L’Écosse et le Québec : aucune ressemblance, vraiment ?

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Deux nationalismes fondamentalement démocratiques

À la lecture de ce que disent la plupart de nos analystes et commentateurs à propos de l’Écosse, j’en arrive à la conclusion suivante : il n’y a rien, mais rien à voir entre l’Écosse et le Québec. Mais absolument rien. Je vous le redis : rien du tout! Dans le premier cas, on parle d’un mouvement souverainiste démocratique, ouvert, évoluant dans une société prospère. Dans le second, nous serions devant des nationalistes ethniques, rétrogrades, évoluant dans une province pauvre. Autrement dit, vous avez le droit de vous enthousiasmer pour l’Écosse si vous voulez, mais ne pensez pas un instant reporter cet enthousiasme sur le Québec. Pourquoi, lorsque j’entends cela, j’entends surtout qu’il ne faudrait d’aucune manière que l’élan écossais n’inspire les Québécois, qui eux, bien contents de s’occuper des vraies affaires, ne devraient plus se demander s’ils doivent se donner un pays? On nous dit: aucun rapprochement n’est possible. J’entends surtout: ne faites aucun rapprochement. Aucun. Car voyez-vous, l’indépendance, c’est bon pour les autres, mais pas pour nous. Nous sommes trop ceci, et pas assez ça, et finalement trop déglingués, pour devenir un pays.
Et pourtant, on pourrait risquer un rapprochement. Si on préfère, on pourrait trouver des similarités entre nos deux questions nationales. Voilà deux petites nations démocratiques, au cœur de la civilisation occidentale, liées aussi à des puissances plus fortes qu’elles, dont elles cherchent pourtant à se détacher, parce qu’elles devinent bien que l’autodétermination est un bien en soi pour un peuple. On leur dit : l’union fait la force. Elles pourraient répondre : mais la force de qui? Voilà deux petites nations, chacune avec son identité singulière (et bien évidemment que l’identité écossaise ne prend pas la même forme que l’identité québécoise, et bien évidemment que l’inquiétude linguistique est absente chez eux et dominante chez nous), qui pourraient se constituer en État. Voilà deux nations qui ont un Nous suffisamment fort pour vouloir constituer une souveraineté nouvelle à partir de lui. Voilà deux nationalismes fondamentalement démocratiques. Voilà deux nations qui n’ont pas besoin de subir une brutale oppression coloniale pour envisager l’indépendance, comme si celle-ci était réservée à ceux qui l’ont déjà ou à ceux qui souffrent absolument. Voilà deux petites nations qui savent bien qu’elles devront conserver de bons liens avec l’ancien pays auquel elles étaient liées, mais qui ne confondent pas les relations de bon voisinage à l’asservissement politique.
Finalement, se pourrait-il que nos deux questions nationales, malgré ce qui les distingue, ne soient pas si étrangères l’une à l’autre ?


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