Huawei veut déménager son centre de recherche des États-Unis vers le Canada

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La Canada est pourtant le 51e État américain


Huawei prévoit déménager son centre de recherche et développement des États-Unis au Canada, affirme son fondateur, Ren Zhengfei, dans une entrevue accordée au Globe and Mail depuis le quartier général de la compagnie à Shenzhen, en Chine.




M. Ren soutient que cette décision est justifiée par l’hostilité des États-Unis envers sa compagnie. Il entend d’ailleurs, pour cette même raison, fabriquer des équipements pour la technologie 5G, la cinquième génération du réseau de communications mobiles.



Le centre de recherche et développement [de Huawei] quittera les États-Unis. Et il sera relocalisé au Canada.


Ren Zhengfei, fondateur de Huawei, en entrevue au Globe and Mail


Les activités de recherche et développement de Huawei aux États-Unis sont gérées par une filiale, Futurewei, qui a des installations à Santa Clara, Seattle, Chicago et Dallas. Huawei dit avoir investi 510 millions de dollars américains dans Futurewei en 2018.


Huawei a supprimé 600 emplois chez Futurewei en juillet, après que Washington a interdit aux réseaux américains de télécommunications d'acheter de l'équipement à des sociétés étrangères considérées comme un risque pour la sécurité nationale. Selon le Globe, elle n'y compte plus que 250 employés.


Craignant que la Chine n'utilise Huawei à des fins d'espionnage, les États-Unis ont interdit à la compagnie de participer au développement de réseaux 5G et pressent leurs alliés de faire de même. L'Australie et la Nouvelle-Zélande ont fait de même, mais Ottawa n'a toujours pas tranché la question.


Un employé vend des téléphones intelligents Huawei P30 dans un centre commercial à Bangkok, en Thaïlande, le 22 mai 2019.

En conflit commercial avec la Chine, les États-Unis interdisent à Huawei de s'approvisionner auprès de fournisseurs américains.


Photo : Reuters / Soe Zeya Tun




Selon Ren Zhengfei, Huawei a déjà accru son effectif de 900 à 1200 employés au Canada depuis le début de l’année, et sa stratégie d’affaires pour les États-Unis est déjà menée depuis Ottawa.


Le fondateur du géant chinois des télécommunications ne peut cependant dire quand cette relocalisation se concrétisera. Cela dépendra de la capacité de la compagnie à faire déménager ses employés américains au Canada, explique-t-il.


Meng Wanzhou utilisée comme un pion par Washington


L’entrevue de M. Ren au quotidien torontois a été accordée pratiquement un an jour pour jour après que sa fille Meng Wanzhou, la directrice financière de la compagnie, a été arrêtée à Vancouver à la demande des autorités américaines.


L’affaire a entraîné une rapide détérioration des relations entre le Canada et la Chine. Dans les jours qui ont suivi, deux Canadiens, l’ex-diplomate Michael Kovrig et l’homme d’affaires Michael Spavor, ont été arrêtés avant d'être accusés d’espionnage.


Michael Kovrig (à gauche) et Michael Spavor (à droite) ont été arrêtés par les autorités chinoises.

Michael Kovrig (à gauche) et Michael Spavor (à droite) sont détenus en Chine depuis un an.


Photo : La Presse canadienne/Twitter




Les deux hommes demeurent détenus en Chine dans des conditions difficiles, tandis que Mme Meng vit dans une résidence cossue de Vancouver en attendant la fin des audiences d'extradition, après avoir été libérée sous caution.


L’entrevue laisse cependant entrevoir que M. Ren blâme clairement Washington pour cette situation, et non Ottawa.


C’est clairement de l’ingérence politique de la part des États-Unis. Je crois que le Canada devrait demander [au président américain Donald] Trump] de le rembourser pour ses pertes, déclare-t-il.



L’objectif fondamental des États-Unis est d’essayer d’écraser Huawei, et Meng Wanzhou a uniquement été utilisée comme un pion.


Ren Zhengfei, fondateur de Huawei, en entrevue au Globe and Mail


Après l’arrestation de Mme Meng, la Chine a également suspendu ses importations de viandes canadiennes et de canola, en évoquant des problèmes de sécurité, faisant subir d’importantes pertes aux agriculteurs canadiens.


Les importations de viande ont depuis repris, mais pas celles de canola.


L'entrevue de M. Ren a été accordée le jour même où Mme Meng a publié une lettre sur le site de Huawei. Elle se montre sereine malgré sa situation au Canada, salue la gentillesse des gens et ne critique aucunement le gouvernement.


Une femme marche à côté d'un garde de sécurité pendant que des gens la photographie.

Meng Wanzhou quitte son domicile pour se rendre à la Cour suprême de la Colombie-Britannique le 8 mai.


Photo : Radio-Canada / Ben Nelms




Le début des audiences en vue de son extradition vers les États-Unis aura lieu le 20 janvier.


Mme Meng, Huawei et trois de ses filiales, Huawei Device, Huawei Device USA et Skycom Tech, sont accusés par le département américain de la Justice d'avoir violé des sanctions contre l'Iran et volé des secrets commerciaux.




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