Laïcité

La CAQ s’estime moins « radicale » que le PQ

François Legault est aussi en faveur de l’interdiction du port de signes religieux

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Legault se retrouve coincé entre ses maîtres et son électorat


La Coalition avenir Québec (CAQ) s’invite au débat sur la laïcité en adoptant une position proche de celle du gouvernement péquiste, sur la nécessité d’interdire à certains employés de l’État de porter des signes religieux.

Le gouvernement minoritaire de Pauline Marois pourrait donc y voir une main tendue facilitant l’adoption éventuelle du projet de loi qui sera déposé à l’automne en vue de proclamer la neutralité religieuse de l’État et mieux encadrer les demandes d’accommodements religieux.

Car la CAQ de François Legault préconise elle aussi d’interdire à tout employé de l’État en position d’autorité d’afficher un quelconque signe religieux. Le bannissement viserait notamment les policiers, agents de la paix, juges, procureurs de la Couronne, gardiens de prison, de même que les directeurs d’écoles et les enseignants du secteur public au primaire et au secondaire.

« De ces fonctions doit émaner une image d’objectivité intégrale et inattaquable », indique le parti dans le document d’une dizaine de pages qui résume sa pensée sur le sujet et rendu public lundi en conférence de presse. « Les employés de l’État en position d’autorité ne doivent pas pouvoir afficher de signes religieux », pas même la moindre petite croix ornant une chaîne placée autour du cou, a tranché son chef, François Legault.

Moins loin que le PQ

La CAQ ne va cependant pas aussi loin que le Parti québécois, enclin à bannir les signes religieux portés par tous les employés de l’État sans exception et sans distinction hiérarchique, en visant autant le fonctionnaire que le juge, l’infirmière autant que le policier.

Mais sur le fond, l’approche de la CAQ rejoint dans ses grandes lignes la position défendue par le gouvernement Marois sur la laïcité, en préconisant la proclamation officielle de la neutralité religieuse de l’État, tout en ayant à coeur de respecter le patrimoine religieux du Québec, « héritage catholique d’une majorité de Québécois », par exemple en maintenant en place le crucifix trônant derrière le fauteuil du président de l’Assemblée nationale. Pâques et Noël seraient aussi des fêtes intouchables, dans un gouvernement caquiste. « Il n’est pas question de renier ce que nous sommes », a dit M. Legault, tout en qualifiant sa position de moins « radicale » que celle du gouvernement.

Comme le gouvernement, la CAQ veut faire un absolu de la primauté de l’égalité entre hommes et femmes sur la liberté religieuse. Aussi, s’il était porté au pouvoir, M. Legault dit qu’il n’hésiterait pas à recourir à la clause dérogatoire de la Constitution, si nécessaire, pour imposer ce principe d’égalité, sans égard à la charte canadienne des droits, qui hisse la liberté religieuse au rang des droits fondamentaux.

Clause dérogatoire

En point de presse à Lac-Mégantic, la première ministre Pauline Marois a toutefois dit avoir bon espoir de pouvoir imposer la laïcité de l’État québécois et la primauté de l’égalité des sexes, sans pour autant devoir invoquer la nécessité de déroger à la Constitution canadienne. « Il est fort possible qu’on puisse y arriver sans avoir à se prévaloir de [la clause dérogatoire] », car, a-t-elle ajouté, le but du gouvernement est aussi de réaffirmer la liberté religieuse dont jouissent tous les citoyens du Québec.

« Il n’est pas question d’empêcher qui que ce soit d’avoir des convictions [religieuses] et de pratiquer [sa religion] », a-t-elle commenté, à propos de la position de la CAQ décrétant la primauté de l’égalité hommes-femmes sur la liberté religieuse.

Sur la position de la CAQ dans l’ensemble, Mme Marois a dit surtout apprécier le fait que M. Legault se montre « prêt à débattre » de son projet.

Le NPD met Québec en garde

Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Thomas Mulcair, a la ferme intention de s’opposer à la Charte des valeurs québécoises si elle ne respecte pas les recommandations de la commission Bouchard-Taylor. M. Mulcair a adressé cette mise en garde à la première ministre du Québec lundi à Ottawa.

Prudent, le chef néo-démocrate a toutefois souligné qu’il voulait voir le texte officiel de la Charte avant de le commenter. Mais il dit d’ores et déjà que la commission Bouchard-Taylor a formulé une série de recommandations « équilibrées » et qu’elles doivent être suivies. « Si Mme Marois propose quoi que ce soit qui va à l’encontre de ces recommandations, alors pour nous, c’est un faux départ, et nous allons vigoureusement nous y opposer », a-t-il dit.

M. Mulcair dit ne pas vouloir que certains groupes servent de boucs émissaires, surtout pas les femmes musulmanes. « Elles semblent être l’une des cibles spécifiques ici », visées par la Charte des valeurs québécoises, a ajouté le chef dont le parti représente la majorité des circonscriptions du Québec, soit 57 sur 75.


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