L’Iran garde le cap et exclut des négociations avec les États-Unis

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Téhéran fait monter les enchères


Le président iranien, Hassan Rohani, a exclu mardi des négociations bilatérales avec les États-Unis et averti que son pays réduirait comme prévu ses engagements en matière nucléaire à moins d’une percée dans les discussions avec les Européens d’ici deux jours.


Téhéran et trois pays du Vieux Continent — France, Allemagne et Grande-Bretagne — tentent de sauver un accord conclu en 2015 et censé limiter le programme nucléaire iranien, après le retrait unilatéral des États-Unis de ce pacte en 2018 et le rétablissement de sanctions économiques américaines contre l’Iran.


Les chances d’un aboutissement rapide de ces discussions semblent cependant très faibles, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, affirmant mardi, au lendemain d’une réunion d’experts français et iraniens à Paris, qu’il y avait « encore beaucoup de choses à régler ».



Si d’ici à jeudi, ces négociations [avec les Européens] n’aboutissent à aucun résultat, nous annoncerons la troisième phase de réduction de nos engagements




Dans ces négociations, l’Iran enverrait « clairement un mauvais signal » s’il réduisait de nouveau ses engagements en matière nucléaire cette semaine, a averti une source diplomatique française.


Les tensions n’ont cessé d’augmenter entre Téhéran et le gouvernement du président Donald Trump, qui a adopté une politique très hostile à l’égard de l’Iran, accusé de chercher à se doter de l’arme atomique et de soutien au « terrorisme » malgré ses démentis.


Mais fin août, lors du G7 en France, le président français Emmanuel Macron et son homologue américain avaient évoqué la possibilité d’une rencontre entre Donald Trump et Hassan Rohani.


Format « 5+1 »


« Nous l’avons dit plusieurs fois et nous le répétons : aucune décision [n’a été prise] de tenir des négociations bilatérales avec les États-Unis », a déclaré devant le Parlement M. Rohani.


« Par principe, nous ne voulons pas de négociations bilatérales avec les États-Unis », a-t-il ajouté.


M. Rohani a néanmoins indiqué que des discussions avec Washington pourraient avoir lieu, « comme par le passé » sur les questions nucléaires, dans le cadre du format « 5+1 », si les États-Unis lèvent leurs sanctions.


Le format 5+1 correspond aux cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (Chine, Grande-Bretagne, États-Unis, France et Russie) plus l’Allemagne, soit les six pays qui avaient négocié l’accord sur le nucléaire iranien.


Après le retrait américain de l’accord et le rétablissement des sanctions, qui privent l’Iran des retombées économiques qu’il attendait de ce pacte, Téhéran a commencé à se désengager de certains de ses engagements en vue de forcer les autres parties à l’aider à contourner les sanctions.


L’Iran a augmenté ses stocks d’uranium enrichi au-delà de la limite fixée par l’accord et porté ses activités d’enrichissement à un niveau prohibé par ce texte (plus de 3,67 %).


Ces dernières semaines, M. Macron a tenté de convaincre les États-Unis d’alléger les sanctions qui paralysent les exportations de pétrole iranien.


« Si d’ici à jeudi ces négociations n’aboutissent à aucun résultat, nous annoncerons la troisième phase de réduction de nos engagements », a déclaré M. Rohani.


Il a rappelé que son pays voulait pouvoir vendre son pétrole à l’étranger.


L’Iran tire 80 % de ses ressources en devises de la vente de pétrole ou de produits pétroliers. Le retour des sanctions l’isole presque totalement du système financier international et lui fait perdre la quasi-totalité de ses acheteurs de pétrole.


Programme spatial


Mardi, les États-Unis ont imposé à nouveau des sanctions, cette fois au programme spatial iranien, l’accusant de servir de « couverture » au programme de missiles balistiques de Téhéran.


Cette annonce intervient au moment où l’Iran a confirmé qu’une explosion a eu lieu — comme l’assurait Washington — dans son principal centre spatial de Semnan (nord), mais que la rampe de lancement était vide.


Autre sujet de tensions, un pétrolier iranien, soupçonné de transporter 2,1 millions de barils de pétrole brut en Syrie, pays sous sanctions, a été arraisonné au large de Gibraltar début juillet. Autorisé à repartir mi-août, le tanker a disparu des radars lundi, alors qu’il se trouvait face aux côtes syrienne et libanaise.


Les États-Unis, qui souhaitaient un nouvel arraisonnement, ont dit avoir des « informations fiables » selon lesquelles sa destination est Tartous, en Syrie.


L’Adrian Darya 1 doit se décharger de tout ou partie de sa cargaison, afin d’être en mesure d’emprunter le canal de Suez pour regagner l’Iran, selon des experts. Pour eux, l’hypothèse la plus plausible est un transfert sur un autre navire dans les eaux syriennes. L’Iran a affirmé avoir vendu le pétrole à bord du navire.


Avant cette affaire, les États-Unis avaient imputé à l’Iran des attaques et des actes de sabotage contre des pétroliers en mai et juin dans la région du Golfe, où Téhéran avait par ailleurs détruit un drone militaire américain.




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