La légende des baisses d’impôts sur le revenu dans le monde

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Le retour des charlatans





Afin de justifier les baisses d’impôts sur le revenu qui profitent principalement aux riches, comme tout le monde le sait bien ou devrait le savoir, le patronat et sa charmante cavalerie nous en sortent des vertes et des pas mûres, comme dire que l’impôt décourage l’emploi, tue l’épargne, favorise le marché au noir et pourquoi pas la collusion, la corruption et même la guerre un coup parti. Tant qu’à beurrer épais...


 



D’autres mignonnes menteries

Puis, ils affirment joyeusement que les pays occidentaux et les autres rejettent de plus en plus la formule de l’impôt sur le revenu pour la remplacer par les taxes à la consommation et la tarification de services publics. En plein ce que souhaitent le bienveillant patronat et les aimables bourgeois comme politiques fiscales : «Le principe de l’utilisateur-payeur privilégié par le patronat» (Le Devoir, 20 octobre 2014 et aussi : «Le Conseil du patronat préfère une taxe à la consommation à l’impôt sur le revenu» (Le Devoir, 6 juillet 1994). À cet effet, les libéraux sont sur la même longueur d’onde en termes de pratiques fiscales et plein d’autres très bonnes choses.


Les préjugés contredits par la réalité


Encore une fois, leurs petites entourloupettes sont faciles à démontrer. Pour voir s’il est vrai que les pays occidentaux utilisent de moins en moins l’impôt sur le revenu des particuliers comme politique fiscale, j’ai consulté les données fiscales annuelles compilées par le cabinet international d’experts-comptables KPMG, qui est loin d’être à gauche, intitulées : «Individual income tax rates table». Afin d’observer les tendances, j’ai retenu les années 2006 et 2014.


Comme vous allez le consulter de visu, mes doutes sur le bien-fondé de leurs avancées furent confirmés par une analyse factuelle de la réalité. Encore et toujours mentir au monde pour parvenir à leurs fins, que l’on pourrait qualifier d’égoïstes, de l’enrichissement. Remarquez que ces données de KPMG ne retiennent que les impôts sur le revenu promulgués par les provinces et aussi par les comtés, les communes et les municipalités comme institués aux États-Unis et dans d’autres pays. Au Canada, les impôts sur le revenu des particuliers et des compagnies ne sont levés que par les gouvernements fédéral et provinciaux.


 


Comparaison entre pays industrialisés














































































































Pays

2006

2014

Variation en 8 ans

(Impôt fédéral des particuliers)

Canada

29%

29%

-

États-Unis

35%

40%

+5%

Grande-Bretagne

40%

45%

+5%

Belgique

50%

50%

-

Autriche

50%

50%

-

Australie

47%

45%

-2%

Finlande

51%

51%

-

Irlande

42%

48%

+6%

Danemark

59%

56%

-3%

Espagne

45%

52%

+7%

Suède

57%

57%

-

Norvège

48%

47%

-1%

Allemagne

42%

45%

+3%

Luxembourg

39%

44%

+5%

Japon

50%

51%

+1%

Pays-Bas

52%

52%

-


 


Vous le voyez bien mes amis, il est absolument faux, et c’est tellement gros comme inexactitude, de prétendre que les pays occidentaux utilisent de moins en moins l’impôt sur le revenu des particuliers pour aller chercher des recettes fiscales. Au contraire, depuis 2006 les pays développés utilisent davantage cette formule de taxation qui est, surtout en présence de plusieurs paliers d’imposition, la formule la plus progressive et la plus équitable contrairement aux mesures fiscales régressives des taxes de vente et de la tarification des services publics. Voilà pourquoi l’élite économique n’aime pas l’impôt sur le revenu et envoie son commando ne pas vous donner l’heure juste; leurs adorables préjugés ne résistent pas à l’analyse des faits. La fin justifie seulement les moyens.


Et que proposent les organismes internationaux ?


Selon le lieu commun propagé par nos experts bien de chez nous (qui ne le sont d’ailleurs seulement qu’ici), la pratique fiscale de l’impôt sur le revenu est en baisse «in the whole world». Vous m’en direz tant! Tout de même bizarre, mais des organismes internationaux, qui comptent des centaines d’économistes et de fiscalistes compétents, des politiciens et même des patrons et des riches d’autres pays recommandent aux États d’augmenter, et non de les restreindre, les impôts sur le revenu, des nantis et des compagnies plutôt que de suggérer la hausse de la taxe de vente et la tarification de services publics comme le font nos spécialistes, nos politiciens et nos boss exaltés d’ici. Faudrait m’expliquer. Mes amis, juste par le titre de certains articles récents de journaux, vous allez saisir les tenants et aboutissants de leur cabale :


-                «Taxez [impôts sur le revenu] les riches, dit le FMI» (Le Devoir, 10 octobre 2013);


-                «L’ONU veut taxer [par l’impôt] les super-riches» (La Presse, 6 juillet 2012);


-                «OCDE : les Américains les mieux nantis devraient payer plus d’impôt» (Le Devoir, 27 juin 2012);


-                «Impôts des riches Américains : des républicains pour la hausse» (La Presse, 10 décembre 2012);


-                «Les riches doivent payer un peu plus d’impôts, dit Obama» (La Presse, 10 novembre 2012);


-                «Les patrons de grandes entreprises américaines demandent une hausse d’impôts» (Radio-Canada, 25 octobre 2012);


-                «France. Des riches veulent payer plus d’impôts» (La Presse, 18 août 2011);


-                «Selon le milliardaire Warren Buffet. Les riches Américains devraient payer plus d’impôts» (Le Devoir, 6 octobre 2010).


 


Enfin, que dites-vous de la recommandation de l’Organisme international du travail (OIT) qui vient aussi de suggérer la mise en place d’un impôt progressif pour améliorer le sort des travailleurs du monde développé : «Plus productifs, mais moins payés» (La Presse, 15 décembre 2014). 




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