Le plan d’accession à l’indépendance d’Alexandre Cloutier provoquera un « traumatisme » dont le Parti québécois peinera à se remettre avant le prochain rendez-vous électoral, a prédit Jean-François Lisée lors du premier débat officiel houleux entre les candidats à la direction du PQ dimanche à Sherbrooke.
La proposition du favori de la course consistant à donner le dernier mot sur le calendrier référendaire aux participants d’un conseil national sèmera à coup sûr la bisbille au sein du PQ, et ce, à six mois des prochaines élections générales, a averti avec aplomb M. Lisée.
S’il est élu chef du PQ, M. Cloutier recommandera aux délégués, au printemps 2018, de tenir — ou de ne pas tenir — un référendum sur l’indépendance du Québec dans un premier mandat du PQ, soit entre 2018 et 2022. Le « contexte politique » et l’état de la « mobilisation » détermineront la teneur de sa proposition. Le conseil national aura le loisir de l’accepter ou de la rejeter. Au cours des 18 prochains mois, le député de Lac-Saint-Jean « veut garder le jeu ouvert et être prêt à toute éventualité ». « L’enjeu de cette course au leadership, ça va être de choisir qui est le plus apte à rassembler les Québécois, à gagner la prochaine élection, mais surtout le plus apte à rassembler les trois millions de Québécois qui sont nécessaires pour gagner notre indépendance », a-t-il déclaré, répétant avoir calqué son plan d’accession à l’indépendance sur celui de l’ex-chef Pierre Karl Péladeau.
Forcément, les pro-référendum et les anti-référendum se déchireront, pense M. Lisée. Bref, M. Cloutier cherche la « chicane », selon lui.
Affrontement intense
Les échanges ont été vigoureux. À un moment, l’animateur Gilles Gougeon a même demandé aux techniciens de couper les micros afin de calmer les esprits des aspirants chefs Alexandre Cloutier et Jean-François Lisée.
M. Cloutier a été dans le collimateur de M. Lisée, mais également dans celui de Martine Ouellet et de Paul St-Pierre Plamondon. Ils lui ont encore une fois reproché son « ambiguïté ».
« Certains vous diront que, pour battre Philippe Couillard, il faut continuer dans l’ambiguïté et tasser l’indépendance. Ça, c’est la vieille recette qu’on a faite en 2014. C’est exactement la recette perdante qu’on a eue », a martelé Mme Ouellet, qui est la seule candidate à s’engager à tenir un référendum dans un premier mandat. Il s’agit d’une condition sine qua non à la convergence des indépendantistes éparpillés au PQ, à Québec solidaire et à Option nationale ou encore réfugiés dans le camp des orphelins politiques, a-t-elle martelé. « Essayez donc de mobiliser [en disant l’indépendance] va être dans 10 ans ou dans 15 ans. Les gens vont vous dire : “Vous m’en reparlerez dans 10, 15 ans !”» a dit la députée de Vachon, tout en se réclamant de René Lévesque (1976) et de Jacques Parizeau (1994).
En revanche, Jean-François Lisée et Paul St-Pierre Plamondon promettent tous deux de ne pas tenir une consultation populaire sur le pays du Québec avant 2022. « Pourquoi on est pour l’indépendance, c’est qu’on aime le Québec. Je veux dire trop : on l’aime trop pour le laisser encore quatre ans au gouvernement libéral le plus toxique de notre histoire », a poursuivi M. Lisée. À ses yeux, « six ans de travail patient » sont nécessaires pour gonfler le nombre d’indépendantistes, « à Québec et en Beauce » et chez les non-francophones, notamment. « [On va] dire aux aînés que les chèques [pension de la Sécurité de la vieillesse] vont juste changer de couleur », a-t-il promis.
Paul St-Pierre Plamondon presse les membres du PQ de s’atteler tout d’abord à la tâche de chasser la « culture du mensonge [et de] découragement » promue par le Parti libéral du Québec. « Je ne voudrais pas que mes enfants vivent dans ce Québec-là. »
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PREMIER DÉBAT OFFICIEL POUR LA CHEFFERIE DU PQ
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