Amérique latine

L’instabilité politique actuelle au Honduras

Les oligarques et les dictateurs : toujours en puissance

Tribune libre

L’histoire de l’Amérique latine est très riche en évènements politiques, positifs ou négatifs, et il faut comprendre que la démocratie est très jeune dans cette partie du monde et encore très fragile dans plusieurs pays latins. En effet, la démocratie est présente dans presque tous les pays de l’Amérique latine, mais le souvenir des nombreuses dictatures politiques et militaires et de l’instabilité politique demeure encore frais dans la mémoire collective des peuples en question. Continent riche en ressources naturelles, l’oligarchie a longtemps contrôlé les richesses disponibles et elle demeure encore bien présente dans le rapport de force et de pouvoir décisionnel dans plusieurs pays. C’est dans cette optique que je présenterais la situation actuelle au Honduras où l’oligarchie est très présente et cela résulte en une situation d’instabilité politique, sociale et économique qui touche la grande majorité de ses habitants. Il y aura une présentation du pays le Honduras, de Manuel Zelaya qui était le président de ce pays, de ses politiques progressistes, du coup d’État qu’il a subi en 2009, de la résistance paysanne et de la situation actuelle qui prévaut au Honduras. Il y a aussi un résumé d’un article Bras de fer au Honduras, qui a été écrit en juin 2011 par le journaliste Maurice Lemoine pour le mensuel français Le Monde diplomatique qui analyse la situation conflictuelle de ce pays.
Le Honduras
Le Honduras est un pays de l’Amérique latine qui est situé en Amérique centrale. Cette République parlementaire, qui a obtenu son indépendance de l’Espagne en 1821, peut compter sur près de 8 millions d’habitants et la langue officielle est l’espagnol et la religion officielle est le catholique. Comme la presque totalité des pays d’Amérique, les premiers habitants de ce pays étaient des Autochtones, principalement des Mayas, avant que Christophe Colomb, arrivés en 1502, ne prennent possession du territoire au nom du roi espagnol. La population est donc composée aujourd’hui à 90 % de Métis, 7 % d’Autochtones, 2 % de Noirs et 1 % de Blancs. Selon l’Organisation des Nations Unies, la population hondurienne vit dans la pauvreté dans une proportion de plus de 75 %, situation qui est assez dramatique. Récemment, ce pays a connu de nombreux bouleversements de leur système politique. En effet, la population du Honduras a vécu sous différentes dictatures militaires de 1972 à 1983, pour ensuite retrouver la vie démocratique de 1983 à 2009. Le 28 juin 2009, le président progressiste Manuel Zelaya est victime d’un coup d’État et il est arrêté, puis expulsé de son pays par l’armée hondurienne qui est complice de l’oligarchie dans cette tentative politique. Un gouvernement provisoire est mis en place, puis des élections, jugées invalides et boycottées par le gouvernement sortant, sont organisées à la fin de 2009 qui confirment l’élection d’un nouveau président Porfirio Lobo Sosa. Le Honduras a donc une expérience de vie démocratique, mais ce contexte est encore très fragile après 10 ans de dictature militaire dans les années 1970 et après un coup d’État en 2009. La situation actuelle est toujours « explosive ».
Manuel Zelaya
José Manuel Zelaya Rosales est née en 1952 et il est un homme d’État hondurien. Fils d’un riche propriétaire terrien, il étudia en ingénierie civile pour devenir président d’un syndicat patronal en 1987. Politicien professionnel, il débute comme député en 1987 pour un parti d’opposition de droite, le Parti national. Réélu en 1989 et en 1993, son idéologie politique évolue et il s’approche de plus en plus des idées progressistes et centristes du Parti libéral. Il est nommé ministre du Fond hondurien d’investissement social en 1998 pour le Parti libéral et il décide un an plus tard de quitter ses fonctions pour se consacrer au primaire de son propre parti. Il ne remporte pas la présidence de son parti aux dépens de son collègue. Le Parti libéral perd aussi les élections nationales au profit du Parti national de droite, qui lui reprend le pouvoir.
En 2005, Zelaya est nommé par son parti pour les représenter à l’élection présidentielle. Sa campagne électorale est principalement basée sur trois promesses; le renforcement de la sécurité à l’intérieur du pays, une lutte globale contre le crime organisé et la corruption au sein du gouvernement et l’amélioration des mesures sociales avec notamment l’instauration de la gratuité scolaire, la lutte au chômage et à la pauvreté. Zelaya remporta l’élection présidentielle de 2005, et malgré la contestation du Parti national de Porfirio Lobo Sosa, Zelaya est élu Président d’un gouvernement minoritaire de la République du Honduras.
Les politiques de Zelaya durant son mandat
Dès le début de son mandat, Zelaya signe de nombreux traités de libre-échange avec des pays avoisinants. Cependant, des mouvements de contestations s’organisent et Zelaya change son discours et dénonce à l’ONU le libre-échange qu’il juge comme une politique économique impitoyable. Malgré ce discours, il signe par la suite des accords supplémentaires avec la Taiwan, le Panama et la Colombie.
Il fit un virage social important lors de la deuxième partie de son mandat. En effet, il veut réduire considérablement la pauvreté dans son pays et pour réaliser cette promesse électorale, il augmenta de façon importante le salaire minimum et il lance un programme qui va permettre à plus d’un million de jeunes honduriens d’utiliser des ordinateurs dans les institutions scolaires. Il vota aussi une loi sur la protection de la forêt, mesure très populaire et contraire à ses origines de propriétaires terriens.
Sur le plan des relations internationales, le premier geste d’envergure qu’il fit est de se rendre à Cuba pour s’excuser à ce peuple au nom du Honduras d’avoir servi de base américaine lorsque Fidel Castro et les révolutionnaires cubains attaquèrent le gouvernement de Batista. Il ouvre d’ailleurs une ambassade à Cuba pour démontrer les bonnes relations entre les deux pays.
En juillet 2007 il rejoint l’Alternative bolivarienne pour les Amériques, qui est une organisation économique fondée par Hugo Chavez et le Venezuela.
L’oligarchie et la bourgeoisie hondurienne se tournent vers les États-Unis pour calmer Zelaya et ses mesures progressistes en effectuant des sanctions économiques. Régissant aux tentatives de la bourgeoisie, Zelaya critiqua vivement l’ingérence politique des États-Unis sur son pays et sur celui du Venezuela en plus de faire la démonstration de la « cruauté » du capitalisme.
Manuel Zelaya, le jour du coup d’État qui l’a chassé du pouvoir, accorde une entrevue ou il avoue ne plus croire aux politiques néolibérales et qu’il doit continuer ses politiques sociales : « j’ai pensé faire les changements à l’intérieur du schéma néolibéral. Mais les riches ne cèdent pas un penny. Les riches ne veulent rien céder de leur argent. Ils veulent tout garder pour eux. Alors, logiquement, pour faire des changements il faut incorporer le peuple. » (1)
Le coup d’État de 2009
Le 28 juin 2009 à 5 heures du matin, le président hondurien Manuel Zelaya est arrêté chez lui par des militaires et immédiatement expulsé vers le Costa-Rica. La Cour suprême du pays reconnaît le coup d’État et destitue Zelaya et nomme Roberto Micheletti Président de la République par intérim. Micheletti est un de ses adversaires politiques du Parti libéral national. La grande majorité des chefs d’États en Amérique, autant Obama, Morales que Chavez, condamnèrent à l’unanimité ce coup d’État. Aucun État ne reconnut le gouvernement par intérim et Manuel Zelaya a continué à représenter le Honduras dans les instances internationales comme l’ONU et l’OEA jusqu’à la fin de son mandat. Même si Zelaya ne pouvait plus contrôler ou influencer la politique intérieure de son pays, il exerce néanmoins ses fonctions de politiques extérieures, notamment en continuant de nommer les ambassadeurs honduriens qui lui sont fidèle politiquement.
La raison pourquoi les militaires, en lien avec l’opposition, la Cour suprême et les médias, ont réalisé un coup d’État est directement lié avec la volonté de Zelaya de rendre encore plus démocratique les instances de ce pays. Manuel Zelaya est arrêté et expulsé du pays le jour même où il organisait un référendum à caractère non contraignant et qu’il demandait aux Honduriens s’ils souhaitaient mettre en place une assemblée nationale constituante après la tenue des élections du 29 novembre 2009. La question était : « Êtes-vous d’accord qu’aux prochaines élections générales de 2009, une 4e urne soit installée pour permettre au peuple de se prononcer sur la convocation d’une assemblée nationale constituante? » (2). Pour bien comprendre la situation au Honduras, il y a des élections à date fixe et la population doit habituellement voter trois fois : une pour la présidence, une pour les députés et une pour la mairie.
Même si la proposition de consulter directement la population sur un changement constitutionnel aurait été une avancée démocratique historique pour le peuple hondurien, Manuel Zelaya se heurte à la Cour suprême et à l’armée. Effectivement, la haute instance de justice a refusé au Président de tenir cette consultation et l’armée a clairement refusé d’organiser et d’assurer le bon fonctionnement et déroulement du référendum. Le Honduras étant une république présidentielle, Zelaya est donc le commandant en chef de l’armée et il perçoit ce refus de l’armée comme un acte de subordination. Il congédia immédiatement le général de l’armée, mais la Cour suprême exigea le retour du militaire à son poste prestigieux. Zelaya fut par contre victime d’une tentative d’assassinat et il avoua être en vie à cause des informations que Washington lui a fournies.
Les raisons sur lesquelles les putschistes se sont basés pour se donner une légitimité sont que Zelaya violait la Constitution en organisant un scrutin illégal. Ils ont accusé Zelaya d’être un dictateur qui ne pensait qu’à accroître son pouvoir personnel en voulant se donner un second mandat présidentiel. Zelaya avait cependant affirmé qu’il tiendrait cette constituante dans les règles de la présente Constitution et seulement s’il obtenait un appui important de la population. De plus, le mandat présidentiel au Honduras est d’une durée de 4 ans et est non-renouvelable, donc Zelaya promettait de quitter ses fonctions à la fin de son mandat en 2010.
Les médias, contrôlés par les grandes familles oligarques du Honduras, ont joué un rôle important dans ce coup d’État. En effet, « l’écrasante majorité des médias a déclaré, en contradiction totale avec la vérité, que les militaires réagissaient à sa volonté de modifier la Constitution afin de rester au pouvoir. De nombreux médias ajoutaient qu’il suivait en cela l’exemple d’Hugo Chavez, présenté comme un dirigeant populiste autoritaire » (2).
Quatre mois après le coup d’État où le président hondurien était forcé d’être hors pays, un accord survient entre le Président par intérim en vue d’un retour progressif de Manuel Zelaya au Honduras. Ce dernier décide de repousser son retour, jugeant que les conditions propices à son retour ne sont pas réunies et que sa vie serait en danger. De plus, « alors que les mouvements populaires d’opposition aux putschistes ont multiplié grèves et manifestations en juillet, en août et septembre, les grands médias y ont à peine consacré quelques lignes. Les rares fois où les grands quotidiens consacrent un article de fond à la situation au Honduras, ils pratiquent une politique de dénigrement du président constitutionnel quand ils ne présentent pas carrément l’action des militaires sous la forme d’un coup militaire démocratique » (3).
La situation actuelle
Dans les premiers mois suivant la destitution de Zelaya, la plupart des médias étrangers occidentaux prenaient clairement parti pour les putschistes en légitimant le coup d’État. Cependant, l’augmentation constante de la répression sur la population hondurienne aura obligé ses médias à modérer leur propagande et même à devenir critique du nouveau gouvernement. Le gouvernement par intérim organise donc des élections qui sont boycottées par l’opposition et par une grande partie de la population qui soutient toujours Manuel Zelaya. Malgré cela, l’adversaire Porfirio Lobo Sosa est élu en novembre 2009 et il gouverne encore aujourd’hui le Honduras d’une main de fer.
Une entente est survenue dernièrement entre le gouvernement et les partisans de Zelaya, en grande partie à cause du soutien massif de la population et de la pression populaire, qui autorise son retour au Honduras en plus de laisser tomber les « accusations » de corruption qui pèsent sur lui et de lui laisser le droit de participer à des activités politiques.
Le 28 mai 2011 est la date du retour de Zelaya au Honduras où l’attendaient des dizaines de milliers de partisans vêtus de rouge. La résistance hondurienne, qui a continué à se battre durant l’absence de leur président pour l’obtention de l’assemblée constituante, aura finalement pu savourer cette victoire. En effet, malgré la propagande médiatique, les assassinats politiques et la terreur généralisée, la résistance hondurienne n’aura pas plié devant ce coup d’État soutenu par les oligarques et les militaires.
En février 2012, devant la pression populaire de plus en plus insoutenable pour le Président Porfirio Lobo Sosa, ce dernier a adopté une réforme de la Constitution permettant à la population de faire des référendums sur des questions constitutionnelles, exactement ce que Zelaya souhaitait faire dans son mandat. L’ironie dans cette histoire est que Manuel Zelaya ne comptait pas profiter de la nouvelle Constitution pour briguer un deuxième mandat, mais la réforme pourrait lui permettre de se présenter pour un second mandat et il compte déjà sur l’appui populaire de la population, ce qui lui assurerait d’avoir d’excellentes chances d’être réélu.
Les prochaines élections sont prévues pour la fin de 2013 et Zelaya n’est toujours pas assuré de pouvoir se présenter à la présidentielle, car la réforme promise par le gouvernement en place n’est toujours pas mise en application. Manuel Zelaya a laissé entrevoir que si jamais il ne pouvait se présenter à l’élection, sa femme, qui a obtenu une crédibilité importante au sein de la résistance hondurienne, envisagerait de briguer le suffrage.
-Deuxième partie :
Résumé de lecture de Bras de fer au Honduras

Le texte dont j’ai décidé de résumer a comme titre Bras de fer au Honduras et son auteur est Maurice Lemoine. Lemoine est un journaliste français et il est l’auteur du livre Cinq Cubains à Miami paru à l’édition Don Quichotte. Son article, Bras de fer au Honduras, a été écrit en juin 2011 pour le mensuel français Le Monde diplomatique.
Maurice Lemoine commence son texte en introduisant son sujet. Il explique que le Honduras, qui est dirigé depuis le coup d’État de 2009 par Porfirio Lobo, tente de réintégrer l’OEA (Organisation des États américains) en profitant du rapprochement diplomatique des pays de la Colombie et du Vénézuela. Ce texte démontre comment la résistance hondurienne a fait accepter à Lobo une de ses quatre revendications qui consiste au rapatriement et au retour de l’ex-président du pays Manuel Zelaya. La revendication a oui été acceptée, ce qui sera démontré dans ce résumé de lecture, mais au prix de plusieurs vies humaines et d’une longue lutte de la résistance.
Pour bien comprendre la situation actuelle de ce pays, l’auteur Maurice Lemoine commence son analyse en expliquant quelques faits historiques. Il explique qu’en 1962, l’État, via le gouvernement réformiste du général Arellano, adopte la loi de la réforme agraire. Celle-ci colonise l’Aguán, en plus d’avoir le soutien financier des banques internationales. Ce soutient lui permet de construire des routes, des ponts, des systèmes de drainage, des écoles et des centres de santé. L’oligarchie de ce pays a vivement réagi, car ses colonies paysannes qui se sont constituées en coopératives sont devenues une des régions les plus productives de ce pays.
En 1992, trente ans après l’adoption de cette loi, le gouvernement de Callejas cède sous la pression oligarchique du pays et créer la loi de modernisation et de développement du secteur agricole. Cela aura comme principale conséquence la concentration de la propriété de la terre dans les mains de quelques propriétaires. Bref, avec la violence et les meurtres comme terrain de négociation, ce sont 29 coopératives qui deviendront la propriété de trois grands propriétaires : Morales, Canales et Facussé.
L’écrivain continue son analyse en affirmant que le pays connaît de grands creux jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Manuel Zelaya en 2006. Ce dernier décide de prendre ses distances avec l’oligarchie et débute un mouvement social, en redonnant les terres aux paysans, lorsque ces derniers les occupent depuis trois ans au plus. Pour calmer l’opposition et les oligarques, il promet aussi que les grands propriétaires recevront une compensation financière en échange. Cependant, cela ne satisfait aucunement les groupes de pouvoirs économiques. Ils organisent donc un coup d’État en 2009, avec l’aide de la Fédération nationale des agriculteurs et éleveurs du Honduras et des deux formations traditionnelles qui sont contrôlées par l’oligarchie, le PL et le Parti national et cela aura comme conséquence de renverser le président Zelaya en 2009. Ce dernier est alors obligé de fuir vers le Costa Rica. Le nouveau gouvernement n’est cependant pas reconnu par la communauté internationale et Zelaya, même écarté du pouvoir, continue à représenter son pays devant les instances internationales, même s’il n’a plus aucun réel pouvoir.
Celui qui prend le pouvoir en 2009, suite au coup d’État, le fait par voie d’élection illégitime organisée par le gouvernement provisoire. Il se nomme Porfirio Lobo et commence le grand changement du pays. L’écrivain continu son analyse en ajoutant que ces changements seront d’ordre majeur : annulation de la loi qui dotait la terre aux paysans, suspension du salaire minimum, destitution des statuts des enseignants, privatisation de l’économie, mise à l’encan des ressources vitales comme l’eau. De plus, tous les juges qui tentent de prouver que l’extradition obligatoire du président Zelaya était illégale sont automatiquement destitués de leur fonction.
L’auteur Lemoine progresse en expliquant que six mois après le coup d’État, la résistance paysanne s’organise dans le Mouvement des paysans unis de l’Aguán et regroupe plus de 2500 familles. Ce mouvement réussit à récupérer, par divers moyens, environ 25 000 hectares de terre en palme africaine. Cela n’en prend pas plus pour que l’oligarque Facussé déclare la guerre en menaçant la vie de plusieurs paysans ou simplement en les tuant. En effet, Marcel Lemoine apporte comme statistique officielle que le conflit a coûté la vie à au moins 28 paysans et 2 journalistes de janvier 2010 à mai 2011. Les journalistes qui ont trouvé la mort dans ce conflit ont été tués, car ils couvraient les évènements différemment des médias privés « officiels ». En effet, selon les médias privés, ce sont les paysans qui dérangeaient la paix sociale en étant financés par les FARC et par les narcotrafiquants, évènements qui n’ont d’ailleurs jamais pu être prouvés par les forces de sécurité. Il faut noter que les groupes médiatiques appartiennent tous à dix familles de l’oligarchie.
Malgré la répression constante de la part de la police, de l’armée et des paramilitaires, la résistance s’unit et gagne en force de façon constante, malgré les nombreuses exécutions qui se produisent régulièrement. Cette résistance est composée principalement « d’organisations non gouvernementales (ONG); syndicats; mouvements paysans, indigènes, noirs, étudiants, féministes; artistes, intellectuels, habitants des quartiers, quidams n’appartenant à aucune structure ».
Toujours selon le texte Bras de fer au Honduras, cette résistance n’est pas uniforme et il existe quelques tensions au sein du groupe. D’ailleurs, plusieurs débats ont eu lieu depuis plus d’un an, quant à savoir si le groupe devrait se transformer en parti politique ou, à l’opposé, devrait tout simplement boycotter les prochaines élections. Certaines voix se font aussi entendre pour dénoncer la mainmise et la radicalité des « leaders » de la résistance. Malgré tout, ce mouvement social a réussi à amasser 1 342 000 signatures dans une pétition qui exigeait la convocation d’une Assemblée nationale constituante à laquelle ont participé plus de 1500 délégués de tout le pays. L’auteur français affirme que malgré des débats houleux, la résistance a réussi à s’entendre avec une forte majorité sur trois priorités :
Premièrement, sur le retour inconditionnel et sécuritaire de l’ex-président Zelaya. Deuxièmement, sur le boycottage et la non-participation au prochain scrutin pour ne pas légitimer le coup d’État par Lobo et troisièmement sur la convocation d’une Assemblée nationale constituante.
Maurice Lemoine ne se gêne pas pour affirmer que la résistance commence à faire sentir son influence sur le gouvernement de Lobo. Il y a aussi d’autres facteurs qui affaiblissent ce gouvernement. D’une part, l’isolement du pays par les nombreux gouvernements de gauche sud-américains qui interdisent l’accès à des prêts financiers, car ils ne reconnaissent pas ce gouvernement formé suite à un coup d’État. Lobo se doit de réagir, car il commence à sentir l’étau se resserrer autour de lui. Ce sont le président Hugo Chavez et le président Colombien Juan Manuel Santos qui font les médiateurs entre Lobo et Zelaya. Voici les quatre revendications qui sont exigées à Lobo pour une réintégration du Honduras dans l’OEA : « le retour en toute sécurité des exilés, dont M. Zelaya; la mise en place d’une ANC “participative et démocratique”; le démantèlement des structures golpistas et le châtiment des responsables; la reconnaissance du FNRP en tant que parti politique ». En apparence, toutes les demandes sont acceptées!
L’auteur termine son texte en démontrant qu’il existe de nombreuses contradictions dans l’acceptation de Lobo de toutes ses conditions et qu’il serait prématuré de réintégrer immédiatement le pays dans l’OEA. Le plus important est incontestablement le retour de l’ex-président Zelaya, lui qui devra en tant que fédérateur « unir toutes les forces politiques et sociales. Les conditions existent désormais pour défier le pouvoir et avancer vers le contrôle de l’État ».
Conclusion
En conclusion, il est démontré lors de cette analyse de la situation politique actuelle au Honduras que la démocratie est très fragile dans ce pays, mais aussi dans de nombreux pays d’Amérique latine. Même si, selon la Cour suprême, la démocratie n’a pas été bafouée, il apparaît clairement que le coup d’État réalisé par les militaires, l’opposition, l’Église, l’oligarchie et les médias était antidémocratique et digne des dictatures militaires que ce pays a connues récemment. Le retour récent de Manuel Zelaya au Honduras et la victoire de la résistance populaire hondurienne démontrent une volonté réelle de cette population pour consolider leur démocratie et leur acquis sociaux durement gagnés. Pour terminer, il serait intéressant d’étudier la situation politique du Paraguay ou le même genre de coup d’État vient d’être orchestré. Le combat pour la démocratie est très jeune dans ses pays, et les acquis très fragiles! Situation politique à suivre, car nous la vivons dans le présent et l’avenir, même si elle semble être encourageante, est plus qu’incertaine.
Bibliographie
(1) Lamarque, Cécile. Honduras : Pourquoi le coup d’État, 2009, [En ligne] Site Web : http://elpais.com/diario/2009/06/28/internacional/1246140003_850215.html
(2) Toussaint, Éric. Venezuela, Honduras, Pérou, Equateur : « petits » oublis et « grands » mensonges des médias, 2009, [En ligne] Site web : http://cadtm.org/Venezuela-Honduras-Perou-Equateur
(3) Caroit, Jean-Michel. Au Honduras, la campagne électorale s’ouvre dans un climat de haine, Le Monde, p. 8, samedi 12 septembre 2009.
(4) http://www.monde-diplomatique.fr/2011/06/LEMOINE/20655

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Mikaël St-Louis14 articles

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Étudiant au baccalauréat en histoire et en sciences-politiques à l`Université du Québec en Outaouais





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1 commentaire

  • Oscar Fortin Répondre

    9 octobre 2012

    Félicitation à l'auteur pour ce survol historique de ce pays de l'Amérique centrale et des évènements qui ont marqué ce moment antidémocratique du coup d'État militaire. Sans diminuer en rien votre présentation, je voudrais ajouter quelques détails qui ne sont pas sans importance. Ces derniers, n'étant pas mentionnés dans votre présentation, je me permets de les mentionner. Ils ne pourront qu'ajouter à la compréhension des lecteurs et lectrices.
    Le premier point est qu'il y a une base militaire des États-Unis au Honduras et que l'avion qui a sorti Zelaya du pays est parti de cette base militaire. Ce n'est donc pas à l'insu de la Maison-Blanche que l'opération a été menée.
    Le second point est qu'en dépit de reconnaître un coup d'État, l'administration étasunienne n'a pas cessé ses programmes de financement et de subventions pour soutenir le gouvernement provisoire de Micheletti. À ceci, il faut ajouter que pendant que Zelaya était expatrié, il n’a pas eu l’honneur d’être reçu à la Maison-Blanche alors que les portes de cette dernière s’ouvraient aux représentants des oligarchies de droite de l'Amérique latine.
    Le troisième point concerne ces tentatives de Zelaya de retourner au Honduras pour se joindre à la lutte de son peuple. On se souviendra de ce vol d'avion où, accompagné du Président de l'Assemblée générale des Nations Unies, l'avion n'avait pu atterrir en raison de la présence militaire sur les pistes d'atterrissage. Il y avait d’ailleurs eu un jeune homme qui avait été tué.
    Le quatrième point est cette autre tentative de Zelaya pour entrer dans son pays, à partir du Nicaragua. Cette fois, il a pu se rendre jusqu'à l'Ambassade du Brésil pour se protéger des militaires qui le pourchassaient. Il séjourna plusieurs mois comme réfugié politique au sein de cette ambassade. Certains faits, plus qu'intéressants, mériteraient d'être relevés dont celui, entre autres de la soi-disant médiation du représentant de l'Ambassade des États-Unis en qui Zelaya avait perdu toute confiance. À quelques reprises il s’était senti trahi par ce dernier. Il y eut également l'usage de ces produits chimiques, fournis par Israël, visant à contaminer l'Ambassade en vue de forcer la sortie de Zelaya.
    Ce sont certains points qui mettent en évidence non seulement le souci du président Zelaya de retourner dans son pays pour se joindre à ses partisans, mais aussi, le comportement ambigu de Washington dans toute cette histoire.
    Avec tout mon respect