PRÉSIDENTIELLE AMÉRICAINE

La victoire annoncée de Joe Biden n’est pas certaine

028b070ceb772c0597e8a1efb67aeb96

La question raciale sera au centre de la course

Depuis le début de l’année 2019, bien avant le Covid-19 et les mouvements de protestation suite au meurtre de George Floyd, la quasi-totalité des sondages prédisent la défaite de à l’élection présidentielle du 3 novembre 2020. Si l’écart se resserre depuis quelques jours au niveau national, le candidat du parti démocrate conserve une avance considérable sur son adversaire républicain. D’après le sondage The Economist/YouGov, paru le mercredi 19 août, l’ancien vice-président de Barack Obama l’emporterait avec une avance de 10 points. Et ce n’est pas un sondage isolé. Le 17 août, un sondage ABC News/Washington Post lui donnait une avance de 12 points. Trois autres parurent le 17 août, donnant respectivement à Joe Biden une avance de 8, 7 et 11 points.


Une réelle avance face à Donald Trump


Nous pourrions prétendre que l’avance de Joe Biden sur l’actuel président est illusoire, arguant de l’inutilité des sondages nationaux. En effet, le système électoral américain ne prend pas en compte le résultat des candidats à l’échelle nationale mais à l’échelle des États. C’est ce qui a permis à des candidats comme Benjamin Harrison, en 1888, George W. Bush, en 2000, ou encore Donald Trump, en 2016, d’être élus sans remporter le vote populaire. Cependant, les sondages par État expriment également une avance importante de Joe Biden sur Donald Trump, notamment en Géorgie, en Floride, dans l’Arizona, en Caroline du Nord, dans le Michigan, le Wisconsin ou encore en Pennsylvanie. Ces États, qui ont tous voté pour le candidat républicain en 2016, semblent pencher vers le candidat démocrate.


En nous intéressant de plus près au Michigan, au Wisconsin et à la Pennsylvanie, nous pouvons nous rendre compte que ces trois États, dans lesquels Donald Trump aurait dû s’incliner en 2016 face à Hillary Clinton, ont été remportés par le milliardaire républicain avec une très courte majorité, il y a quatre ans. En effet, il menait avec une avance (sur Hillary Clinton) de 0,77 point dans le Wisconsin, de 0,72 point en Pennsylvanie et de 0,23 point dans le Michigan. Il sera donc très intéressant d’étudier le résultat de l’élection présidentielle de 2020 dans ces États qui ont fait basculer le cours de celle de 2016 et qui pourraient bien décider, une fois encore, du destin de Donald Trump.


Une victoire républicaine loin d’être impossible


N’oublions pas que le bilan de Donald Trump sur l’emploi est très bon, particulièrement sur la question du chômage des Afro-Américains qui a atteint, en août 2018, un taux historiquement faible de 5,5 %, d’après le département du Travail américain. Depuis le début de son mandat, la cote de popularité du président républicain est grandissante auprès des Noirs, qui représentent une part significative de l’électorat américain. Si Donald Trump n’a remporté que 8 % du « vote noir », en 2016, ce nombre pourrait donc croître, ce 3 novembre, la popularité du président étant, en moyenne, d’une vingtaine de pourcents auprès de cette communauté, d’après l’institut de sondages Rasmussen Reports.


La reprise du mouvement Black Lives Matter, suite au meurtre de George Floyd, en mai 2020, semble avoir renforcé Donald Trump plus qu’elle ne l’a affaibli. Car si une écrasante majorité des Américains considèrent le racisme comme étant un problème majeur aux États-Unis, 71 % d’entre eux estiment que le mouvement Black Lives Matter n’a pas amélioré les « relations entre les races » dans le pays, 38 % estimant même que le mouvement a contribué à les aggraver (Sondage Nation Review). Ainsi, il semble que l’élection présidentielle américaine de 2020 se jouera en fonction de la capacité de Joe Biden à conserver un discours modéré, malgré l’influence grandissante de l’aile progressiste du parti démocrate, qui met la focale sur des théories comme le racisme systémique ou le privilège blanc, des sujets qui risquent de faire perdre à Joe Biden de nombreuses voix, à commencer par celles des républicains anti-Trump et des démocrates modérés.