Dimanche, une foule de plus de 5 000 personnes s’était réunie au Puy du Fou pour célébrer le grand retour en France de l’anneau de sainte Jeanne d’Arc, racheté 377 000 euros par le parc historique.
Pour l’occasion, des élèves de Saint-Cyr sont même venus, de leur propre gré, faire une haie d’honneur sabre au clair et réciter le célèbre poème de Péguy, « Heureux ceux qui sont morts ». L’oriflamme de Jeanne est brandie, le drapeau tricolore également, et l’anneau arrive porté par des chevaliers en armure devant une foule en liesse. La mise en scène est grandiose, et l’espace d’un instant l’on se sent hors du temps. Un temps béni où règnent la grâce et la fierté.
Franck Ferrand, l’animateur de l’émission « Au coeur de l’Histoire » sur Europe 1, s’exprime à la tribune. Il salue la « puissance d’illumination de Jeanne, symbole d’une force de résistance, d’une énergie, d’un amour du pays ». Après lui, Jacques Trémolet de Villers, auteur d’un livre sur le procès de la sainte, conte les aventures de l’anneau, du procès jusqu’à nos jours.
Lorsque Philippe de Villiers, fondateur du meilleur parc d’attraction au monde, prend la parole, il annonce un rebondissement innatendu : voilà que la perfide Albion réclame l’anneau ! « Le conseil national des Arts (Art Council), après quelques études rapides aux archives royales et à notre dossier d’expertise, nous a fait savoir qu’il considérait que l’anneau pourrait entrer parmi les « objets de haute valeur symbolique du patrimoine national britannique », et qu’à ce titre il faisait l’objet d’un règlement européen », annonce De Villiers.
Et de poursuivre : « Celui-ci stipule qu’il faut une licence d’exportation pour les biens qui doivent quitter le territoire de l’UE. Le Conseil des arts n’a pas caché qu’il se réservait la possibilité de préempter, pour le compte de l’État britannique, l’anneau. Le gouvernement britannique pouvait faire valoir son droit de préemption avant la vente, il ne l’a pas fait, et le regrette. »
Qu’importe. Non seulement l’ancien secrétaire d’État se réjouit de cette demande, qui vient « authentifier l’anneau dans son historicité et répond ainsi aux historiens bourguignons », mais en plus, il n’a aucune intention de le rendre. Interrogeant la foule, il demande : « L’anneau de Jeanne d’Arc fait-il partie du patrimoine national de l’Angleterre ? » Huées et protestations. « L’anneau de Jeanne fait-il partie du patrimoine français ? » Approbations et acclamations.
« Nous porterons votre réponse à l’Angleterre et leur dirons ceci: si des Anglais veulent voir l’anneau qu’ils ont négligé à Londres pendant six cents ans, alors ils sont les bienvenus “Welcome to the Puy du Fou”. Aux autres, je dis “it’s too late”, l’anneau est en France, et il y restera ! Que vive sainte Jeanne d’Arc et que vive la France ! », conclut le tribun vendéen, dont on se doute que le mot de Cambronne a dû lui brûler les lèvres.
Au Figaro, il confiera qu’il ne rendra en aucun cas ce trésor du patrimoine « même et surtout si la Commission européenne (l)’y oblige ! ». Un acte de bravoure (et d’amour) qui devrait servir d’exemple au ministère de la Culture…
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