Les sommets du G8 et du G20

La pique d'Obama

Crise mondiale — crise financière



Le président Barack Obama s'est présenté aux sommets du G8 et du G20 en position de force, le Congrès ayant adopté, juste avant son atterrissage à Toronto, la plus importante réforme du système financier depuis la crise des années 1930. Empruntons au langage sportif: États-Unis 1, Europe 0.
Lors des rencontres tenues en 2008 et 2009, les chefs d'État avaient concentré leurs discussions sur le sauvetage d'un système financier plombé par les subprimes et autres produits exotiques. Cette opération accomplie, le principal sujet inscrit à l'ordre du jour des G8-G20 de Toronto fut, en toute logique, la rénovation du système bancaire. Pendant que les Américains s'attelaient à cette tâche, les Européens mettaient toutes leurs énergies à concocter de nouveaux plans d'austérité.
Cette bifurcation provoquée par le marasme grec a entraîné un débat passablement vif entre Obama et, au premier chef, la chancelière allemande Angela Merkel. À preuve, en amont de la réunion d'aujourd'hui, des membres de l'exécutif américain ont multiplié les mises en garde contre un chapelet de mesures draconiennes qui, affirment-ils, va étouffer le faible sursaut de l'économie. Pendant qu'Obama envoyait une missive aux 20 chefs d'État pour les prier d'arrêter des politiques susceptibles de doper la croissance, le secrétaire au Trésor Timothy Geithner et le principal conseiller économique d'Obama, Larry Summers, signaient des lettres communes dans les gazettes financières.
Rien n'y fit. Les Européens ont campé sur leurs positions, laissant présager un bras de fer avec Obama et peut-être avec d'autres. On s'explique. Il y a peu, Washington a demandé aux «gros» exportateurs nets, Allemagne, Chine et Brésil, de faire un effort. Si minime soit-il pour l'instant, la Chine a posé un geste digne de mention, un geste à la portée symbolique certaine, en autorisant cette semaine, c'est à noter, une évaluation à la hausse de sa devise. Le Brésil a milité pour l'approche américaine. L'Allemagne? C'était non, ça le reste.
Histoire de reprendre l'avantage, Obama a poussé bien de ses pions sur l'échiquier de la réglementation en exhortant la majorité démocrate au Congrès à passer sa réforme avant de s'envoler vers Toronto. Signe de l'urgence et de l'importance du sujet, les représentants et sénateurs ont adopté ladite réforme au terme d'une discussion-marathon de 20 heures. Et ce, après des mois de négociations. Toujours est-il qu'Obama est désormais en mesure de dire aux Européens que la logique a prévalu. La crise financière a été causée par les énormes vices de son système? On rénove toute la mécanique.
Sur ce flanc vital pour l'ensemble de l'économie, les Européens n'ont pas fait le service minimum, mais bel et bien de la figuration. Ils ont débarqué à Toronto en position de faiblesse. Certes,
Merkel, Nicolas Sarkozy et le Britannique Dave Cameron sont d'accord pour imposer une taxe sur les transactions et une autre aux banques, mais elles ont peu de chances de passer, les États-Unis s'étant rangés derrière le Canada qui n'en veut pas. Si Merkel et Cameron ont dévoilé des plans d'austérité, Sarkozy cultive le flou pour l'instant. Si on ajoute, côté G8, que le Japonais est confronté à une crise politique et que son homologue italien joue mieux le rôle de représentant de farces et attrapes que celui qui lui est dévolu, on peut s'attendre à ce que les Européens marchent en ordre dispersé. Passablement dispersé.


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