Les récits pathétiques des mères d’enfants ayant vécu de nombreux changements de professeurs au cours de l’année scolaire racontés dans Le Devoir du 30 août sous le titre L’absence de stabilité nuit à l’apprentissage des écoliers reflète à mes yeux un corollaire dramatique des coupures drastiques effectuées par le gouvernement Couillard.
En effet, si on remonte la chaine qui a conduit à une telle quantité d’enseignants pour un même groupe d’élèves, on arrivera rapidement au constat que l’épuisement professionnel apparaît comme la première cause des départs en congés de maladie des enseignants réguliers.
Un épuisement professionnel lié directement à la surcharge des enseignants confrontés à des élèves en difficultés d’apprentissage qui ont subi les conséquences des coupures dans les infrastructures, notamment chez les psychopédagogues et les travailleurs sociaux, créant ainsi un climat insoutenable dans la classe.
Pour Marc-Simon Drouin, directeur du Département de psychologie de l’UQAM, le professeur est « une figure d’identification » dont l’enfant apprend à répondre aux attentes. Toujours selon M. Drouin, si l’enseignant change constamment, cela génère un stress supplémentaire, en particulier pour les enfants avec des difficultés d’apprentissage.
En bref, pour mettre fin à cette « chaise musicale » causant des stress de toutes sortes aux écoliers, le ministre de l’Éducation se doit de rétablir un climat d’apprentissage sain en redonnant aux élèves en difficultés d’apprentissage les infrastructures nécessaires leur permettant de réintégrer la classe sans fracas, créant de la sorte la stabilité requise, voire essentielle, au sein du corps professoral.
La "performance" des enseignants
Ce n’est pas la première fois que l’idée refait surface et, à chaque occasion, je ne peux que sourciller devant le non-sens d’une telle proposition. Cette fois-ci, c’est au tour de l’Institut économique de Montréal de proposer l’instauration d’« indicateurs de performance » pour évaluer les enseignants.
« Des salaires plus élevés versés aux professeurs qui ont un impact positif important sur la performance de leurs élèves attireront vers l'enseignement des candidats dynamiques et créeront de l'émulation. Des salaires plus faibles pour ceux qui réussissent moins bien pourront les inciter à aller faire autre chose », écrivent Germain Belzile, chercheur associé senior, et Alexandre Moreau, analyste en politiques publiques, dans leur note économique. Foutaise!
À mon sens, il faut être complètement déconnecté du contexte particulier de l’acte pédagogique eu égard aux différents groupes d’élèves dont les enseignants sont responsables. En effet, comment peut-on comparer la « performance » d’un enseignant évoluant dans un milieu défavorisé où se retrouvent plusieurs élèves en difficultés d’apprentissage avec un autre responsable d’un groupe d’élèves doués et ne présentant aucun problème sérieux de comportement?
En termes clairs, il m’apparaît inadmissible, voire inapproprié, d’évaluer la « compétence » d’un enseignant sur la seule performance académique de ses élèves. À titre d’exemple, l’élève éprouvant des difficultés d’apprentissage et qui réussit à remonter ses notes de 40 % à 60 % au cours de son année scolaire le doit en grande partie aux initiatives pédagogiques de son enseignant qui a réussi un tel exploit…Un « indicateur de performance » qui passerait sous le radar si la proposition des « experts » devenait réalité!
Henri Marineau
Québec
Priorité à l'éducation...vraiment?
La chaise musicale
La "performance" des enseignants
Tribune libre
Henri Marineau2093 articles
Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplô...
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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com
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1 commentaire
Henri Marineau Répondre
3 septembre 2017En relisant mon billet, il m'est venu une image de la "performance" telle qu'attribuée aux voitures de course automobile...curieux comme les êtres humains sont parfois comparés à ces bolides!