La haine en ligne

D7b74a2ef718e27acc7f1b0bc0249e61

« La haine se trouve aussi à gauche, et plus encore à l’extrême gauche »


On parle de plus en plus de la haine en ligne. Avec raison. Nul besoin d’être un esprit particulièrement perspicace pour constater la violence verbale qui se déploie sur les médias sociaux.


Les codes élémentaires de la civilité ne sont pas parvenus à s’y imposer.


Les médias sociaux représentent un espace où la part la plus mesquine de l’homme se déploie sans obstacle.


Violence


L’anonymat n’explique pas tout. Souvent, on voit des individus à visage découvert vomir très librement leur haine de ceux qu’ils croient être leurs ennemis. On ne saurait banaliser cette brutalité virtuelle en disant qu’elle est contenue sur les médias sociaux.


Aujourd’hui, une part importante de la vie réelle se déroule dans l’univers virtuel.


Toutefois, la lutte contre la haine en ligne est souvent étrangement orientée. On l’a vu en France récemment avec le débat entourant la loi Avia, qui prétend la traduire sur le plan législatif.


Généralement, on assimile la haine à ce qu’on pourrait appeler la haine des minorités, qui caractériserait « l’extrême droite ». On la définit à travers des concepts comme le racisme, le sexisme, l’homophobie, la transphobie, la haine des musulmans.








Écoutez Les idées mènent le monde, une série balado qui cherche a éclairer, à travers le travail des intellectuels, les grands enjeux de sociétés.





Il ne viendrait à personne l’idée de contester l’existence de tels phénomènes, même si on peut remettre en question la manière de les nommer et évaluer différemment leur importance dans la population globale.


Cela dit, il y a derrière cette vision un préjugé tenace : la haine serait le monopole du grand méchant homme blanc, qui joue dans la comédie sociale de notre temps le rôle de salaud universel. La haine serait le monopole du majoritaire. Elle serait étrangère au minoritaire. Elle serait incompatible avec la gauche.


Il faut pourtant élargir notre regard. L’extrême droite n’a pas le monopole de la haine. Plus encore, on constatera que trop souvent, ceux qui prétendent se battre pour la tolérance et l’inclusion sont parmi les plus violents internautes. Ils sont à ce point convaincus d’avoir le monopole de l’ouverture à l’autre qu’ils se permettent d’agonir d’injures leurs contradicteurs.


Dans leur esprit, le monde est simplement divisé. D’un côté, les antiracistes, de l’autre, les racistes. D’un côté, les féministes, de l’autre, les sexistes. Plus largement : d’un côté, les progressistes, de l’autre, les réactionnaires. Pour ces gens, l’extrême droite commence au centre gauche.


La vertu loge à une seule adresse. Ceux qui n’y communient pas méritent d’être désignés à la vindicte publique.


Extrême gauche


Les intellectuels et chroniqueurs « pas de gauche » ou les nationalistes sont bien placés pour le savoir. Je ne crois pas me tromper en disant que certains sont la cible d’une campagne de diffamation permanente. On les présente comme des êtres mauvais, odieux, malveillants, incultes. Alors on se permet de les insulter à temps plein et de les lyncher médiatiquement sur une base régulière. Tous les coups sont permis pour les tuer socialement. S’ils s’en désolent, on les accusera de se victimiser.


Résumons : personne n’a le monopole du mal. La haine se trouve aussi à gauche, et plus encore à l’extrême gauche. Il me semblait important de le rappeler.