L’avenir de la censure

2f752ebc53214008816582ad88475ccd

Le totalitarisme de demain se drape du manteau progressiste

Le Devoir nous apprenait récemment qu’au collège de Maisonneuve, les enseignants ont de plus en plus tendance à se censurer pour ne pas heurter la sensibilité des élèves issus de la diversité.


Pour acheter la paix, ils évitent certaines œuvres et certains sujets. Ils s’autocensurent pour éviter les soucis en classe.


On aura compris qu’ils évitent surtout les sujets religieux, même s’ils sont abordés par le biais de l’histoire ou de la littérature.


Liberté


Telle est la vie d’un prof dans un monde où certains étudiants « radicalisés » se donnent le droit de décider ce dont on parlera ou non. L’autoritarisme vient désormais d’en bas.


Pour quiconque connaît aujourd’hui le cégep ou l’université, rien de tout cela ne surprend. Un peu partout en Amérique du Nord une nouvelle culture universitaire s’impose.


Dans les institutions d’enseignement supérieur, vouées au savoir le plus exigeant et à la recherche la plus libre, une étrange ambiance règne.


Des groupuscules militants qui, la plupart du temps, se réclament de l’antiracisme ou du féminisme se permettent de décider si telle conférence sera permise, si telle activité sera autorisée.


Pour ne pas vexer les « minorités », on veut créer des espaces sécurisés où ils ne risquent pas d’entendre un discours contredisant leurs valeurs.


Jusqu’où ira cette dérive, si elle ne rencontre pas une vraie opposition ?


Projetons-nous dans 10 ans.


Un professeur d’histoire de la Nouvelle-France pourra-t-il enseigner sa matière sans se soumettre au nouveau dogme qui veut que l’esclavage en ait été un pilier historique ?


Un professeur de sociologie spécialisé en relations interethniques sera-t-il en droit de ne pas se rallier à la théorie du racisme systémique ?


Dans les années 1970, pour enseigner à l’université, il fallait être marxiste. Aujourd’hui, il faut se soumettre au politiquement correct.


Je ne veux pas dire qu’on ne trouve plus de professeurs libres, mais que la tendance à la soumission idéologique de l’université est inquiétante. La pensée libre s’efface au profit de la pensée correcte.


Imaginons autre chose.


Imaginons qu’un professeur de cinéma décide de consacrer une partie de sa session à l’œuvre de Woody Allen, qui est, faut-il le rappeler, un cinéaste de génie. Est-ce qu’il devra endurer les protestations d’étudiants incapables de distinguer entre l’homme et l’œuvre et qui s’opposeront à ce qu’on diffuse ses films ?


Imaginons un autre professeur décidant de projeter un film de Clint Eastwood. Sera-t-il accusé par ses détracteurs de faire la promotion d’une cinématographie machiste et de représentations sociales liées à la société patriarcale ?


Université


Notre société croit-elle encore à la liberté intellectuelle ? Est-elle prête à accepter l’inconfort qui vient avec le désaccord ?


Ou faudra-t-il un jour enseigner seulement les œuvres « moralement correctes », avec des personnages propres, aseptisés, asexués et, pourquoi pas, cyclistes en hiver et végétaliens ?


Sommes-nous encore capables de concevoir la culture comme une mise en scène de l’âme humaine, et non comme une entreprise pédagogique devant nous purger de nos vices et nous transformer en automates obéissant aux nouveaux curés de la bonne pensée ?


Sommes-nous encore une société libre ?