La girouette et le canard boiteux

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« Un seul et même régime libéral. »

Cette semaine, c’était au tour de Philippe Couillard de lancer les hostilités préélectorales. Le PLQ traînant de la patte derrière la CAQ, M. Couillard s’est amusé à traiter François Legault de « girouette ». Question de tenter de « définir » le chef caquiste comme un politicien instable aux idées changeantes comme le vent.


La politique « autrement », vous avez dit ? Meilleure chance la prochaine fois. À part de faire « cour d’école », le quolibet « girouette » est surtout tiré du vieux lexique de Jean Charest. Alors qu’il était premier ministre, il avait baptisé le chef de l’ADQ, Mario Dumont, du même mot peu flatteur.


En lançant des noms d’oiseau à son principal adversaire, le premier ministre Couillard montre en fait qu’il se cherche encore lui-même sa propre identité politique. Et pour cause. Ex-ministre de la Santé sous M. Charest, il n’a jamais vraiment réussi à se démarquer de son prédécesseur déchu.


Un progressiste ?


Le procès actuel en arrêt de procédures des ex-ministres libéraux Nathalie Normandeau et Marc-Yvan Côté ne l’aide pas non plus à faire oublier l’époque Charest. Idem pour l’image gênante des longues étreintes de messieurs Charest et Couillard au 150e anniversaire du PLQ. Laquelle n’a fait qu’ajouter à l’impression d’un seul et interminable régime libéral.


C’est même à se demander avec quelle identité politique distincte Philippe Couillard entend faire campagne. Grippe-sous de l’austérité pendant trois ans, il se dit maintenant un « progressiste » apôtre de « justice sociale ».


Pour celui qui a engrangé des milliards en surplus sur le dos des plus vulnérables, sa métamorphose soudaine de Séraphin en père Noël a toute la crédibilité d’un ours déguisé en chihuahua. Elle est d’autant moins crédible qu’une partie de ces mêmes surplus lui sert de cagnotte électorale pour distribuer des baisses d’impôts et autres bonbons ciblés.


Effets réels


Pour concurrencer la CAQ, M. Couillard promet que son gouvernement sera celui de la « famille ». Les effets nocifs de son austérité combinés à l’usure des libéraux au pouvoir depuis 15 ans sont pourtant bien réels. L’échec des réformes Barrette l’est tout autant. Parlez-en aux mêmes « familles » qui en ont subi les contrecoups.


D’entendre hier le très contrôlant ministre de la Santé jouer au Ponce Pilate devant des infirmières à bout de souffle est le clou de ce très mauvais film. Les accusant aussi de verser dans la « négativité », il ajoute l’insulte à l’injure.


En traitant François Legault de « girouette », Philippe Couillard s’est trouvé bien drôle. Il oublie toutefois deux éléments majeurs de l’équation. De un, son propre bilan d’austérité et l’usure de 15 années de pouvoir libéral sont en voie de faire de lui un « canard boiteux » en fin de régime.


De deux, il a lui-même puisé ses puissants ministres de l’Éducation, de la Santé et de l’Économie dans les rangs de la CAQ et de l’ADQ. Comme quoi, la « girouette » et le « canard boiteux » mangent souvent au même râtelier sur le plan des idées.


Pour paraphraser une fable bien connue de La Fontaine : ce constat vaut bien une élection sans doute...