Le président russe Vladimir Poutine a annoncé mardi que la Russie avait développé le « premier » vaccin contre le nouveau coronavirus, assurant qu’il donnait une « immunité durable ».
• À lire aussi: Tous les développements de la pandémie
Le vaccin a été baptisé « Spoutnik V » (V comme vaccin, ndlr), en référence au satellite soviétique, premier engin spatial mis en orbite, a déclaré le fonds souverain, impliqué dans son développement.
Dans les semaines précédant cette annonce, des scientifiques étrangers ont exprimé leur préoccupation face à la rapidité de la mise au point d’un tel vaccin et l’OMS avait appelé au respect de « lignes directrices et directives claires » en la matière.
« Ce matin, pour la première fois au monde, un vaccin contre le nouveau coronavirus a été enregistré », a dit Vladimir Poutine, en ajoutant : « je sais qu’il est assez efficace, qu’il donne une immunité durable ».
Le président a même affirmé qu’une de ses filles s’était fait inoculer le vaccin qui a été développé par le Centre de recherches en épidémiologie et microbiologie Nikolaï Gamaleïa, avec le ministère russe de la Défense.
« Elle a participé à l’expérience », a-t-il indiqué, selon les agences russes affirmant qu’elle avait eu un peu de température après les deux inoculations, « et c’est tout ».
Le ministère de la Santé a affirmé que la double inoculation « permettait de former une immunité longue », estimant qu’elle pouvait durer « deux ans ».
« Le plus important bien sûr est que nous puissions assurer à l’avenir une sécurité inconditionnelle quant au recours à ce vaccin et quant à son efficacité », a encore dit M. Poutine, « j’espère que ce sera le cas ».
Le ministre de la Santé Mikhaïl Mourachko a indiqué d’ailleurs que « des essais cliniques sur plusieurs milliers de personnes allaient continuer ».
Vacciner les personnels médicaux
La vice-première ministre responsable des questions de Santé, Tatiana Golikova a dit espérer commencer dans les semaines à venir la vaccination des personnels médicaux.
« Nous espérons vraiment que septembre, ou même fin août début septembre, le vaccin soit produit et la première catégorie à être vaccinée sera le personnel médical », a-t-elle dit selon les agences russes. Les enseignants devraient également être parmi les premiers vaccinés.
Il sera mis en circulation le 1er janvier 2021 dans la population, selon le registre national des médicaments du ministère de la Santé, consulté par les agences de presse russes.
Ce vaccin est à vecteur viral, c’est-à-dire qu’il utilise comme support un autre virus qui a été transformé et adapté pour combattre le Covid-19. Il utilise l’adénovirus, une technologie également choisie par l’université d’Oxford.
Des scientifiques du centre Gamaleïa avaient été critiqués en mai pour s’être personnellement injecté leur prototype de vaccin, une méthode en rupture avec les protocoles habituels destinée à accélérer le processus scientifique au maximum.
Jusqu’ici, la Russie n’a pas publié d’étude détaillée des résultats de ses essais permettant d’établir l’efficacité des produits qu’elle dit avoir développé.
Début août, alors que la Russie annonçait que son vaccin était presque prêt, l’OMS s’était montrée dubitative, rappelant que tout produit pharmaceutique devait « être soumis à tous les différents essais et tests avant d’être homologué pour leur déploiement ».
L’OMS rappelle la nécessité de procédures « rigoureuses »
L’Organisation mondiale de la Santé a réagi prudemment à l’annonce mardi par la Russie de la mise au point d’un vaccin contre la COVID-19, rappelant que la « préqualification » et l’homologation d’un vaccin passaient par des procédures « rigoureuses »
« Nous sommes en étroit contact avec les Russes et les discussions se poursuivent. La préqualification de tout vaccin passe par des procédés rigoureux » a pointé Tarik Jasarevic, le porte-parole de l’OMS, lors d’une visio-conférence de presse, après avoir été interrogé sur l’annonce par le président russe que la Russie avait développé le « premier vaccin » contre le nouveau coronavirus.
« La préqualification comprend l’examen et l’évaluation de toutes les données de sécurité et d’efficacité requises recueillies lors d’essais cliniques », a-t-il rappelé, soulignant que le processus serait le même pour tout candidat vaccin.
En sus des validations accordées dans chaque pays par les agences nationales, « l’OMS a mis en place un processus de préqualification pour les vaccins, mais aussi pour les médicaments. Les fabricants demandent la préqualification de l’OMS, car c’est une sorte de gage de qualité », a-t-il insisté.
Jusqu’ici, la Russie n’a pas publié d’étude détaillée des résultats de ses essais permettant d’établir l’efficacité des produits qu’elle dit avoir développés.
La semaine dernière l’OMS s’était montrée dubitative lorsque la Russie avait affirmé que son vaccin était presque prêt, rappelant que tout produit pharmaceutique devait « être soumis à tous les différents essais et tests avant d’être homologués pour leur déploiement », et n’avoir « rien vu d’officiel ».