Le gouvernement de la région francophone du Canada adoptait le 18 octobre une loi interdisant le voile islamique et plus globalement, les visages couverts dans tout espace public. Rachel Marsden revenait sur le sujet avec Mathieu Arès, chercheur au Centre d’études sur l’intégration et la mondialisation de l’Université de Québec.
Discrimination envers les musulmans ou mesure de neutralité religieuse? Une nouvelle loi québécoise, qui obligera dès l'été 2018 à découvrir son visage dans les services publics, suscite la polémique. Les femmes musulmanes s'estimant visées protestent, mais la loi est soutenue par 87% des Québécois. Alors que le gouvernement fédéral de Justin Trudeau affiche régulièrement son ouverture et son «progressisme», pour quelles raisons le Québec met-il en place une telle loi?
Mathieu Arès, chercheur au Centre d'études sur l'intégration et la mondialisation de l'Université de Québec, explique que l'adoption de cette loi est engendrée par une «crainte identitaire des francophones». Le chercheur développe son propos: «dans les années 60, ce qu'on a appelé la révolution tranquille a été une laïcisation, on est passé d'une société très, très, catholique à un rôle plus secondaire de l'Église, mais encore, il y en a beaucoup qui disent que ça fait partie du patrimoine identitaire des Canadiens français et on veut préserver ça. Et en même temps, on ne veut pas que la religion revienne à travers l'immigration, occuper une place dans l'État.»
Une loi qui porte toutefois à confusion, et qui ne cible expressément pas le voile islamique, mais chaque élément qui puisse cacher le visage, ajoute Mathieu Arès: «c'est le parti libéral qui s'est empêtré lui-même. Lui il ne voulait pas nommer l'éléphant dans la pièce, qui est effectivement la question du voile, du voile islamique, donc il a dit c'est tous les visages voilés par exemple […] les lunettes fumées». Cette loi qui tente de ménager toutes les sensibilités déplaît fortement à Ottawa. Mathieu Arès déplore ainsi le fait que les Québécois y soient désormais vus comme «des racistes.»
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