SUSPENSION

Le Barreau du Québec défend son intégrité

Une lettre du vice-président du conseil d’administration fait sourciller l’avocat de la bâtonnière

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Quelle intégrité ?






Dans une rare prise de position depuis la controversée suspension de la nouvelle bâtonnière élue, Me Lu Chan Khuong, le Conseil d’administration du Barreau du Québec défend son intégrité et rejette catégoriquement la tenue de nouvelles élections.


 

« Comment peut-on faire reproche au Conseil d’administration du Barreau d’avoir suivi le processus qu’il était tenu d’appliquer ? » écrit le vice-président du CA du Barreau du Québec, Louis-François Asselin, dans une longue lettre portant l’en-tête de l’ordre professionnel des avocats du Québec envoyée en réponse à un éditorial du Devoir. Cette missive a également été acheminée par courriel mardi soir à tous les membres du Barreau.


 

Après un bref rappel des faits, Me Asselin y justifie la suspension de la bâtonnière en soulignant que « le Code de déontologie des administrateurs du Conseil d’administration du Barreau contient un ensemble de règles de conduite qui doivent être respectées par tous les membres du conseil, y compris la bâtonnière ».


 

Il ajoute que Me Khuong a eu l’occasion de faire valoir son point de vue « à plus d’une reprise ». « C’est parce que les explications fournies n’ont vraisemblablement pas réussi à satisfaire les membres du Conseil d’administration qu’une mesure aussi exceptionnelle que la suspension provisoire a été prise. »


 

Selon Me Asselin, le comité formé pour se pencher sur le cas de la bâtonnière, dont les membres ont été nommés par le CA, est aussi indépendant que peuvent l’être des juges nommés par le gouvernement.


 

Finalement, le vice-président du Barreau qualifie de « prématurée » et d’« incongrue » l’idée de tenir sans tarder des élections à la présidence et au CA.


 

« À ce stade-ci, nous réitérons qu’il faut laisser les membres ad hoc du Comité de gouvernance et d’éthique mener à terme leurs travaux en toute sérénité », conclut-il.


 

Lettre critiquée


 

« Je déplore que le Conseil d’administration continue de justifier sa décision, qui est illégale à sa face même, plutôt que de trouver une solution à ce problème qui affecte l’image du Barreau », rétorque Me Jean-François Bertrand, qui représente Lu Chan Khuong dans cette affaire.


 

Cette dernière a envoyé jeudi dernier une mise en demeure à la directrice générale, à la secrétaire générale et aux 13 membres du CA du Barreau pour réclamer l’annulation de sa suspension et des excuses publiques. Rappelons que labâtonnière élue par 63 % des membres du Barreau du Québec le 22 mai dernier a été suspendue à la suite de la publication d’informations au sujet d’un présumé vol à l’étalage.


 

Mercredi soir, le Barreau n’avait pas répondu à la mise en demeure de la bâtonnière, mais comptait le faire sous peu, précise Me Bertrand.


 

« On peut se questionner sur les raisons qui poussent le Barreau à répondre à un éditorial avant de répondre à la mise en demeure de la bâtonnière », remarque l’ex-bâtonnière du Barreau de Montréal, Julie Latour.


 

« De la part du conseil d’administration d’un ordre professionnel, je pense qu’il faut s’attendre à une sérénité, une distance qui me semblent déficientes dans cette lettre », poursuit-elle. Me Latour se désole de voir le CA se justifier en rapportant des faits de manière sélective, plutôt que de faire preuve du recul et de la retenue que lui imposent les valeurs du Barreau.


 

Le débat entourant la suspension de Lu Chan Khuong fait grand bruit chez les avocats du Québec. Certains saluent la réaction rapide du Barreau, mais plusieurs lui reprochent d’avoir négligé le principe de la présomption d’innocence.


 

Une pétition exigeant que le CA réintègre la bâtonnière dans ses fonctions a jusqu’à maintenant récolté plus de 800signatures. Plusieurs associations d’avocats ont également affiché publiquement leur soutien à Me Khuong.







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