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Le débat sur la partition s'enflamme

Québec 2007 - Après un OUI - Charest et la partition


De passage à Deux-Montagnes, au nord de Montréal, pour présenter les intentions de son parti en matière de développement durable, le chef libéral Jean Charest a suscité un orageux débat en évoquant le risque d'une partition du territoire québécois dans l'hypothèse d'une victoire référendaire des souverainistes.
« Je ne crois pas que le Québec serait indivisible », a laissé tomber M. Charest, en réponse à la question d'une journaliste anglophone. Il a estimé qu'une victoire souverainiste lors d'un éventuel référendum entraînerait la remise en question de l'intégrité territoriale du Québec. Par conséquent, le risque de partition serait assurément soulevé, a-t-il fait remarquer.
Jean Charest a toutefois tenté de nuancer. « Je ne souhaite pas la partition du territoire québécois, mais ces questions vont se poser, on sait qu'il y a des gens qui vont la poser », a-t-il précisé.
C'est que le chef libéral croit que la partition du territoire risque de devenir « un enjeu » si le Parti québécois (PQ) est porté au pouvoir le 26 mars.
« Je n'ai jamais souhaité que l'on fasse la partition du territoire sous aucune forme, mais je ne veux surtout pas que ce soit l'objet d'un débat après le 26 mars. Je ne veux pas que ce soit l'enjeu au Québec, je veux que l'enjeu au Québec soit la santé, l'éducation et les familles », a-t-il souligné.
En voulant préciser sa pensée, M. Charest a ajouté que « quand on s'engage dans un processus de sécession et de partition d'un territoire, ce qui serait le cas du Québec avec le reste du Canada, on s'engage dans ce que j'appelle un trou noir. Et il y a beaucoup de conséquences qui sont rattachées à cela que l'on ne connaît pas. »
Le chef du gouvernement sortant a toutefois refusé de dire s'il était toujours d'accord avec ses propos, tenus en 1996, selon lesquels tant les Cris que les Inuits auraient eu, en cas de victoire du oui en 1995, une bonne base juridique pour plaider en faveur de leur séparation du territoire québécois.
En 1996, au moment où il dirigeait le Parti progressiste-conservateur à Ottawa, M. Charest avait affirmé qu' « il est loin d'être évident que le Québec est indivisible. Je crois que les Cris et les Inuits auraient une très bonne cause [en cas de souveraineté]. » Ces propos avaient été rapportés par le quotidien The Gazette dans son édition du 29 janvier 1996.
Mise au point
En fin de journée, le bureau du premier ministre a émis un communiqué laconique pour tenter de rectifier le tir. « Dans une réponse donnée en anglais et pouvant porter à confusion, le premier ministre voulait exprimer l'idée que le territoire du Québec était indivisible, et non le contraire », lit-on dans le court texte.
« Je réitère, comme premier ministre et comme chef du Parti libéral du Québec, que le territoire du Québec est indivisible. Je réitère également qu'au lendemain d'une hypothétique séparation du Québec, notre peuple affronterait une période de turbulence. Dans ce scénario que nous ne souhaitons pas, nous ne pouvons exclure la probabilité que cette question soit soulevée », a précisé M. Charest.
Boisclair furieux


Réagissant en soirée depuis Nicolet, le chef du Parti québécois a vivement dénoncé les propos de Jean Charest qu'il accuse de jouer avec le feu depuis le début de la campagne, mais « cette fois-ci il vient de se brûler », dit-il.
« Au-delà du débat sur l'avenir du Québec, les fédéralistes ont le droit de défendre leur opinion, mais les Québécois ont droit aux faits et à la vérité: l'intégrité du territoire québécois ne sera jamais remise en question, quel que soit le choix des Québécois », a déclaré M. Boisclair, qui presse son adversaire libéral de mettre fin à l'ambiguïté.
M. Charest ne peut pas commettre une aussi grosse erreur. Je m'attends à une déclaration claire de sa part, demain [mercredi] matin. Il a le droit de défendre l'option fédéraliste, mais il doit avant tout défendre l'intégrité du territoire québécois. — André Boisclair
Le chef péquiste ne croit pas à un lapsus linguistique de la part de M. Charest auquel il demande, sur un ton grave, de « laisser ses accents partisans de côté, de sortir de ses habits de militant libéral et de fédéraliste obsédé, et de dire de façon claire aux Québécois que l'intégrité territoriale du Québec est inattaquable, dans le régime constitutionnel actuel, et qu'elle est inattaquable dans un Québec souverain. »
Le leader du PQ a rappelé que que dans le passé tous les premiers ministres du Québec, dont le libéral Daniel Jonhson en 1994, ont toujours défendu son intégrité territoriale.
Un plan vert bien financé
Jean Charest s'est de nouveau félicité d'avoir réussi à obtenir d'Ottawa pas moins de 350 millions de dollars pour mettre en oeuvre son plan vert, lancé en juin dernier. Il a rappelé que grâce à la manne fédérale, le Québec sera désormais capable d'atteindre à terme une réduction de 13,8 millions de tonnes de gaz à effet de serre (GES), soit 3,8 millions de plus que prévu avec les seuls fonds québécois.
Son ministre sortant du Développement durable, qui l'accompagnait, a d'ailleurs promis que ces sommes, qui devraient être inscrites dans le budget fédéral du 19 mars prochain, seront aussitôt investies dans la mise en oeuvre du plan.
Candidat libéral dans Kamouraska-Témiscouata, Claude Béchard a notamment mentionné un investissement pour favoriser le transport par barges, plutôt que par camions, qui concernerait tant les ports de Sept-Îles que de Port-Cartier.
Jean Charest a pour sa part indiqué l'intention de son parti d'augmenter de 8 % l'achalandage dans les transports en commun d'ici 2012. Le parti se propose aussi de soutenir des projets de géothermie dans les secteurs résidentiels et de financer la recherche en vue de la séquestration des GES.


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