La nation debout

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Cette affaire est loin d'être terminée, et elle peut encore très mal finir





Depuis le référendum du 1er octobre et la répression révoltante dont il fut l’objet de la part du gouvernement espagnol, le peuple catalan vit un moment décisif pour son avenir. Décisif, mais incertain. Peuple déterminé, il reste debout. Pacifique et uni, il mène ce combat noble qu’est la défense de son propre droit à l’autodétermination.


Hier, son président, Carles Puigdemont, ajoutait une pierre majeure à son pari audacieux de tenter d’établir, enfin, un véritable rapport de forces face à Madrid. Marchant sur un fil de fer, il promet l’indépendance aux Catalans, mais en suspend la proclamation le temps d’établir un « dialogue serein et conjoint » avec Madrid.


Mépris


Le refus immédiat et cinglant du gouvernement espagnol était prévisible. Sur les ondes de BFMTV, l’ambassadeur de l’Espagne en France est même allé jusqu’à nier l’existence du peuple catalan. Le troublant mépris séculaire de l’Espagne envers les Catalans crève encore et toujours les yeux.


C’est toutefois sans compter sur l’inébranlable volonté politique du président Puigdemont. En suspendant la proclamation d’indépendance le temps d’établir un « dialogue » avec l’Espagne, son véritable but est de tenter de court-circuiter Madrid.


Connaissant l’intransigeance entêtée du gouvernement espagnol, il semble surtout chercher à forcer la main de l’Union européenne pour qu’elle finisse par comprendre la nécessité de pousser Madrid à accepter une forme ou une autre de médiation. Question d’éviter qu’éclate un conflit violent au sein même de l’Espagne et de l’Europe.


Médiation


À terme, une médiation pourrait mener à l’indépendance de la Catalogne, mais elle pourrait aussi déboucher sur une plus grande autonomie à l’intérieur de l’Espagne. Le pire des scénarios serait le statu quo.


Même après la quasi-victoire du Oui en 1995, le Canada s’est refusé à tout statut particulier pour le Québec. En même temps, le nouveau premier ministre québécois, Lucien Bouchard, balayait l’option souverainiste sous le tapis.


La dynamique sera-t-elle différente en Catalogne ? C’est à suivre.