Bizarrement, ça ne fait pas très longtemps que le gouvernement Couillard sait que la cimenterie des Beaudoin et cie, en Gaspésie, coûtera plus cher que prévu.

C’est à la fin de mai que la ministre du Développement économique, Dominique Anglade, a appris la mauvaise nouvelle. C’est du moins ce qu’elle a dit...

Pourtant, le maire de Port-Daniel/Gascons, Henri Grenier, disait à la télé mercredi dernier qu’il le savait depuis l’automne 2015. Dans la péninsule, on savait que l’incinérateur consumait des dollars à plein régime. Au reste, si on ne le savait pas, on aurait au moins pu s’y attendre.

Belle Province

C’est le respect du budget qui aurait été étonnant. Atteindre la cible, se conformer au cadre financier initial, ça, ça aurait été une nouvelle! Enfin!

Mais la Belle Province est soumise, dans tous les domaines, à des incompétents patentés. Et aussitôt que des fonds publics sont concernés, les budgets sont défoncés et les coupables introuvables.

Au CHUM, au ministère des Transports, au Centre des services partagés, le scénario se répète. Informatique, infrastructure, la moindre niaiserie coûte toujours plus cher que prévu.

On a vu, à Brossard, un passage piétonnier coûtant 300 000 $, quatre fois le budget initial. On prévoit 80 000 $, mais ça finit à 300 000 $. Que les contribuables se le tiennent pour dit: on les prend pour des imbéciles.

Pour la cimenterie gaspésienne, il faudra ajouter 450 millions au 1,1 milliard prévu quand Pauline Marois avait soufflé dans la trompette pour lancer le projet. Elle était si contente de s’associer à autre chose qu’une garderie...

On ne sait trop ensuite ce qui s’est passé. L’enquête sur le gâchis de la Gaspésia, la papetière mort-née de Chandler, avait démontré que la productivité des bons gars de la FTQ n’était pas au rendez-vous: il leur fallait 45 minutes pour aller faire pipi... Les Gaspésiens n'ont même pas pu profiter du party...

Athena...

Autre époque, autre égout sanitaire. Mais, selon une certaine Maryse Tremblay, humoriste chez Ciment McInnis, une cimenterie, c'est comme un bungalow.

«C’est comme quand tu bâtis une maison et qu’en cours de route tu décides d’ajouter une salle de bain», a-t-elle résumé.

Mme Anglade, la nouvelle égérie de l'économie, nous prend, elle aussi, pour des demeurés.

Quand elle dit qu’il n’y aura pas d’ajout de fonds publics dans ce projet, elle oublie sciemment que la Caisse de dépôt et placement n'a pas autre chose dans ses coffres.

La Caisse, c’est le fric de la Régie des rentes, le mien, le vôtre. C'est le fonds de pension des fonctionnaires, des profs, des infirmières, des policiers de la SQ, des juges et des brigadiers scolaires...

S’il y a encore du fric à mélanger au ciment, qu’on le prenne dans le milliard des congés de maladie accumulés. Personne n’ira manifester; ce serait trop gênant...