Le mouvement étudiant

La pointe l'iceberg

lance un message qui rejoint tout un peuple

Tribune libre


Le gouvernement Charest ne cesse de répéter à la télévision et à la presse que l’actuel mouvement étudiant ne représente qu’une minorité de l’ensemble des étudiants et des étudiantes du Québec. Il ne réalise pas que cette minorité est porteuse non seulement d’une remise en question de l’augmentation des frais de scolarité, mais aussi de tout un système politique et économique dont est victime une grande majorité de la société.
Les véritables révolutions ont pris naissance à travers des hommes et des femmes qui ne constituaient qu’un faible pourcentage de la population. Ce qui les distinguait de tous les autres regroupements, c’était la prise de conscience d’une réalité qui, elle, affectait la grande majorité. Ces hommes et ces femmes n’étaient que la pointe de l’iceberg d’une conscience dans laquelle tous les autres allaient progressivement se reconnaître.
Que se passe-t-il actuellement? Nous avons au Québec tout autant qu’à Ottawa deux gouvernements qui gouvernent avec moins de 25 % de leur électorat. Ils appellent cela la démocratie alors que 75 % des électeurs et électrices n’ont voté pour aucun d’eux. Qu’en est-il du pouvoir du peuple pour le peuple dont nous parlent les dictionnaires et les authentiques apôtres de la démocratie? Si encore, les élus (es) se faisaient, d’abord et avant tout, les représentants des intérêts de leurs commettants et de ceux de l’ensemble de la population, nous aurions alors une démocratie dans laquelle le peuple pourrait se reconnaître. Mais, l’histoire et la réalité présente nous révèlent que ce grand objectif a été détourné et pris en otage par les oligarchies nationales et internationales. Non seulement elles décident de ce qui est bon ou mauvais pour le peuple, mais elles mettent prioritairement à leur service les pouvoirs de l’État.
Qu’il suffise de voir la manière avec laquelle nos gouvernants disposent des richesses naturelles. Plutôt que de les considérer comme le bas de laine du peuple et d’en soutirer les plus grands avantages possible, ils les dilapident à des conditions dérisoires à leurs amis prédateurs. Le tout sera évidemment enveloppé de considérations de nature à faire oublier ce traquenard dans lequel le peuple sera attrapé. On parlera de la création d’emplois, de construction de routes, de formation professionnelle, mais rarement on fera mention des sommes investies par le gouvernement en rapport avec celles investies par le privé. Les exemples ne manquent évidemment pas. Je recommande ici l’excellent ouvrage de Richard Le Hir sur l’Empire Desmarais et pour les lecteurs et lectrices de Vigile les excellents articles de ce dernier sur le sujet.
Ce choix se révèle également dans l’aménagement de la fiscalité qui se transforme en un véritable tapis rouge pour que les oligarchies et les raisons sociales dont elles sont les financières y trouvent plein d’avantages. Je ne suis pas comptable, mais le prof. Lauzon l’est et il ne manque pas d’exemples pour illustrer cette fiscalité à deux vitesses : celle qui sert bien les nantis et celle qui siphonne bien les classes moyennes.
Que dire maintenant des principales victimes des crises économiques qui secouent nos sociétés? Les coupures dans les services sociaux, l’éducation, la santé, les services de garde, les soins aux personnes âgées affectent de façon toute particulière les classes moyennes et les plus démunis de la société. On entend rarement nos gouvernants s’élever contre les paradis fiscaux, s’exprimer sur la nécessité de revoir certaines dispositions fiscales privilégiant les plus favorisés. Ils ne le font pas, parce qu’ils sont au service de ces oligarchies dominantes. S’il leur arrive de toucher moindrement à cette vache sacrée, ce ne sera que symboliquement et les lamentations feront la une de l’ensemble de nos médias. Il faut dire que les grands partis politiques vivent de leur générosité. La ligne de parti fait le reste.
Lorsque les travailleurs, les consommateurs, les étudiants, les personnes âgées, les femmes au travail et celles à la maison comprendront le fait que les baisses de salaire et les mises à pied dont ils sont victimes et que les coupures dans les divers services de santé, de l’éducation et de soutien aux familles, sont là pour protéger la stabilité financière des oligarchies et de leurs empires, alors la pointe de l’Iceberg apparaitra avec tout ce qui la soutient et lui donne consistance.
Jean Charest et la classe dirigeante font une mauvaise analyse de la situation en pensant qu’il ne s’agit que d’un feu de paille. Qu’ils regardent ce qui se passent dans le monde s’ils veulent comprendre que nous n’en sommes plus à un cycle de changement, mais à un changement de cycle. Le monde s’éveille et les prédateurs et leurs serviles représentants doivent en prendre note.
Oscar Fortin
Québec, le 28 mai 2012
http://humanisme.blogspot.com

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citoyen du Québec et du monde

Formation en Science Politique et en théologie. Expérience de travail en relations et coopération internationales ainsi que dans les milieux populaires. Actuellement retraité et sans cesse interpellé par tout ce qui peut rendre nos sociétés plus humaines.





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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    29 mai 2012

    Monsieur Fortin,
    Je crains que le "printemps" québécois ne change rien à la triste situation des plus démunis au Québec.
    Si vous avez remarqué, il n'est jamais question d'eux dans les revendications des manifestants.
    Vous savez, le "printemps arabe" de 2011 n'a rien changé au statu quo socio-économique dans ces pays. Et ces pays sont toujours dans le giron de l'empire capitaliste américano-occidental.