Le 150e de la discorde

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Témoignage éloquent d'une fédéraliste engagée





Les célébrations officielles du 150e anniversaire du Canada ont été lancées et dureront toute l’année 2017. Bien que je sois fière des avancées réalisées par le Québec au sein du Canada, je n’ai pas le cœur à la fête.


Je ressens comme une profonde ­injustice cette exclusion du Québec de la Constitution de 1982, alors qu’il est l’un des deux peuples fondateurs de la Confédération canadienne, en 1867.


Aussi, ai-je applaudi à l’idée lancée par Philippe Couillard lors de la course à la direction du PLQ en 2012-2013. C’était le seul des trois candidats libéraux à réclamer la réouverture des négo­ciations avec Ottawa et les autres provinces pour faire reconnaître le ­caractère distinct du Québec dans la Constitution canadienne. Il s’était même fixé un échéancier, celui du 150e anniversaire de la Confédération.


« Une date symbolique »


Cette proposition, il l’a réitérée à au moins trois reprises: 1) le 20 janvier 2013, lors du débat des candidats à la chefferie, à Québec, où il avait associé la ratification de la Constitution canadienne de 1982, sans l’accord du Québec à «l’abandon des dualités, l’abandon des deux peuples pour un concept de multiculturalisme»; 2) le 17 mars 2013, devant les 2377 délégués libéraux, une heure avant le vote où il avait déclaré: «Je ne peux pas concevoir que l’on puisse s’investir en politique québécoise et choisir le Cana­da sans le désir de voir le Québec réintégrer un jour la famille canadienne. On ne peut pas vouer à l’oubli un enjeu aussi fort sur le plan des symboles que l’absence de la signature du Québec au bas de la loi maîtresse du Canada» (Le Devoir, 17 mars 2013); et 3) le 6 septembre 2014, lors de sa rencontre avec le premier ministre Harper, quand il avait dit: «À l’aube du 150e anniversaire du Canada, les Québécois souhaitent que le pacte qui lui a donné naissance soit réaffirmé.»


Il est allé plus loin devant les délégués libéraux alors qu’il aspirait à devenir chef du PLQ: «À nous, Québécois de toutes origines, francophones et anglophones, de reprendre l’initiative de cette discussion, à nous de dire qui nous sommes, c’est dans l’intérêt du Québec autant que dans celui du ­Canada.»


Leadership défaillant


Une fois dans le siège du conducteur, il a renié son engagement, lors de la campagne électorale de 2014, affirmant que «je n’initierai pas de démarche constitutionnelle... On ne mettra pas le Québec dans une situation d’être ­affaibli... Il faut que ça vienne du reste du pays.»


Ainsi, après avoir réaffirmé qu’il était de son «devoir comme premier ministre du Québec» de faire preuve de leadership dans ce dossier vis-à-vis du fédéral, maintenant que le 150e anniversaire du Canada est là, il adopte une posture de repli, laissant l’initiative au Canada anglais.


En s’accrochant aux jupons des chefs autochtones et à ceux des premiers ­ministres des autres provinces, qui ­réclament qui un nouvel ordre de gouvernement, qui une réforme du Sénat, le premier ministre sous-traite l’avenir constitutionnel du Québec à ceux qui lui ont barré la voie. Autant dire qu’il renvoie cet enjeu capital aux calendes grecques.




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