officiel et public: cela se fait à visage découvert, point.
Débat tranché
Néanmoins, ce sont les positions bien définies et les confrontations d’idées qui rendent le débat public intéressant et permettent aux citoyens de faire leur choix. À travers ce cas, la vision de Justin Trudeau se précise. Il défend un multiculturalisme poussé à l’extrême. Si quelqu’un est prêt à accommoder une femme pour garder son visage complètement voilé le jour même de son assermentation comme citoyenne canadienne, on peut se demander quel accommodement il refuserait. On ne parle plus d’accommodements raisonnables, mais d’accommodements universels.
En clarifiant sa position sur le multiculturalisme, monsieur Trudeau soulève cependant d’autres questions auxquelles il devra répondre. Quelle est sa vision de l’intégration des nouveaux arrivants à la société canadienne? Craint-il les ghettos? Croit-il en l’intégration linguistique, sociale, économique?
L’autre Trudeau
Sans en faire une affaire familiale, il va aussi devoir préciser sa pensée par rapport à l’héritage de son père en la matière. Qu’on l’aime ou pas, il s’agit d’un héritage colossal avec deux pièces maîtresses: la Charte des droits et libertés et la politique du multiculturalisme. Justin pense-t-il que le Canada est allé trop loin, ou veut-il au contraire pousser plus à fond l’œuvre de son père? La question se pose.
Il y a aussi des réponses spécifiques à fournir au Québec. Le gouvernement québécois a mis de côté le multiculturalisme pour mettre plutôt l’accent sur l’intégration des immigrants. Une fois premier ministre, Trudeau respecterait-il cette approche québécoise?
En année électorale, voilà un débat qui polarise. Trudeau d’un côté, Harper de l’autre. Cela laisse peu de place au NPD qui a été bien discret sur cet enjeu. C’est le bout qui plaît aux organisateurs libéraux qui misent sur la déconfiture des troupes de Thomas Mulcair.


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