Jean-Martin Aussant dixit

Tribune libre

Rares ont été les occasions où le chef d’Option nationale, Jean-Martin Aussant, a pu s’exprimer sur les médias traditionnels au cours de la présente campagne électorale. Néanmoins, le 29 août, Le Devoir est allé le rencontrer à son bureau de comté et a publié un article le 30 août sous le titre « Le PQ ne cherche qu’à se faire élire » qui a enfin permis à JMA de livrer le fond de sa pensée sur certains dossiers chauds qui le préoccupent particulièrement. Aussi, ai-je cru opportun de vous livrer en vrac quelques unes des réflexions qu’il a livrées au cours de cette rencontre avec Robert Dutrisac.
« Dans cette élection, c’est la plaie la plus irritante et la plus fatigante : le maudit discours sur la division du vote, le vote stratégique, le vote utile… Ça m’horripile de penser que des gens aiment bien Option nationale, mais qu’ils vont voter pour autre chose pour bloquer quelqu’un d’autre…Un mode de scrutin de type proportionnel, c’est dû depuis longtemps, au Québec. Le système britannique, ça ne marche pas dès qu’il y a plus que deux partis. »
À ce sujet, M.Aussant soutient que tous les partis souverainistes devraient souhaiter l’instauration d’un mode de scrutin de type proportionnel, même pour des raisons stratégiques tout en rappelant du même souffle que René Lévesque était plus populaire que son parti et que son parti était plus populaire que l’option souverainiste alors qu’aujourd’hui, Pauline Marois est moins populaire que son parti qui, lui, est moins populaire que son option, d’où l’avantage de la proportionnelle pour augmenter le nombre d’élus souverainistes à l’Assemblée nationale.
En ce qui a trait à la pierre d’assise d’ON, Jean-Martin Aussant insiste sur le fait indéniable que le projet de souveraineté ne pourra se réaliser qu’avec un parti qui en fait clairement son objectif. « C’est tellement clair que le jour où on est élu, c’est que le Québec est prêt à faire la souveraineté ».
« Ce n’est pas quand on est gêné d’avoir une idée qu’elle avance bien vite. Le jour où tous les candidats souverainistes auront le courage de parler de souveraineté au risque de ne pas être élus, l’idée va avoir gagné beaucoup en crédibilité et ça va accélérer le projet et l’élection de députés souverainistes ».
« La population perçoit un manque de courage, perçoit ce doute dans la tête des leaders souverainistes. Elle se dit : si même les leaders en doutent, s’ils ont tellement peur d’en parler, il doit y avoir quelque chose qui ne va pas quelque part. »
Jean-Martin Aussant signale qu’il a rencontré des centaines, sinon des milliers de fédéralistes « qui sont devenus souverainistes ». Il leur présente des arguments de nature économique pour contrer « la propagande mensongère » des forces fédéralistes, puisque sur le plan identitaire, les Québécois savent très bien que seul leur gouvernement québécois peut protéger la culture québécoise. Il s’adresse à l’« Homo economicus ».
Relativement à la jeunesse québécoise actuelle, le chef d’ON souligne que les jeunes n’ont jamais vécu une période où les arguments à l’appui de la souveraineté ont vraiment été débattus puisque, pour la plupart, ils n’étaient pas encore nés lors du référendum. « À chaque fois qu’on leur en parle, ils entendent les arguments pour la première fois. »
Concernant le fait qu’ON soit le seul parti qui dit résolument oui à la souveraineté, JMA conclut en disant qu’il y a les deux partis du « non », le PLQ et la CAQ, et les deux partis du « peut-être », le PQ et Québec solidaire.
Lorsqu’il aborde son départ du PQ, M. Aussant invoque qu’il ne croyait plus que le parti pouvait être transformé de l’intérieur, citant à ce propos René Lévesque, qui avait affirmé que le PQ, fondé en 1968, ne devrait pas durer plus de 20 ans. « Il a dit que le parti deviendrait une Église, qu’il deviendrait un parti opportuniste et calculateur comme tous les autres, et il avait raison…Le PQ est devenu une machine politique professionnelle qui ne cherche qu’à se faire élire ».
À ce sujet, Jean-Martin Aussant accuse son ancien parti d’être « malhonnête intellectuellement quand il prétend vouloir faire un pays ». Il voudrait que le PQ, par souci d’honnêteté, se présente plutôt « comme une alternative de gestion provincialiste ». À son avis, « le PQ ne reviendra pas aux idéaux qui l’ont fondé ».
Enfin, même si Jean-Martin Aussant dit croire en ses chances d’être élu le 4 septembre, il répond que, même s’il était battu, son parti ne disparaîtra pas et qu’il entend en demeurer le chef. « Concrètement, si on n’a pas de chef à l’Assemblée nationale, c’est sûr que c’est plus difficile de garder un projet très vibrant, mais c’est faisable. Et le 4 septembre, c’est le début d’Option nationale, ce n’est pas la fin…Il a fallu trois élections pour que René Lévesque soit élu sous la bannière du PQ ».
Henri Marineau
Québec

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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10 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    31 août 2012

    "Jean-Martin Aussant accuse son ancien parti d’être « malhonnête intellectuellement quand il prétend vouloir faire un pays"
    Ça c'est probablement vrai.
    Et la raison, c'est que les politiciens du PQ (comme ceux des autres partis de l'establishment d'ailleurs) sont d'abord et avant tout des carriéristes.
    Autrement dit, ils pensent d'abord et avant tout à eux, à leur carrière personnelle, à leur succès, à leur bien-être et à faire la belle vie.
    Mais le peuple n'est pas mieux. Par exemple, les artistes autrefois engagés comme dans le temps de monsieur René Lévesque par exemple, sont de plus en plus eux aussi des carriéristes qui ne veulent surtout pas se nuire en se mêlant de politique et qui pensent eux aussi d'abord à leur bien-être personnel et à faire la belle vie et à connaître du succès.
    La progression du chacun pour soi au Québec depuis les 40 dernières années est époustouflante.
    Ça va être difficile, même pour monsieur Aussant avec toutes les bonnes intentions du monde, de changer cela.

  • Claude Girard Répondre

    30 août 2012

    Oui, mais je viens d'écouter ce qui passera peut-être à l'histoire comme le «discours du Métropolis», jeudi 30 août, où madame Marois réitère sa foi dans la souveraineté et le pays comme jamais on l'a entendu auparavant. C'est sûr que ON lui souffle dans le cou et compte tenu du vote serré cette année, cela pourrait lui faire échapper la majorité. J'appuie toujours ON mais au moins, on sent un changement au PQ en direction de l'indépendance qu'on ne lui avait pas connu depuis au moins 1994.

  • Archives de Vigile Répondre

    30 août 2012

    @ H.M.
    Oui, le texte, je l'ai aussi retrouvé dans la rubrique "Auteurs" sous Yves Michaud, incluant les commentaires.
    Mais le problème est plutôt de voir ce texte retiré de la colonne Tribune libre, de Vigile, en ces temps où le DGE menace M. Michaud de poursuite... (lien de cause à effet?)
    Ouhgo

  • Yves Rancourt Répondre

    30 août 2012

    Pour aller dans le sens de monsieur Haché, il me serait très difficile de donner éventuellement mon appui à Jean-Martin Aussant et à ON s'il advenait que, le 4 septembre, la population élise le PLQ ou la CAQ par 2 ou 3 points devant le PQ. Et pourtant je ne suis pas un membre du PQ ni un fan de madame Marois, ma première préoccupation étant d'abord et avant tout l'avenir de notre nation, menacée plus que jamais. Plusieurs ne semblent pas comprendre que, face à la puissance des forces fédéralistes en présence, qui peuvent compter sur le pouvoir de l'argent et celui des médias, la nation québécoise n'a aucune chance de se donner un pays si elle ne s'unit pas dans le combat.
    La prochaine élection nous démontrera si cette nation qui m'est chère est encore capable de solidarité dans les moments charnières de son existence.

  • Marcel Haché Répondre

    30 août 2012

    " Si elle ne réussit pas",si le P.Q. ne réussit pas à prendre le pouvoir bientôt, même minoritaire,ce sera au contraire la fin de la carrière politique de JMA.
    Si René Lévesque et le P.Q. n'avait pas pris le pouvoir en 1976, la carrière politique de Pierre Bourgault-autrement plus électrisant que JMA- cette carrière se serait finalement terminé dans l'anonymat.Et, à distance,je demeure un fan de Pierre Bourgault.
    Si la C.A.Q. prend le pouvoir,ce sera dû au fait que l'électorat fédéraliste du P.L.Q.aura changé de parti.La société québécoise restera bloquée au profit des affairistes et des rôdeurs autour du pouvoir.Le mouvement souverainiste ne pardonnera pas de sitôt à J.M.A. d'avoir été aussi mauvais stratège dans un temps aussi névralgique.

  • Henri Marineau Répondre

    30 août 2012

    "Donc il faut voter PQ absolument et même si j’étais Aussant je ne ferais pas une grosse campagne dans les comté chaud du PQ avec la CAQ ou les libéraux et je dirais à mes membres de voter PQ s’il était vraiment pour la cause."
    De quelle cause parlez-vous, M. Tremblay?...Celle de la gouvernance souverainiste de Pauline Marois, celle de l'aplaventrisme devant le fédéral, celle de l'étapisme de Claude Morin ou celle des conditions gagnantes de Lucien Bouchard?
    Vous ne croyez pas que ces causes du sur place ont assez duré et q'il est plus que temps que nous passions à la "vraie cause", à savoir celle de l'accession à notre indépendance avec Option nationale?

  • Archives de Vigile Répondre

    30 août 2012

    J'aime bien Aussant mais lorsque la maison brûle on ne s'occupe pas des écuries. Bien c'est ce qui risque d'arrivée si le PQ ne gagne pas avec une majorité. Tout sera bloqué, toute initiative pour aller rapatrier des pouvoirs à Ottawa, plus rien et pire le seul parti qui peut changer la loi 101 aura les mains liées et décevra encore par peur d'être renversé.
    Si elle ne réussit pas, je suis sûr qu'Aussant va devenir le leader souverainiste que tous attendaient mais ce n'est pas le temps encore.
    Donc il faut voter PQ absolument et même si j'étais Aussant je ne ferais pas une grosse campagne dans les comté chaud du PQ avec la CAQ ou les libéraux et je dirais à mes membres de voter PQ s'il était vraiment pour la cause.

  • Henri Marineau Répondre

    30 août 2012

    @ O
    Voici copie du texte d'Yves Michaud auquel vous faites allusion dans votre commentaire:
    "Pendant plus de cinquante années de participation et d’observation de la vie politique québécoise, j’ai eu le rare privilège de côtoyer des personnalités de haute stature : Georges Émile-Lapalme, Jean Lesage, Paul Gérin-Lajoie, Jacques Parizeau et René Lévesque.
    À ce jour, je n’ai jamais eu le privilège de rencontrer Jean-Martin Aussant mais écouté plusieurs de ses interventions à l’Assemblée nationale. S’il devait bénéficier d’une bonne fortune électorale, M. Aussant me paraît avoir toutes les qualités de ceux que j’ai mentionnés pour s’inscrire dans l’histoire des grands hommes qui ont marqué la patrie québécoise.
    Yves Michaud
    Ancien député de l’Assemblée nationale du Québec
    29/08/12"

  • Archives de Vigile Répondre

    30 août 2012

    La malhonnêteté intellectuelle du PQMarois, je l'ai démontré en long, en large et dans les détails dans un livre de 90 pages publié en février 2012 sous le titre : Indépendance : Le Parti québécois a trahi ses militants.
    A ce chapitre, depuis 42 ans, il y a eu violation systématique de la part des leaders péquistes, du programme et des statuts, la pire étant à ce sujet Pauline Marois, qui en mars 2008, a même poussé l'ignominie à faire changer en violation du programme et des statuts (par un simple conseil national) l'article 1 du programme (réaliser la souveraineté du Québec) pour le remplacer par "défendre les intérêts du Québec" en attendant la souveraineté.
    Pierre Cloutier ll.m
    avocat à la retraite

  • Archives de Vigile Répondre

    30 août 2012

    Oui, ce bel article du Devoir est mis à l'honneur sur Vigile.
    Cependant, où est passé le billet de Yves Michaud (Appui à Jean-Martin Aussant) publié hier sur la Tribune Libre???