La censure au nom de la tolérance

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Il n'y a pas de liberté sans le courage de la défendre : que fait l'État français devant les menaces de l'extrême gauche ?


Lorsque les militants d’extrême gauche décident qu’un intellectuel doit être chassé de la place publique, ils sont capables d’un acharnement tout à fait particulier. On vient de le voir en France de triste manière.


Finkielkraut


Le philosophe Alain Finkielkraut était invité à Science Po, une prestigieuse école qui joue un grand rôle dans la formation des élites françaises. Il devait prononcer une conférence devant un groupe d’étudiants « souverainistes », ce qui, dans un contexte français, veut dire sceptiques devant la construction européenne.


Mais c’était sans compter la présence sur le campus d’un groupuscule de militants fanatisés qui a décrété le philosophe persona non grata et qui a annoncé son intention de perturber l’événement.


Finkielkraut a beau être un philosophe d’exception, ses contempteurs, qui ne l’ont manifestement pas lu, le présentent comme un polémiste raciste d’extrême droite qui aurait déjà exagérément accès à la parole publique et dont il serait légitime de bloquer la venue.


En gros, ces militants se croient en droit de décider qui pourra avoir accès à la parole publique et qui en sera privé, et cela, à partir de préjugés qu’ils prennent pour des idées lumineuses.


Ils occupent une grande école à la manière d’un lieu qui leur appartient, puis promettent de prendre les moyens nécessaires pour en expulser ceux qui y exprimeraient une philosophie étrangère à la leur. C’est au nom de la tolérance et de la diversité qu’ils veulent censurer une perspective sur la société qui ne recoupe pas leur idéologie.


C’est par amour de l’humanité qu’ils veulent faire taire ceux qui ne pensent pas comme eux.


Cette logique, au vingtième siècle, a conduit au totalitarisme.


On l’aura compris, les militants d’extrême gauche ne tiennent pas en haute estime la liberté d’expression. Dans leur esprit, elle permet simplement à ceux qu’ils appellent les dominants de tenir des propos qui heurteraient les dominés. La liberté d’expression serait un leurre contribuant à normaliser des propos qu’ils jugent inacceptables.


Ils prétendent ainsi tracer le périmètre dans lequel doit se tenir la conversation publique.


Doit-on vraiment s’habituer à cela ?


Faut-il concéder à l’extrême gauche la plus intolérante le droit de décider qui pourra avoir accès à telle université, telle librairie ou tel colloque ? Faut-il céder devant l’intimidation de petits fanatiques qui sont persuadés d’avoir le monopole du vrai, du bien et du juste ? Est-il normal de devoir envisager l’embauche de gardiens de sécurité pour permettre la tenue d’un événement qui déplaît à cette nouvelle catégorie de censeurs ?


Intimidation


Les journalistes qui ne cessent d’enquêter sur l’extrême droite devraient porter attention à l’extrême gauche, qui peut se montrer tout aussi dangereuse, sinon davantage, puisqu’elle bénéficie souvent de la complaisance des milieux médiatiques et académiques.


Comme le disait Finkielkraut à propos de ses censeurs, ce sont eux, aujourd’hui, qui font taire, qui interdisent les livres, qui usent de la violence pour en finir avec les idées qu’ils n’aiment pas. Ce sont eux, aujourd’hui, les vrais fascistes.