Message de Khalil Gibran

La puissance du chaînon

Qu'est-ce qu'on attend...?

Tribune libre

Dans les moments de turbulence de la vie, il m’arrive de me rebrancher sur des auteurs qui savent me recentrer sur les valeurs profondes qui m’habitent. Ainsi en est-il de Khalil Gibran dont j’ai relu pour une énième fois Le prophète.
Vers la fin de son périple chez le peuple d’Orphalese, le prophète s’adresse ainsi à ses auditeurs :
« On vous a dit que, de même qu’une chaîne, vous êtes aussi faibles que votre plus faible chaînon. Ceci n’est que la moitié de la vérité. Vous êtes également aussi forts que votre plus puissant chaînon. Vous mesurer à votre plus petit geste c’est estimer le pouvoir de l’océan à la fragilité de son écume. Vous juger sur vos défaillances c’est blâmer les saisons pour leur inconstance. Oui, vous êtes comme un océan, et cependant les bateaux échoués attendent le flux sur vos rivages, car de même qu’un océan, vous ne pouvez accélérer vos marées. Et vous êtes aussi comme les saisons, et bien qu’en votre hiver vous niiez votre printemps, le printemps, reposant en vous, sourit en son apaisement et n’est pas offensé »
Un passage qui m’a particulièrement touché eu égard à la société québécoise qui se voit encore souvent confrontée brutalement à un colonialisme qui lui colle toujours à la peau, une tare ineffaçable qui la maintient imperturbablement dans un statut de « faible chaînon ».
Pourtant, les événements du printemps érable 2012 et, plus récemment, la mobilisation autour du projet de charte des valeurs québécoises ont eu l’heur de soulever le « puissant chaînon » du peuple québécois dans la grande chaîne de son affranchissement des liens fédéraux dans lesquels il est enchaîné depuis des siècles.
Dans cette voie, le message de Khalil Gibran se trouve porteur d’un vent de fraîcheur qui laisse monter une marée qui fait surgir le « flux » sur les rivages du Québec où les « bateaux échoués » depuis trop longtemps peuvent maintenant reprendre le large en toute confiance.
Qu’est-ce qu’on attend…?
L’article signé par un collectif d’auteurs paru dans Le Devoir du 28 octobre http.//www.ledevoir.com/politique/canada/391085/la-guerre-contre-l-autodetermination-du-peuple-quebecois-se-poursuitdont voici un extrait « La nation québécoise est donc moralement, politiquement et juridiquement autorisée à s’extraire de ce carcan. Elle n’a pas à se soumettre à l’autorité d’une constitution illégitime. Elle devrait d’ailleurs se doter au plus tôt de sa propre constitution. Et elle n’a aucune permission à demander à qui que ce soit d’autre qu’à elle-même… », lance un appel vibrant au peuple québécois à son affranchissement du carcan fédéral qui le maintient enchaîné depuis trop longtemps dans une « constitution illégitime ».
À la suite de la lecture de cet article, signé par des personnalités chevronnées en droit constitutionnel, je me suis sérieusement demandé qu’est-ce qu’on attend pour nous doter de notre propre constitution et enfin entamer la démarche d’accession à notre indépendance…

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Henri Marineau2033 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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2 commentaires

  • François Ricard Répondre

    29 octobre 2013

    Une constitution définit les rapports et les structures qui régissent l'ensemble d'une société et qui en assurent une homogénéité fondamentale.
    Une constitution, en démocratie, fonde et encadre juridiquement l'état. Elle reflète la volonté souveraine du peuple.
    Il serait plus que temps que le Québec ait la sienne.

  • Henri Marineau Répondre

    28 octobre 2013

    Citation qui a paru "par hasard" aujourd'hui en haut de page de la tribune libre de Vigile...
    « « Au fond, disait Groulx, ce qu’une catégorie d’Anglais ne nous pardonne pas, c’est d’exister ». Il serait à peine exagéré d’ajouter que c’est aussi ce qu’une certaine catégorie des nôtres ne se pardonne pas... Et c’est ça d’abord être colonisé. » Serge Cantin - source