Les vrais indépendantistes et les ‘’intermittents’’

La politique c’est aussi une question de tactiques et « d’habiletés agitatrices »

Tribune libre

Dans mon précédent article, j’ai abordé succinctement cinq points qui me semblent assez essentiels pour comprendre la défaite du Parti Québécois lors des élections du 07 avril 2014, il était question, entre autres de la faiblesse de la communication, des actions combinées des fédéralistes et des médias inclusifs, du Parti Québécois, son organisation et son fonctionnement, des suggestions avec comme principal axe de travail une cure de désintoxication... Mon point de vue est bien entendu celui d’un novice des politiques Québécoise et Canadienne ; il est aussi celui d’un simple observateur et, je l’admets sans détours très intéressé par les processus d’autodétermination des peuples. Dans ce même article j’ai souligné que}} la politique est la fille légitime du couple Trahison et Mensonge.C’est pour cela qu’elle interpelle toute la société et que toutes et tous en parlent.

Des lecteurs attentifs et actifs à ce qui est publié sur Vigile.net ont formulé leurs commentaires avec la belle intention de considérer à leur juste valeur les idées qui y sont mentionnées. Alors, En complément à l’apport de messieurs Drouin, Chrystian Lauzon et Fernand Lachaine et loin de moi l’idée de donner des leçons à qui que ce soit. J’aimerais souligner qu’encore une fois la raison a parlé … selon M. Drouin ‘’la Commission (Charbonneau) étant certes indépendante, le gouvernement ne pouvait faire ingérence dans sa décision de suspendre ses travaux’’ pour ma part, je me demande qu’est ce qui aurait empêché que les relais du PQ le fassent ? La politique n’est-elle pas aussi une question de tactique et d’habileté agitatrices ?

Oui, M. Lachaine ‘’la faiblesse des moyens d’intervention et de réplique’’ montre qu’un vrai plan de communication avec les relais appropriés a fait défaut au PQ. Quant à la division entre indépendantistes, n’est elle pas une simple vue de l’esprit ? Certes des partis se disant indépendantistes ou souverainistes, c’est selon, œuvrent disent-ils pour d’abord un Québec fort, la souveraineté viendra par la suite. En fait, j’ai l’intime conviction que d’un côté il y a les vrais indépendantistes et de l’autre les ‘’intermittents’’.

Je suis très mal placé pour les juger mais que je sache, ils ne sont pas dans les mêmes cercles politiques malgré leurs tentatives d’occuper les espaces militants et citoyens communes!? Ils sont pourtant de vrais irritants endommageant le mouvement souverainiste et frayant dans la communauté des plus vulnérables.

Ils offrent en même temps un encadrement très opportuniste à des groupes activistes pour le moins fédéralistes et qui n’ont cure de l’indépendance des états ou des nations. Leur seul crédo est leur propre visibilité ; ces partis et leurs organisations de proximité sont des chevaux de Troie. Ils sont organisés et soutenus pour freiner la marche vers l’indépendance tout en facilitant le maintien du fédéralisme et en consolidant le multiculturalisme. S’en rendent-ils compte… Je pense que oui… sauf qu’ils ne veulent pas le reconnaître.

M. Lauzon, Merci ! Pour votre apport. Il est, en ce qui me concerne, fort intéressant pour toutes les raisons que vous évoquez si justement. Permettez-moi d’ajouter ce qui suit : votre idée au sujet de Pierre Karl Péladeau c’est ‘’… l’artillerie lourde, on ne la met jamais à l’avant, on en prend soin et on la réserve dans l’ombre pour l’effet choc, surprise. PKP peut toujours faire des sorties fulgurantes, il contient cette force de crédibilité, ce qui apeure l’ennemi d’ailleurs’’. Vous avez raison.

Ça fait remonter en moi les souvenirs d’une vie antérieure, en Algérie, au lendemain, du { ‘’redressement révolutionnaire’, des officiers supérieurs en fin de carrière (moyenne d’âge 50 ans), pour la plupart, étaient parachutés à la tête d’entreprises publiques ; à quelques exceptions près, beaucoup parmi eux ont réussi à faire de bons capitaines d’industries, tant que le calme ‘’trompeur’’ au niveau national était dominant. Mais voilà que la mondialisation, comme partout ailleurs, frappe à la porte du pays ; ses effets là où on l’y attendait le moins ont été ravageurs. Tous ‘’ces gestionnaires improvisés’’ n’ont pas pu et n’ont pas su faire face au choc surtout de la mobilité des idées et bien entendu celui des marchandises… pour les êtres humains, la sélection est toujours de rigueur. Il aurait fallu qu’ils comprennent qu’une entreprise, soit elle publique, ne se dirige pas comme une caserne.

M Pierre Karl Péladeau, comme bien d’autres leaders du monde de l’industrie, de l’université, etc. sont d’un apport, sans aucun doute, à la fois rafraichissant et fort judicieux, s’ils comprennent qu’ils doivent ajuster pour ne pas dire changer leurs paradigmes afin de les adapter au monde de l’idéologie et de la politique, ils en seront plus redoutés et plus redoutables. Bien entendu, d’aucuns diront, le Québec n’est pas l’Algérie… mais partout, n’oublions pas que, les politiques ne mentent peut-être pas mais ne disent peut être pas aussi toute la vérité.

Pour l’heure, ce qui importe n’est ce pas l’amélioration de ce qui existe et qui est un acquis ? Plusieurs enjeux sont sur la table : la Mémoire et l’Histoire du mouvement souverainiste en font partie. Il y aussi un travail de fond pour éviter l’hémorragie et la fuite des militants, sans omettre la formulation des politiques de sensibilisation et de formation au recrutement des jeunes.

Par ailleurs, il me parait très important pour ne pas dire fondamental d’encadrer et de donner de l’espace à l’expression des historiques de toutes les périodes. J’ajouterai que la nécessaire conception d’une politique d’occupation de l’espace démocratique en tenant compte des effets de nuisances des adversaires non seulement dans la province mais ailleurs au Canada et chez nos voisins du Sud… serait de rigueur. Vous ne pouvez pas vous imaginer combien ce qui nous vient d’en face peut être plus porteur que ce qui se fait à l’interne. Quant à votre dernière question à savoir : Gouverner à nouveau ou faire l’indépendance ? Qu’est ce qui empêcherait de faire les deux concomitamment ?

Ferid Chikhi

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Algéro-Canadien, Ferid Chikhi vit au Québec depuis 2001. Conférencier et formateur, il est membre de plusieurs groupes et collectifs d’études. Contributeur de presse il est auteur d'articles, de réflexions et d'analyses tant politiques qu’économiques. Il a publié divers textes sur les problématiques d’accueil et d’intégration des immigrants au Québec. Ferid est membre du Conseil d'administration des IPSOs ; membre fondateur de l'Association des Nord-Africains pour la Laicité (AQNAL) ; membre du Groupe d'Études et de Réflexions Méditerranée Amérique du Nord (GERMAN) et l'animateur du site www.convergencesplurielles.com





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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    27 avril 2014

    @Ferid Chikhi
    En fait, ce sont les libéraux qui ont suspendu les travaux de la Commission. Jean Charest y a placé tous ses pions dont Alain Lauzier, un proche et ex-fonctionnaire du Conseil exécutif qui conseille la juge Charbonneau. Mais même si le PQ avait empêché la suspension, à mon avis, ça n'aurait strictement rien changé. Car qu'a-t-on appris que l'on ne savait déjà, depuis le 7 avril? Les électeurs nous ont bien démontré que pour eux, la corruption au PLQ c'est du passé.
    À la question gouverner à nouveau ou faire l’indépendance, je pose une autre question: comment faire pour que le PQ soit élu majoritairement?