CRISE CLIMATIQUE

La Salette, de feu et d'eau

Jour de l'Assomption

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Chronique de Rémi Hugues

          Nos forêts de la côte Atlantique et du pourtour méditerranéen brûlent et notre président Macron d’enfourcher une nouvelle fois le tigre et d’en appeler, devant les caméras à La Teste-de-Buch le mercredi 20 juillet 2022 à « battre cette bête qu’est le feu ».


Concomitamment à l’ère des pandémies (Covid-19 et maintenant variole du singe), l’ère dans laquelle nous sommes entrés des méga-feux, des épisodes caniculaires et autres catastrophes naturelles spectaculaires donne l’idée à nos gouvernants de mobiliser le champ lexical de l’apocalyptique.


 


          Cette bête qui arrive, Macron en avait déjà parlé en plein confinement, le 16 avril 2020, interviewé par le Financial Times. Dans un article paru peu après, les 6 et 7 juillet1, j’avais souligné que l’écologisme, fondé sur la prophétie d’un péril environnemental imminent, nourri par la prose soi-disant scientifique du Giec, toujours plus alarmiste, est une sécularisation des discours religieux d’ordre eschatologique, – ou discours sur la fin des temps.


C’est la thèse de Pascal Bruckner dans son essai Le fanatisme de l’Apocalypse : sauver la terre, punir l’Homme, publié chez Grasset en 2011. Macron sait exactement ce qu’il fait, il a bien conscience du type de vocabulaire qu’il choisit. La coterie maçonnique qui l’entoure – composée d’initiés aux écrits de Jean, à qui l’on attribue non seulement un évangile mais aussi un livre qui fascine autant qu’il déroute, le livre de la Révélation (ou Apocalypse de Jean), où est annoncée une pléthorique série de cataclysmes – elle aussi a tout cela en tête. La fraternelle Camille Desmoulins, création had hoc réunissant des franc-maçons de plusieurs obédiences, n’a-t-elle pas soutenu activement le candidat Macron en 20172 ?


 


          En définitive répondre au défi climatique, immaîtrisable par essence, consiste seulement à l’emploi de mots empruntés aux grands récits eschatologiques. Parmi eux, il existe les paroles rapportées de Marie la Mère de Jésus-Christ suite à son apparition de La Salette, en 1846, non loin de Grenoble.


L’une d’elles évoque la « Bête » si chère à Macron : « Naîtra l’Antéchrist d’une religieuse hébraïque, d’une fausse vierge qui aura communication avec le vieux Serpent, le maître de l’impureté ; en naissant, il vomira des blasphèmes, il aura des dents ; en un mot, ce sera le diable incarné ; il poussera des cris effrayants, il fera des prodiges ; il ne se nourrira que d’impuretés. Il aura des frères qui, quoiqu’ils ne soient pas comme lui des démons incarnés, seront les enfants du mal ; à douze ans, ils se feront remarquer par leurs vaillantes victoires ; bientôt, ils seront chacun à la tête des armées, assistés par les légions de l’enfer. […] Rome perdra la foi et deviendra le siège de l’Antéchrist. […] Voici la Bête avec ses sujets, se disant le ‟Sauveur” du monde. Il s’élèvera avec orgueil dans les airs pour aller jusqu’au ciel ; il sera étouffé par le souffle de saint Michel Archange. Il tombera, et la terre qui, depuis trois jours sera en continuelles évolutions ouvrira son sein plein de feu ; il sera plongé pour jamais avec tous les siens dans les gouffres éternels de l’enfer. Alors l’eau et le feu purifieront la Terre et consumeront toutes les œuvres de l’orgueil des hommes, et tout sera renouvelé : Dieu sera servi et glorifié. »3


Une autre, terrible, dit que Marseille sera engloutie : il y a quelques semaines elle a connu un regain d’actualité.


          Le 24 juin dernier, Adonis Leroyer, pour le HuffPost, signait un papier intitulé « Marseille sera touchée par un tsunami d’ici 30 ans, c'est quasi sûr selon l’Unesco ». Le 1er juillet, dans National Geographic, Margot Hinry a indiqué : « Récemment, l’UNESCO a annoncé un risque de 100 % qu’un tsunami, avec une vague de plus de 1 mètre, s'abatte sur les villes côtières de la Méditerranée, dont des villes françaises comme Marseille, Nice, Cannes et Antibes. »


Au fond ce rapport d’envergure mondiale – et terriblement anxiogène – prédestine à Marseille ce que l’Éternel, dans le texte vétéro-testamentaire de Zacharie, promettait à Tyr : « Tyr s’est construit une forteresse. Elle a amassé l’argent comme la poussière et l’or comme la boue des rues, mais le Seigneur s’en emparera. Il précipitera sa puissance dans la mer » (IX : 3-4).


Si l’on était persifleur l’on dirait que les auteurs de cette étude se sont appuyés sur la prophétie de La Salette pour déterminer ses conclusions, avant de s’ingénier à élaborer un argumentaire construit selon la méthode scientifique.


          En tout état de cause, deux types de littératures se rejoignent aujourd'hui. Celle, autorisée, officielle, de spécialistes de la nature et du climat, nous avertissant de l’irruption proche – si l’on n’agit pas urgemment – de la fin du monde.


Et celle, oubliée, flamboyante, de celui qui pria la Vierge de La Salette, Léon Bloy, qui, dans Le Salut par les Juifs, explique cette réalité présentée par nos « climatocrates » comme éminemment alarmante par… la venue de cet être à propos duquel la « Mère du Christ a été dite lʼÉpouse » : l’« Inconnu dont lʼÉglise a peur », « le Promis appelé Consolateur », le « Visiteur inouï »…


« À son approche, le soleil se convertira en ténèbres et la lune en sang ; les fleuves superbes reculeront en fuyant comme des chevaux emportés ; les murs des palais et les murs des bagnes sueront dʼangoisse. »


« Le Juge vient à son heure que nul ne connaît. À son approche, […] les montagnes tremblent, les océans se dessèchent, les fleuves sʼenvolent, les métaux entrent en fusion, les plantes et les animaux disparaissent ». Et « les astres sʼéteignent, les monts descendent sous les mers, la Face même du Juge sʼobscurcit. Les univers sont éclairés par la seule Croix de Feu. »


         Une telle litanie de phénomènes cataclysmiques n’est pas sans rappeler certains discours de Yannick Jadot lors de la dernière élection présidentielle. Yves Cochet, ancien ministre de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement de Lionel Jospin, qui adopté le mode de vie d’un amish, est sans doute le plus radical parmi ces prophètes laïcisés de l’apocalypse, ces Cassandre du XXIème siècle, que sont les écologistes.


L’un des passages du Nouveau Testament qui ressemble le plus à la glose bloyenne est un extrait de l’évangile selon saint Luc, chapitre XXI, versets 25-28 :


« Et il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur la terre, les nations seront dans l’angoisse, inquiètes du fracas de la mer et des flots ; les hommes mourront de frayeur dans l’attente de ce qui menacera le monde, car les puissances des cieux seront ébranlées. Et alors on verra le Fils de l’homme venir dans une nuée avec beaucoup de puissance et de gloire. Lorsque cela commencera d’arriver, redressez-vous et relevez vos têtes, car votre délivrance est proche. »


Ce Fils de l’homme mentionné est le Christ du Second Avènement, désigné par Léon Bloy par le vocable Paraclet, ce qui veut dire « défenseur », « consolateur », « avocat ».


 


          Face à ces Marchands de Peur – comme Jacques Attali, qui, sourire aux lèvres expliquait sur la chaîne France 24 le 20 avril 2020 qu’« après [la crise] de la pandémie c’est la crise climatique »4 il s’agit de mettre à disposition du public un discours écologiste qui rassure au lieu d’affoler, basé sur la protection de la nature, un discours imprégné de la sagesse de Lucrèce, qui, dans Natura rerum, à propos de l’effrayante question de savoir « jusqu’à quand les remparts du monde pourront supporter la fatigue de ce mouvement inquiet », estimait que « pouvoir tout regarder d’un esprit que rien ne trouble » était la meilleure des réponses.


 


 


 




2Marc Endeweld, Le grand manipulateur. Les réseaux secrets de Macron, Paris, Stock, 2019.




3Cité par Jean Phaure, Le cycle de l’humanité adamique. Introduction à l’étude de la cyclologie traditionnelle et de la fin des Temps, Paris, Dervy, 1994, p. 595-596. Propos à relier avec les lignes suivantes : « Cet être […] a fait une apparition publique subliminale dans la vidéo du discours de la reine Élisabeth II tenu le 5 avril 2020, quand l’Europe était confinée, juste avant que figure un pentacle, qui, comme chacun le sait, est le symbole par excellence du séparateur, du princeps hujus mundi […]. Si leur Messie est vivant, il n’a donc pas plus de dix ans, et sa vocation est de diriger le monde, d’être le chef d’un gouvernement planétaire, mais pour un temps seulement. Il sera éliminé par le Christ : la bête fut tuée, son cadavre fut jeté au feu, peut-on lire dans le verset 11 du septième chapitre du livre de Daniel. Au verset 14, il est indiqué qu’il fut donné domination, gloire et royauté à ce Christ, que cette royauté ne sera pas détruite. Ainsi il clôt l’Histoire » in https://vigile.quebec/articles/leur-messie-est-la-et-il-arrive.




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