Laurent Brayard : Frappez la Russie et ne laissez rien debout

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La logique guerrière


Cette phrase aurait très pu être prononcée par Adolf Hitler, elle pourrait être également attribuée à n’importe lequel des dirigeants américains des temps actuels. Lorsque l’Union soviétique s’effondrait définitivement en 1991, il est probable qu’aucun des analystes du Pentagone n’aurait pu imaginer que la Russie se relèverait aussi vite et aussi brillamment dans un laps de temps aussi court. Alors que les médias français et européens martèlent qu’il n’y a pas de nouvelle Guerre froide, il est constant qu’une propagande russophobe est à l’œuvre en France, en Europe et bien sûr aux Etats-Unis.


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Pendant le vide sidéral où la Russie fut plongée entre 1991 et le milieu des années 2000, les Etats-Unis fort de leur victoire sur l’épouvantail soviétique sont devenus aux yeux du Monde, la superpuissance mondiale, le gendarme du monde. Il est intéressant de penser que si la paix aurait dû être le résultat de cette victoire, nous avons assisté au contraire à un embrasement progressif de plusieurs points du globe. L’Europe ne fut pas épargnée, rappelons-nous de l’explosion de la Yougoslavie. Nous étions également en 1991. La Slovénie et la Croatie proclamaient leur indépendance, l’Allemagne et l’Autriche y apportaient immédiatement leur soutien… dans le sillage du Vatican. L’affaire dérapait l’année suivante avec l’indépendance de la Bosnie. Après un conflit terrible où les Serbes furent montrés comme des bourreaux, la Yougoslavie moribonde fut finalement achevée virtuellement dans le conflit du Kosovo en 1999. Les victimes furent Serbes, mais leurs vies ne comptaient pour rien. Les troupes américaines et européennes sous mandat de l’ONU vinrent appuyer les déportations, l’interdiction des Serbes du Kosovo de prendre part aux élections, camouflèrent de leur manteau, les exécutions arbitraires, les trafics d’organes prélevés sur des Serbes bien portants. En 2003, la Yougoslavie écrasée disparaissait, en 2006 le Monténégro se séparait à son tour de la Serbie. L’écrasement de la Yougoslavie, pays non aligné et hors du bloc de l’Est ou de celui de l’Ouest, correspondait clairement à un plan prémédité pour mettre fin à une exception européenne. Morceler les Balkans, porter un coup aux Slaves du Sud, c’était poursuivre jusqu’au bout pour les Américains et l’OTAN « leur offensive », assujettir une zone importante de l’Europe et reprendre le terrain perdu lors des traités et des accords de Yalta et de Postdam de 1945.


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Aiguillonnés par les Américains, les Européens s’empressaient en plusieurs vagues de pousser vers l’Est. Lors du traité d’Athènes signé en 2004, six pays de l’ancienne zone d’influence soviétique étaient intégrés dans l’Union européenne : la Pologne, la Lituanie, la Tchéquie, la Lettonie, la Hongrie et l’Estonie. C’était l’entrée des trois pays Baltes qui portait les frontières de l’Union directement au contact de celles de la Fédération de Russie. Soutenus par les Européens, munis d’un chèque en blanc, d’inquiétants événements se sont dès lors déroulés principalement en Lettonie : création d’un statut de sous-citoyens pour les russophones : exclus des administrations, interdits de droit de vote, manifestations et parades d’anciens Waffen SS et réécriture de l’histoire. Tout ceci se fit et se fait encore sous la bannière étoilée de l’Union européenne. Dans une deuxième poussée, lors du traité de Luxembourg de 2007, deux autres pays de l’ancien espace soviétique furent intégrés, la Bulgarie et la Roumanie. Ces menées se sont poursuivies dans une ombre plus ou moins opaque. Selon les propres aveux des fonctionnaires de Bruxelles, les adhésions possibles furent clairement affichées, nous nous attarderons sur celles qui concernent de près la Russie : l’Ukraine, la Biélorussie et la Moldavie. Le plus important des trois états, l’Ukraine est considérée comme un poumon de la Russie et un glacis d’attaque ou de défense de cette dernière. Toutes les nations qui ont assaillies la Russie se sont attaquées soit à l’Ukraine, soit à la Biélorussie et parfois aux deux. Nous devons donc comprendre que l’idée d’une mainmise totale sur le territoire ukrainien tracé par Lénine, Staline et Khrouchtchev est inquiétante pour les Russes.


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Les manœuvres qui ont commencé en Ukraine à partir de la Révolution orange de 2004 sont intéressantes à l’observer. Elles démarrent justement à l’intégration de six pays autrefois contrôlés indirectement ou directement par l’Union soviétique. La fermentation à l’œuvre en Ukraine n’a fait que croître sous fond d’un jeu de chaises musicales entre des oligarques de l’Ouest pro UE et des oligarques de l’Est attachés à la Russie. Après le lancement par la Fédération de Russie de l’Union Eurasiatique, le conflit diplomatique et les grandes manœuvres américaines ont commencé durant l’année 2012. Dès l’année 2008, le commissaire européen finlandais Olli Rehn proposait de soutenir une éventuelle candidature ukrainienne. Nous étions alors immédiatement après l’intégration de la Roumanie et de la Bulgarie. C’est devant l’éventualité d’une entrée de l’Ukraine dans l’Union Eurasiatique que se déclencha le mouvement du Maïdan, en réalité devant être appelé : Euromaïdan. Un coup d’Etat populaire puis militaire visant à annuler cette adhésion pour une entrée future dans l’Union européenne et… dans l’OTAN.


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Pendant ce temps en Moldavie, le plus pauvre pays de l’Europe, les mêmes conflits étaient à l’œuvre entre plusieurs communautés ethniques. En Transnistrie, les russophones avaient fait sécession dès 1992 et repoussés les assauts faibles et mous des Moldaves, pour une part souhaitant retourner dans la « Grande Roumanie » pour une autre uniquement dans l’Union européenne. Progressivement les minorités russes qui ne vivaient pas dans l’espace de la Transnistrie se sont vus lentement montrés du doigt : épuration ethnique dans les administrations, dans les universités, dans la police et l’armée. Il y a quelques mois, la célébration du 9 mai, date anniversaire de la victoire soviétique sur l’Allemagne nazie a été interdite avec le désir de la remplacer par celle du 8 mai… comme en France. La Transnistrie a demandé son intégration dans la Fédération de Russie à plusieurs reprises, la dernière fois l’an dernier au moment des événements dramatiques de 2014 en Ukraine. La Russie n’a pas répondu, ce pays non reconnu par la Communauté internationale deviendrait alors une enclave russe entre la frontière Ouest de l’Ukraine et la Roumanie… impensables pour les Européens et bien sûr infaisables pour les Russes sans déclencher un tollé incommensurable.


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Quant à la Biélorussie, le fait qu’elle soit mise sur la liste des possibles adhésions tient du fait qu’un gouvernement en exil à Londres depuis 1919 (date de l’invasion soviétique) est toujours actif, bien que proche du phénomène de foire. Ce pays est également considéré comme une dictature, l’unique dictature encore désignée par les Occidentaux en Europe, pays d’ailleurs souvent montré comme un pays fantoche en réalité vassal de la Russie. Ce pays n’étant pas candidat mais inscrit sur la liste des adhésions possibles, la lecture qui doit en être faite est la volonté à court ou long terme de l’assujettir à son tour, si possible lorsqu’un quelconque mouvement populaire, ou un coup d’Etat pourront être déclenchés en Biélorussie.


Cette énumération doit se compléter du panorama depuis plusieurs années de la propagande française, américaine et européenne qui indique à qui veut l’entendre que la Russie est une dictature, que son Peuple attend un changement, que les Russes ont une opposition muselée et que le pays est un obstacle général au bien être d’autres pays et de l’Union européenne en général. Alors, il faudra bien, chers lecteurs, que vous vous demandiez comment en Russie cet enchaînement de faits sont perçus. Croyez-vous sincèrement que la Russie ne doit pas être inquiète ?


Pensez-vous, en vous plaçant à la place des Russes, que vous ne vous sentiriez pas réellement en danger ? Lorsqu’il s’agissait du choix et de l’indépendance de pays comme la Pologne ou la Roumanie, il va sans dire que la Russie n’avait aucune légitimité à intervenir. Mais quand il s’agit de populations russophones comme en Transnistrie ou dans le Donbass, qui refusent leur intégration dans l’Europe, se réclament de la Russie, ou aspirent comme dans le dernier cas à une indépendance complète, sommes-nous légitimes à leur interdire le droit de disposer d’eux-mêmes et de leur destinée ? Il y a à notre avis un paradoxe sur cette vision de la Démocratie à l’européenne qui a des relents d’injonction américaine, de suprématie mondiale et dans le collimateur, la Russie se trouve clairement désignée, comme le pays à ravager de fond en comble, à la manière de 1917, une Yougoslavie géante.


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Laisserons-nous vraiment l’Union européenne, l’Union soviétique inversée de l’Ouest devenir un monstre incontrôlable entre des mains intéressées ? Laisserons-nous des marionnettes hollandistes nous apprendre ce que c’est que la Liberté ? Croyez bien et c’est un historien qui le dit, que le régime présidentiel sous lequel nous vivons chutera, et que l’Union européenne s’effondrera comme l’Union soviétique dans la liesse populaire. C’est une vérité historique indiscutable. Cela sera. Mais entre temps, comment vivrons-nous ? A genoux ou debout ? Pour notre part nous avons choisi.


Laurent Brayard

Source: http://novorossia.vision/fr/frappez-la-russie-et-ne-laissez-rien-debout/



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