Le G20 veut avancer sur l’évasion fiscale

La précarité de l’économie mondiale pourrait toutefois diviser les pays

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Tous les prétextes seront bons pour reporter l'adoptions de mesures efficaces aux calendes grecques

La rencontre des ministres des Finances et dirigeants des banques centrales des vingt principaux pays riches et émergents braque aussi les projecteurs sur la Russie au lendemain de la condamnation à cinq ans de camp du principal opposant à Vladimir Poutine, Alexeï Navalny. L’affaire a déclenché une vague de protestations dans la communauté internationale, et inquiète les milieux d’affaires.

À moins de 50 jours du sommet qui réunira début septembre à Saint-Pétersbourg les chefs d’État du G20, la réunion vise surtout à montrer les progrès obtenus sur les dossiers affichés comme prioritaires cette année, comme l’évasion fiscale ou la régulation financière. La priorité est « d’aller vers plus de transparence, plus de lutte contre les juridictions non coopératives », indique une source gouvernementale.

Lors de sa dernière réunion en avril à Washington, le G20 a « exhorté » la communauté internationale à s’attaquer au secret bancaire afin de lutter contre l’évasion fiscale. Le dossier a été confié à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui doit présenter un nouveau rapport vendredi. L’objectif est de s’attaquer aux mécanismes d’optimisation fiscale qui permettent aux multinationales d’échapper à l’impôt. Les américains Google, Amazon et les cafés Starbucks ont été notamment montrés du doigt ces derniers mois. « Il y a un bon consensus au sein du G20 » à ce sujet, a estimé Pascal Saint-Amans, directeur du centre politique et d’administration fiscale de l’OCDE.
Risque de « fracture »

« Les mécanismes d’évasion fiscale et les paradis fiscaux sont la cible numéro un des gouvernements et les ministres vont vouloir s’assurer que la question fait partie des priorités » pour le sommet de septembre, explique à l’AFP l’économiste Chris Weafer, de la firme de conseil Macro Advisory.

Le sujet donnera aussi l’occasion aux grandes puissances de faire entendre une voix commune quand l’état de santé de l’économie mondiale divise. « On pourrait bien voir apparaître une fracture » entre pays riches et économies émergentes sur le sujet, avertit Chris Weafer.

Alors que la zone euro est engluée dans la récession et que la croissance peine à décoller aux États-Unis, l’inquiétude grandit quant à la situation des pays émergents. La Chine vient d’annoncer une croissance de 7,6 % pour le premier semestre, confirmant son essoufflement et provoquant l’inquiétude des pays producteurs de matières premières qui fournissent Pékin.
Ralentissement généralisé

Le tassement concerne plusieurs pays, au-delà de la deuxième économie mondiale : début juillet, le FMI a abaissé ses prévisions de croissance pour la Chine, mais aussi pour le Brésil, l’Afrique du Sud ou encore la Russie. « Nous voulons entendre nos collègues chinois, pour qu’ils nous expliquent comment ils vont soutenir la demande, mais également nos partenaires européens ainsi que le Japon », a déclaré lundi Lael Brainard, sous-secrétaire au Trésor américain, demandant aux Européens « un plan qui dope la demande et la croissance ». Mais une source gouvernementale allemande a assuré que Berlin comptait continuer d’insister à Moscou sur la réduction de la dette.

« Le risque de crise politique en zone euro grandit chaque jour », estime Charles Robertson, économiste chez Renaissance Capital, s’inquiétant de « taux de chômage extrêmement hauts qu’aucun pays n’a jamais réussi à soutenir avec un taux de changes fixe ». Une rencontre des ministres du Travail du G20 se tient d’ailleurs jeudi et vendredi à Moscou, où ils discuteront des moyens de mieux coopérer contre le chômage.

En ce qui concerne les États-Unis, les questions devraient se concentrer sur leur politique monétaire. Leur banque centrale (Fed) a averti qu’elle comptait mettre fin à sa politique anti-crise, qui s’est traduite par des injections massives de liquidités dans le système financier qui ont irrigué abondamment les économies émergentes.

Le ministre russe des Finances, Anton Silouanov, a assuré que le sujet serait évoqué, insistant sur la nécessité de politiques monétaires « compréhensibles et prévisibles ».


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