IDÉES

La résurgence des États et des nations

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Souverainisme c. Globalisme

Y a-t-il un rapport entre le Brexit, l’élection de Trump et la récupération d’Alep par l’État syrien ? Les trois vont à l’encontre du mondialisme démonteur de nations et d’États. Ses têtes d’affiche tombent en succession : Cameron, Clinton, Sarkozy, Juppé, Hollande, Renzi. Ailleurs, le djihadisme, arme de l’heure contre les États et les nations, rencontre en Syrie la riposte qui l’écornera.

Sans chant prématuré de Te Deum ni présomption de l’avenir, 2016 peut être marqué d’une pierre blanche. Preuve en sont le remue-ménage dans la bulle de la global governance insolemment contrariée et l’agitation dans l’aquarium politique occidental devant l’échec qui se profile en Syrie.

Le déclin

Après 1945, l’État assume un rôle d’initiative et de redistribution qui contribue au boom économique des « Trente Glorieuses ». C’est le néolibéralisme qui profite de l’avènement de la crise à partir de 1974 pour imposer une mondialisation renforçant le primat du marché. Récemment loué comme corne d’abondance, l’État est alors conspué comme obstacle aux bienfaits attendus du marché.

Produit de la Révolution française, la nation est à l’origine un modèle émancipateur reposant sur l’affirmation de la souveraineté populaire. Elle constitue une aspiration qui se répand largement dans le monde, devenant le fondement de nombreux États. Or, à l’ère du néolibéralisme conquérant, le fait national s’apparente à un particularisme résiduel qui entrave l’homogénéisation mondialisante.

Vecteurs conscients ou pas du néolibéralisme, des universitaires ont tôt fait de reléguer États et nations au passé, de condamner l’étude du politique et de prendre le transnationalisme pour fait accompli ou dominant.

Haro sur l’État et la nation

Dans les pays occidentaux, la mise au pas des États comporte leur retrait d’une économie libéralisée ainsi que l’intégration dans un système mondialisé et hiérarchisé. Déporté vers l’extérieur, l’État se distancie de sa base nationale, laquelle fait figure de vestige ou d’archaïsme. Sont célébrés le cosmopolitisme, la « société civile », les identitarismes non nationaux, l’américanisme passant pour une world culture, etc.

La dissolution du camp soviétique met une immense partie du globe, longtemps hors de portée, à la disposition du capitalisme et donne un coup d’accélérateur à la mondialisation. Il importe d’affaiblir l’État russe afin de faciliter l’accès aux ressources du pays. Durant la décennie Eltsine, la Russie est mise en coupe réglée par oligarques et grand banditisme, avec des résultats catastrophiques pour la société russe. Sous Poutine, l’autorité de l’État est rétablie, ce qui vaut à son président popularité en Russie et fulmination en Occident. Autour de la Russie, des « révolutions colorées » alimentées par des officines néolibérales font de certains pays des avant-postes du camp occidental.

Au Moyen-Orient, les néoconservateurs recourent à la méthode indirecte des guerres de déstabilisation, menées par procuration et faisant appel au sectarisme-fanatisme djihadiste pour briser les nations. D’origine israélienne, le projet néocon est affiché : à défaut de pouvoir les contrôler, démembrer les États et nations arabes en micro-entités confessionnelles manipulables et satellisables. La Syrie est le laboratoire pour la création de zones de chaos sur le pourtour de la Russie, jusqu’à la Chine.
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