L’immigration, «un enjeu trop important» pour fixer des seuils

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Gaudreault s'enfonce dans l'insignifiance en refusant de parler du plus important sujet pour l'avenir de la nation : la démographie !

Sylvain Gaudreault refuse de faire des seuils d’immigration l’enjeu central de la course à la chefferie du Parti québécois (PQ), appelant plutôt à «dépolitiser l’enjeu». Certains de ses adversaires veulent au contraire éliminer le «tabou» autour de la question.


Le député de Jonquière était de passage à la permanence du PQ, lundi, afin de récupérer son bulletin de candidature dans ce qui s’avérait en quelque sorte la journée d’ouverture officielle de la course.


M. Gaudreault se dit prêt pour le concours qui se déroulera jusqu’au mois de juin. La récolte de 2000 signatures pour officialiser sa candidature «est tout à fait réalisable», a-t-il maintenu lundi. «J’ai un réseau bien élaboré à l’intérieur du Parti», a-t-il ajouté.


Vendredi, l’un des adversaires de Sylvain Gaudreault, Paul St-Pierre-Plamondon, a pris position sur les quotas d’acceptation des nouveaux arrivants. Celui qui s’était présenté en 2016, propose cette fois de geler les seuils entre 35 000 et 40 000 immigrants par année.


Sur Twitter, un autre candidat, Frédéric Bastien, est allé plus loin. Il souhaite les réduire jusqu’à 25 000.


La prise de position de ses adversaires ne force pas Sylvain Gaudreault à changer son fusil d’épaule. Selon le député, «il faut dépolitiser l’enjeu».


«J’espère qu’on ne se retrouve pas dans un débat sur l’immigration», a affirmé le député de 49 ans, qui souhaite aussi parler d’indépendance, d’environnement, de langue française et d’enjeux sociaux durant la course.


Une instance indépendante


Pour les questions d’immigration, Sylvain Gaudreault s’est allié avec l’avocat Stéphane Handfield, qui, après s’être retiré d’une potentielle course à la chefferie du PQ, a rallié les rangs du député.


Ensemble, ils souhaitent ériger une instance indépendante chargée de fixer les seuils d’immigration. «Nous voulons proposer de créer un observatoire qui évaluerait des scénarios de seuils en fonction des enjeux de main-d’œuvre, des enjeux de régionalisation, des enjeux démographiques», a avancé M. Gaudreault.



«Je ne commencerai pas à piger des seuils dans une boîte de céréales ou une autre. C’est un enjeu trop important pour dire toutes sortes de choses arbitraires.» – Sylvain Gaudreault



Les candidats se prononcent


Paul St-Pierre-Plamondon, présent lui aussi lundi pour récupérer son bulletin de candidature, a affirmé vouloir parler d’immigration «sans tabou».


«Ma position, c’est que la [Coalition avenir Québec] fait fausse route lorsqu’elle propose d’augmenter les seuils alors qu’elle n’a absolument pas agi sur le maintien de la langue française», a-t-il indiqué en point de presse.


«Je m’engage à en parler de manière responsable. Mais ne m’empêcherai pas d’en discuter», a ajouté l’avocat de formation.


Frédéric Bastien partage une position similaire, lui qui propose les seuils les plus bas de la course jusqu’à maintenant.


«Il faut faire ce débat sereinement. Il ne faut surtout pas se laisser intimider par les gens qui vont lancer toutes sortes d’accusations d’intolérance», a plaidé l’historien.


De passage lundi, Guy Nantel n’a pas voulu s’avancer sur des seuils précis dans l’immédiat.


«Ce qui m’intéresse, c’est de connaître les problématiques liées à l’immigration et leurs raisons. Lancer des chiffres pour lancer des chiffres, je ne pense pas que c’est suffisant», a précisé l’humoriste devenu candidat à la chefferie.


Suites


En récupérant leur bulletin de candidature lundi, les quatre candidats ont officiellement lancé le concours de près de quatre mois.


Le PQ organisera deux débats des chefs ce printemps. Le premier se tiendra à Montréal, le 17 avril, et le deuxième, dans le Centre-du-Québec, à une date encore indéterminée.


Afin de participer à cette campagne, chaque candidat doit déposer une bourse non remboursable de 25 000$. Les participants auront un plafond de 125 000$ à respecter pour financer leur campagne.


Les 2000 signatures nécessaires «doivent provenir d’au moins 9 régions administratives ainsi que d’au moins 50 associations locales différentes».


Aucune femme n’a annoncé vouloir se présenter jusqu’à présent. Les membres et les sympathisants péquistes connaîtront le nom de leur nouveau leader le 19 juin.