Le groupe djihadiste État islamique a revendiqué samedi l’attentat de Nice sur la Côte d’Azur commis par un Tunisien aux motivations encore floues, soupçonné par les autorités d’avoir basculé récemment dans la radicalisation.
Encore sous le choc de cette tuerie de masse perpétrée à l’aide d’un camion — une première en France —, hantés par des images atroces d’enfants écrasés, des rescapés ou des proches des victimes cherchaient samedi des informations ou du soutien psychologique dans plusieurs hôpitaux de cette ville du sud-est.
« J’ai appelé partout, les commissariats, les hôpitaux, sur Facebook, je n’ai pas trouvé mon fils. Ca fait 48 heures que je cherche. Ma femme est morte, mon fils, il est où ? », lançait Tahar Mejri, un Niçois de 39 ans à bout de nerfs. Avant d’apprendre dans la journée la mort de son fils de quatre ans.
Au moins 84 personnes, dont 10 enfants et adolescents, ont été tuées jeudi soir sur la célèbre Promenade des Anglais de Nice à l’issue du feu d’artifice de la fête nationale du 14 juillet, par le camion conduit par un Tunisien de 31 ans, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel. Vingt-six personnes restaient en réanimation, dont cinq enfants. Seize corps n’étaient toujours pas identifiés, selon le ministère de la Santé.
Au moins 17 étrangers ont trouvé la mort dans l’attaque, dont trois Allemands, deux Américains, trois Tunisiens et trois Algériens.
Radicalisation
L’auteur de l’attaque, que la revendication a présenté comme « un soldat [du groupe] État islamique »,», semblait jusque-là avoir davantage un profil de déséquilibré, était inconnu des services de renseignement et n’avait pas de liens avérés avec l’islamisme radical.
« Il semble qu’il se soit radicalisé très rapidement, ce sont des premiers éléments qui apparaissent à travers les témoignages de son entourage », a déclaré le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve à l’issue d’une réunion de crise du gouvernement, sur la base des premiers témoignages de son entourage.
« Nous sommes désormais confrontés aux individus qui sensibles au message de Daech [acronyme arabe du groupe EI] s’engagent dans des actions extrêmement violentes sans nécessairement avoir participé aux combats, sans nécessairement avoir été entraînés et sans disposer d’armes destinées aux attentats de masse », a ajouté M. Cazeneuve.
Les auditions de quatre hommes de l’entourage du tueur et de son ex épouse « sembleraient aller dans le sens d’un basculement récent vers l’islam radical », mais le groupe EI « n’est pas à ce stade mentionné », a précisé une source policière.
Mohamed Lahouaiej-Bouhlel était seulement connu de la justice pour des « faits de menaces, violences, vols et dégradations commis entre 2010 et 2016 ». Selon son père, il avait fait une dépression au début des années 2000 et n’avait pas de pratique religieuse affichée.
Hocine Drouiche, vice-président de la Conférence des imams de France, a appelé samedi les imams de France « à se mobiliser afin de rassurer la société française et isoler toutes les idées du terrorisme et de la haine ».
Un pays divisé
L’attentat de Nice constitue la troisième attaque de masse ayant visé la France, après les attentats de janvier 2015 contre le journal Charlie-Hebdo, des policiers et des juifs (17 morts) et les tueries de novembre 2015 (130 morts à Paris).
Elle a replongé la population dans l’effroi mais cette fois la cohésion nationale, invoquée après les précédentes attaques, a volé en éclats, plusieurs responsables de droite et d’extrême droite ayant accusé les autorités de ne pas avoir pris de mesures de sécurité suffisantes alors que ce pays est en état d’urgence depuis novembre 2015 en raison du risque terroriste.
La chef du parti d’extrême droite Front national, Marine Le Pen, a même appelé à la démission du ministre de l’Intérieur en pointant les « carences gravissimes de l’État dans sa mission première, la protection de nos compatriotes ».
Pendant la réunion de crise samedi, le président français François Hollande a lancé un appel à la « cohésion » et à « l’unité » en France et dénoncé les « tentations de diviser un pays », selon le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll.
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