Le MTQ est incapable d'évaluer le coût des routes

Enquête publique - un PM complice?



Alexandre Robillard - Après des mois de travail, le ministère des Transports a accouché jeudi d'une étude comparative entre le Québec et deux autres provinces canadiennes qui ne permet pas de savoir si les contribuables québécois paient plus cher pour l'ensemble de leurs routes.
Les données dévoilées lors d'une conférence de presse où la ministre des Transports, Julie Boulet, était absente sont établies à partir d'un seul kilomètre de l'autoroute 20, une nouvelle construction située en zone rurale dans la région du Bas-Saint-Laurent.
La sous-ministre adjointe au MTQ, Anne-Marie Leclerc, a affirmé que cet échantillon avait été choisi parce qu'il permettait d'avoir des éléments de comparaison plus fiables.
«On pourrait analyser en milieu urbain et on va y aller mais on voulait commencer par quelque chose de relativement simple, qui était représentatif de beaucoup des travaux du ministère des Transports», a-t-elle déclaré.
Alors que le communiqué de presse remis aux journalistes stipulait que «de façon générale, les coûts de construction d'une chaussée au Québec sont équivalents à ceux observés au Nouveau-Brunswick et inférieurs à ceux de l'Ontario», Mme Leclerc a cependant rapidement contredit cette affirmation.
«Je ne peux pas généraliser et répondre oui ou non à votre question, a-t-elle répondu à un journaliste qui la questionnait à ce sujet. Chaque chaussée et chaque structure de chaussée, chaque autoroute, qu'elle soit urbaine ou rurale a des caractéristiques propres qui en font un objet unique.»
L'étude conclut néanmoins que les coûts de construction du tronçon étudié, soit 823 162 $, étaient inférieurs de 17,5 pour cent à ceux de l'Ontario et similaires à ceux du Nouveau-Brunswick.
En ce qui concerne les travaux de correction et de recouvrement des chaussées, les coûts unitaires de l'asphalte sont inférieurs de 4 pour cent à ceux du Nouveau-Brunswick et de 5 pour cent à ceux de l'Ontario, en tenant compte des distances de transport.
Mme Leclerc a affirmé que les fonctionnaires du MTQ planchaient sur l'analyse comparative depuis l'automne dernier. Elle a refusé de dire si d'autres routes québécoises avaient été étudiées durant cette période mais elle a admis que l'exemple de l'autoroute 20 à Sainte-Luce relevait d'un choix.
«Oui, on a fait un choix», a-t-elle dit.
Mme Leclerc a reconnu que d'autres travaux d'analyse seront nécessaires pour avoir un portrait plus complet, mais le choix des ouvrages comparés reposera sur un consensus avec les autres provinces.
Parallèlement, le MTQ utilisera les données établies à Ste-Luce pour faire des comparaisons avec d'autres autoroutes rurales à travers les régions du Québec.
Le coût des infrastructures routières est devenu un sujet politiquement explosif, au cours des derniers mois, en raison des allégations de malversations dans la construction.
L'opposition a soutenu que des cas de collusion contribuaient à gonfler les prix, une thèse contestée par le gouvernement, qui a plutôt attribué ces différences de coûts aux rigueurs du climat québécois.
En février, Mme Boulet avait annoncé que le MTQ allait effectuer une analyse des coûts des infrastructures routières pour répondre à des préoccupations soulevées par le vérificateur général Renaud Lachance.
M. Lachance s'était étonné que le gouvernement ne dispose d'aucune donnée comparative lui permettant d'établir la valeur des contrats ou d'apprécier la rigueur des prix pratiqués par les entrepreneurs répondant à ses appels d'offre.
La publication des résultats de l'analyse comparative avait été promise au printemps par Mme Boulet, mais deux reports ont été nécessaires jusqu'au dévoilement de jeudi.
Lors d'une entrevue téléphonique, Mme Boulet a affirmé qu'elle ne s'était jamais engagée à livrer un portrait d'ensemble, mais à examiner plusieurs projets comparables.
«Je n'ai jamais dit le mot global, a-t-elle déclaré. J'ai dit qu'on aurait des études comparatives et qu'on aurait les résultats en juin.»
Selon la ministre, si le portrait présenté jeudi est limité, c'est parce que la tâche est difficile.
«C'est d'une grande complexité et vous sous-estimez le kilomètre dans le Bas-Saint-Laurent, a-t-elle dit. La grande majorité du réseau routier au Québec est en milieu rural.»
L'Association des constructeurs de routes et de grands travaux du Québec a indiqué que les données comparatives présentées jeudi vont dans le même sens que les chiffres dont elle dispose.
«On arrivait à la conclusion que ça coûtait 14 pour cent moins cher au Québec, a dit Gisèle Bourque, directrice générale de l'ACRGTQ. Notre étude, conjuguée à celle du MTQ, nous permet aisément de croire que cette étude est très bien fondée.»


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