Quand vous regardez aller les jeunes d’aujourd’hui, vous vous remémorez inévitablement ce que vous étiez à leur âge.
Nous n’étions sans doute ni meilleurs ni pires: autre temps, autre jeunesse.
Tout de même...
Les jeunes du PQ viennent de se réunir à Victoriaville.
Forcément, ma machine à souvenirs s’est mise en marche. En 1990-1991, le président des jeunes du PQ, c’était moi.
C’étaient les années Meech et Bélanger-Campeau, qui ne veulent plus rien dire pour les jeunes d’aujourd’hui.
Ceux qui les ont vécues me concéderont au moins que c’était plus excitant, politiquement parlant.
Sages
À Victoriaville, les jeunes péquistes ont mis la pédale douce, très douce, sur la question identitaire, la défense de la langue française et la promotion de l’indépendance.
Ils ont, pour l’essentiel, endossé sans rechigner les orientations de Jean-François Lisée.
Celui-ci fait un pari: en gommant les aspects les plus litigieux du programme péquiste, il espère siphonner des votes à la CAQ et à QS, et transformer le PQ en principale alternative au PLQ.
À mon avis, c’est le bon pari. Ceux qui rechignent devant cette nouvelle modération devraient songer un instant à la perspective d’un PLQ au pouvoir pour l’éternité.
Évidemment, le pari de M. Lisée reste... un pari: est-ce qu’en agissant ainsi le PQ ne risque pas de voir filer à la CAQ des électeurs qui se chercheront un porte-étendard assumé de l’identité francophone?
C’est le coup que l’ADQ avait fait au PQ en 2007. On verra bien.
Ma question est plutôt la suivante: l’hypermodération des jeunes péquistes est-elle un pragmatisme calculé, comme celui de M. Lisée, ou est-ce le reflet de leur état d’esprit réel?
Prenons la deuxième hypothèse.
Admettons qu’ils veuillent réellement tourner le dos à la question identitaire et à la question linguistique, au nom de «l’inclusion», et parce qu’ils trouvent ces questions «divisives».
Le problème est que ceux qui pensent le plus ainsi sont au PLQ, ou chez QS... ou totalement déconnectés de la politique, comme beaucoup de mes étudiants.
Si les jeunes du PQ ont réellement cette sensibilité, alors pourquoi veulent-ils la souveraineté? Au nom de quelle raison forte?
Moteurs
Si vous refusez toute «chicane» au nom de l’harmonie, comment justifier une accession à la souveraineté qui serait justement un geste d’affirmation forte, porteur de tensions momentanées, mais importantes?
Vous ne ferez pas la souveraineté «dans l’harmonie» et en faisant l’économie d’une très grosse «chicane».
Le «progressisme», l’«écologisme», la «justice sociale», tout cela est sympathique et légitime, mais le Canada n’est pas trop mauvais élève à cet égard.
La défense de la langue et de l’identité ont toujours été les moteurs essentiels du désir d’un pays du Québec.
Si vous enlevez cela, il ne reste guère que le désir de chasser le PLQ.
Fort bien, mais est-ce seulement pour cela que les jeunes du PQ font de la politique?
Je ne juge pas. Je voudrais seulement comprendre.
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