La motion de défiance présentée par Marois laisse Charest de glace

Enquête publique - un PM complice?




Martin Ouellet La Presse Canadienne - La motion de défiance du Parti québécois n'a pas fait fléchir mercredi le premier ministre Jean Charest.
Au cours du débat sur la motion à l'Assemblée nationale, M. Charest a dit comprendre l'inquiétude de la population mais a de nouveau refusé d'instituer une commission d'enquête sur l'industrie de la construction et le financement politique.
«Nous sommes convaincus qu'il faut permettre aux policiers, aux enquêteurs et aux procureurs de faire leur travail correctement et avec sérénité», a affirmé le premier ministre, réitérant sa confiance à l'égard des enquêtes policières et administratives en cours.
«Selon le résultat des enquêtes, nous devrons envisager des mesures permanentes. La réponse ne doit pas se limiter à une mesure temporaire, il ne s'agit pas uniquement de faire un grand coup», a poursuivi M. Charest, pour qui une commission d'enquête ne servirait qu'à accoucher d'un autre rapport.
Le premier ministre s'est par la suite interrogé sur les motivations réelles qui animent la chef péquiste Pauline Marois dans sa volonté de faire tomber le gouvernement et entraîner le Québec dans une élection «entre Noël et le Jour de l'an».
Selon lui, Mme Marois n'est nullement préoccupée par l'intérêt public mais tente par tous les moyens de précipiter le Québec dans un nouveau débat référendaire.
«La chef du PQ veut plonger le Québec dans une crise référendaire le plus rapidement possible. Pendant que nous, nous posons les gestes nécessaires pour contrer la corruption et la collusion, la chef de l'opposition passera à l'histoire comme étant la première chef de parti à proposer des élections générales alors qu'elle n'a aucun programme, entre Noël et le Jour de l'an», a-t-il lancé.
Plutôt que de rester en porte-à-faux avec la population, le chef du gouvernement devrait «rendre service» aux Québécois en quittant ses fonctions, a pour sa part déclaré la leader souverainiste.
Les citoyens, a-t-elle soulevé, sont «dégoûtés et écoeurés» par les «magouilles et les cachotteries» d'un gouvernement en «bris de légitimité».
Pour obtenir enfin une commission d'enquête sur les allégations de corruption et faire le ménage qui s'impose, le Parti québécois est prêt à défaire le gouvernement, partir en campagne électorale et mériter la confiance des Québécois, a insisté la chef péquiste.
«Le premier ministre aura beau se plaindre et dire que la politique est injuste, mais tant et aussi longtemps que cette commission d'enquête n'aura pas été convoquée, il n'aura que lui à blâmer. Depuis un an, le premier ministre a perdu son pari. Les révélations ont continué de s'accumuler et ont même atteint le réseau des garderies», a-t-elle dit.
De la rallonge salariale secrète de 75 000 $ versée au premier ministre aux allégations de corruption en passant par les nominations partisanes, la députée de Charlevoix a brossé un tableau dévastateur de la gouvernance libérale depuis l'élection de 2008.
Mme Marois a de nouveau promis de retirer sa motion si le premier ministre revient sur sa décision et lance enfin une commission d'enquête.
En même temps, elle a fait appel à la «conscience» des députés libéraux pour les convaincre de défier leur chef.
La motion de défiance enjoint l'Assemblée nationale à retirer sa confiance «au gouvernement libéral et à son premier ministre pour son refus obstiné de déclencher une enquête publique et indépendante sur l'industrie de la construction, sur l'octroi de contrats publics, de permis ou de subventions ainsi que sur le financement des partis politiques».
Si elle devait être adoptée, la motion forcerait le premier ministre à déclencher de nouvelles élections. Il s'agit toutefois d'une hypothèse toute théorique puisque les libéraux, majoritaires en Chambre, devraient battre la motion au vote en fin d'après-midi.
Deltell et Khadir unis contre Charest
Pour avoir «terni l'honneur du Québec», le gouvernement libéral ne mérite plus la confiance de la Chambre, a soutenu le chef de l'Action démocratique du Québec, Gérard Deltell.
À quelques heures du vote sur la motion de défiance présentée par le Parti québécois, le chef de l'ADQ a accusé Jean Charest de diriger le Québec comme «le chef partisan» du Parti libéral plutôt qu'à titre de premier ministre de la nation québécoise.
M. Deltell a exhorté les jeunes députés libéraux et aussi les «vieux rouges» révoltés par les façons de faire du chef du PLQ de voter en faveur de la motion de défiance contre le gouvernement.
De son côté, le co-chef de Québec solidaire, Amir Khadir, a cité la lettre d'un adolescent de 14 ans comparant le gouvernement de M. Charest à celui, discrédité et corrompu, d'Alexandre Taschereau dans les années 1930.
Comme M. Deltell et la chef péquiste Pauline Marois, M. Khadir a dit souhaiter que des députés libéraux retournent leur veste et défient leur chef lors du vote sur la motion.
Le leader de la formation gauchiste pense que la crise actuelle est largement attribuable à la trop grande proximité entre le pouvoir public et «les élites économiques».
Trafic d'influence, financement illégal, menaces et corruption des moeurs, l'État québécois subit durement les conséquences de son abandon au secteur privé, a-t-il avancé.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé