La centralisation de la paie des fonctionnaires connaît des ratés

3100a0594fd0b8d55b526ad2d7b56473

Un autre gros machin fédéral innéficace

Le regroupement des services de paye de 46 ministères fédéraux ne se fait pas sans heurts. La Presse a appris que des problèmes dans la formation des employés du Centre des services de paye de la fonction publique de Miramichi, au Nouveau-Brunswick, ont entraîné des erreurs sur les payes de nombreux fonctionnaires partout au pays, dont au moins une vingtaine au Québec.
Non versement du salaire pendant des semaines, erreur dans les sommes versées, indemnité de maternité ou de maladie non payée pendant des mois, banque de congés non ajustée... La modernisation du système de paye des fonctionnaires fédéraux est une source de stress et de frustration.
Ces ratés touchent des employés de partout au pays, mais selon nos informations, ceux de Santé Canada ont été particulièrement touchés.
L'Institut professionnel de la fonction publique du Canada (IPFPC) compte au moins 25 membres au Québec qui ont vécu cette situation. Des membres du Syndicat national de la santé font aussi partie du lot, mais l'association n'a pas souhaité révéler leur nombre exact.
Après quelques plaintes des syndicats, dont La Presse a obtenu les copies grâce à la Loi sur l'accès à l'information, des améliorations ont été notées en décembre dernier. Mais l'IPFPC n'est pas rassuré. «Ça nous inquiète très sérieusement pour la suite puisque le transfert des ministères n'est pas terminé», affirme Valérie Charette, agente des relations du travail de l'Institut.
Travaux publics et services gouvernementaux Canada demeure vague quant aux causes de ces erreurs, mais la porte-parole Annie Trépanier a indiqué à La Presse que les processus ont été simplifiés et que la surveillance de l'efficacité dans le traitement des dossiers se poursuit.
Selon les documents obtenus, toutefois, on apprend que ces ratés s'expliquent notamment par le manque d'expérience des nouveaux employés.
«Quand on appelle pour un problème, il peut y avoir jusqu'à quatre intervenants aux dossiers et chacun ignore ce que l'autre fait. C'est difficile d'obtenir des réponses, explique Mme Charrette. Le suivi des dossiers est très difficile à faire.»
Le regroupement des différents services de paye des employés de l'État a été mis en chantier en 2010 et doit être achevé d'ici la fin de l'année. Cette modernisation a entraîné la perte de près de 1000 emplois et coûtera près de 300 millions.
Stress élevé et moral au plus bas
Selon l'Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC), qui représente les quelque 550 employés du centre de paye de Miramichi, d'autres problèmes sont à prévoir cette année.
Tandis que le gouvernement annonçait jeudi un contrat pour la construction du nouveau Centre (les services occupent depuis 2013 deux centres temporaires), les employés vivent des moments difficiles, selon l'AFPC. «Le niveau de stress est élevé et le moral est au plus bas», indique Chris Aylward, vice-président exécutif national du syndicat.
Selon lui, les employés reçoivent une formation de trois ou quatre semaines avec très peu de travaux pratiques et font leur apprentissage «sur le tas». «Ottawa a des attentes, mais il est déconnecté de ce qui se passe sur le terrain... Alors il y a des erreurs, et chaque fois, ça stresse tout le monde», explique M. Aylward.
«La formation intensive sur les heures de travail [condensed on-the-job training] a entraîné un taux d'erreurs plus important qu'anticipé», a reconnu Michelle d'Auray, alors sous-ministre des Travaux publics, en octobre dernier, dans une lettre obtenue par La Presse.
Or, selon M. Aylward, rien n'a été fait pour améliorer la formation. «Nous avons parlé au Ministère, mais rien ne bouge. Si la formation ne change pas, la situation va empirer.»
Ottawa compte économiser 78 millions par année, à partir de 2016-2017, avec le regroupement des services de paye.
Le gouvernement a choisi d'établir le nouveau centre à Miramichi pour compenser les pertes d'emplois à la suite de l'abolition du registre des armes d'épaule en 2012, dont la gestion était assurée par le centre national d'enregistrement des armes à feu situé dans cette ville.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé