Les réactions ont été nombreuses après le rejet de l'accord sur le Brexit à 17 jours de la date de sortie du pays de l'UE. La France a regretté ce vote et conditionné une possible extension de la période de négociation à une stratégie «crédible».
«La solution à l'impasse ne peut être trouvée qu'à Londres», a réagi le 12 mars l'Elysée après le rejet par le Parlement britannique de l'accord de Brexit, à 17 jours de la date prévue de la sortie de l'Union européenne.
«La France regrette le vote de ce soir», a déclaré la présidence française, précisant que Paris ne pourrait «en aucun cas accepter une extension [du délai avant la date du Brexit] sans une stratégie alternative, crédible, de la part du Royaume-Uni».
«Après que l’Union européenne a fourni des assurances additionnelles au Royaume-Uni, en décembre, janvier et mars, nous sommes arrivés au bout de la négociation sur les conditions du retrait», regrette l'Elysée, ajoutant : «Comme l'UE l'affirme de façon constante et répétée, l'accord de retrait n’est pas renégociable. Ceci vaut notamment pour le backstop, qui vise à garantir l’absence de frontière physique en Irlande tout en préservant l’intégrité du marché unique.»
Paris indique «poursuivre» avec ses partenaires de l’UE sa «préparation à une sortie du Royaume-Uni sans accord afin d’être prêt le 29 mars». Toutefois, si le Royaume-Uni demandait une extension de la période de négociation, elle serait examinée et une décision serait prise «à l’unanimité».
«Nos préparatifs en vue d’un "no deal" sont désormais plus importants que jamais»
Pour Michel Barnier, négociateur en chef sur le Brexit pour les Européens, «l’Union européenne a fait tout ce qu’elle pouvait pour aider à faire adopter l’Accord de retrait». Selon lui également, l’impasse ne peut désormais être réglée qu’au Royaume-Uni. «Nos préparatifs en vue d’un "no deal" sont désormais plus importants que jamais», a-t-il souligné.
Même son de cloche pour Donald Tusk, porte-parole du président du Conseil européen qui regrette l'issue du vote. A 17 jours du 29 mars, «le vote de ce jour a significativement accentué la probabilité d’un Brexit sans accord», a-t-il déclaré.
Heiko Maas, le ministre allemand des Affaires étrangères a tenu sensiblement le même discours : «La Grande-Bretagne se rapproche d’une sortie de l’Union européenne sans accord», a-t-il déclaré, tout en ajoutant : «Nous espérons évidemment pouvoir empêcher dans les 17 jours qui viennent une sortie désordonnée.»
Simon Coveney, le ministre irlandais des Affaires étrangères, a qualifié le vote de «lourde défaite». «Nous devons à présent être patients et calmes pour permettre que le processus se poursuive à Westminster», a-t-il ajouté.
Comme ses autres partenaires européens, Mark Rutte, le Premier ministre néerlandais a expliqué qu'un éventuel report de la date du Brexit devra avoir une «justification crédible et convaincante».
«Je continue de croire que la meilleure issue est que le Royaume-Uni quitte l’UE de manière ordonnée avec un accord»
Theresa May a pour sa part déclaré regretter «profondément» la décision prise par la Chambre : «Je continue de croire que la meilleure issue, et de loin, est que le Royaume-Uni quitte l’UE de manière ordonnée avec un accord, et que l’accord que nous avons négocié est le meilleur et dans les faits le seul accord disponible», a-t-elle affirmé. Selon le Premier ministre britannique, voter contre une sortie sans accord et pour une extension «ne réglera pas les problèmes auxquels nous sommes confrontés» car l’UE voudra savoir quel usage sera fait d'une telle prolongation.
Pour Jeremy Corbyn, le chef du parti travailliste, «le gouvernement a de nouveau été battu à une énorme majorité et il doit accepter que son accord est clairement mort et qu’il n’a pas le soutien de cette assemblée». Appelant de ses vœux à la tenue d'une élection générale, Jeremy Corbyn a estimé que Theresa May avait «joué la montre, et [que] la montre l’a[vait] battue».
Le 12 mars, les députés britanniques ont rejeté à nouveau massivement l'accord de Brexit, par 391 voix contre et 242 pour, pas convaincus par les «changements» de dernière minute obtenus de l'UE le 11 mars au soir par le Premier ministre Theresa May.