Harper, la voix d'Israël à Deauville?

Le premier ministre serait intervenu auprès du G8 à la demande de Nétanyahou au sujet des frontières d'un futur État palestinien

Nouvel Ordre mondial


Marco Bélair-Cirino - Le premier ministre canadien Stephen Harper était-il en mission commandée au Sommet du G8 de Deauville, qui s'est conclu vendredi dernier avec la diffusion d'une déclaration éludant les «lignes de 1967» comme point de départ pour négocier les frontières d'un futur État palestinien?
Selon l'édition d'hier du quotidien Haaretz, son homologue israélien, Benjamin Nétanyahou, lui aurait téléphoné mardi dernier afin de le convaincre d'empêcher les sept autres dirigeants du Groupe des huit d'appuyer l'idée d'un État palestinien basé sur les frontières de 1967.
C'est archifaux, a toutefois rétorqué le directeur des communications du chef de gouvernement canadien, Dimitri Soudas.
M. Harper s'est entretenu avec «différents leaders au cours des derniers jours, y compris le premier ministre israélien de même que le dirigeant de la Ligue arabe», mais n'a pas discuté du Sommet du G8 avec lui, a-t-il expliqué dans un courriel à La Presse canadienne.
L'opinion du premier ministre au sujet du processus diplomatique au Moyen-Orient devant mener à la cohabitation de deux États (un État juif reconnu comme tel et un État palestinien) est bien connue, a ajouté M. Soudas. «La politique canadienne à ce sujet est de longue date!»
De passage hier dans le village grec de Kalavryta, site d'un massacre survenu durant la Seconde Guerre mondiale, où il a déposé une gerbe de fleurs à un monument soulignant la mort de 656 personnes exécutées par les Allemands en 1943 — dont le grand-père de M. Soudas —, Stephen Harper n'a pas répondu aux questions des journalistes.
De son côté, l'entourage du premier ministre israélien s'est contenté d'indiquer au quotidien que Benjamin Nétanyahou était constamment en contact avec des dirigeants d'autres États pour «faire avancer le processus diplomatique».
À l'occasion d'un discours prononcé il y a moins de deux semaines, le président des États-Unis, Barack Obama, suggérait de reprendre les négociations d'accord de paix entre Israël et la Palestine en se basant sur les frontières qui existaient en 1967, avant la guerre des Six Jours, lors de laquelle l'armée israélienne a notamment mis la main sur Jérusalem-Est, la Cisjordanie et la bande de Gaza.
Selon le quotidien Haaretz, Israël était particulièrement préoccupé par cette proposition, d'autant plus qu'au moins sept des huit pays membres du G8 étaient en faveur de son inclusion dans la déclaration du Sommet de Deauville.
M. Nétanyahou a téléphoné à M. Harper, mardi, avant le début du sommet du G8 en France, a souligné l'influent journal, qui cite un haut représentant israélien.
Dans son entretien téléphonique avec Stephen Harper, le premier ministre israélien aurait fait valoir qu'aborder la question des frontières serait nuisible aux intérêts de son pays, en plus d'être perçue comme une récompense aux Palestiniens.
Ainsi, la proposition des États-Unis a été balayée de la déclaration du G8 en raison d'objections soulevées par le Canada, ont soutenu sous le couvert de l'anonymat des diplomates européens.
«Les aspirations des peuples de la région [Moyen-Orient] doivent être prises en compte, y compris celles des Palestiniens à un État viable et souverain et celles des Israéliens à la sécurité et à l'intégration régionale», ont déclaré d'une même voix les dirigeants américain, japonais, allemand, français, anglais, italien, russe et canadien. «Le moment de reprendre le processus de paix, c'est maintenant», ont-ils ajouté sans suggérer de point de départ aux négociations sur les frontières d'un futur État palestinien.
D'autre part, le journal israélien rapporte, sur son site Web, que le ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, a remercié son homologue canadien, John Baird, pour la prise de position canadienne pendant le sommet du G8.
«Le Canada est un véritable ami d'Israël, doté d'une vision réaliste et correcte des choses, et qui comprend que les frontières de 1967 ne correspondent pas aux besoins de sécurité d'Israël ni à la réalité démographique actuelle», a dit M. Lieberman.
Le gouvernement de Stephen Harper apparaît comme un allié indéfectible du gouvernement israélien, même si le premier ministre a pris soin de ne pas remettre en question publiquement la proposition de Barack Obama pendant le sommet du G8.
«Le président Obama a mis l'accent sur une solution à deux États, l'un d'entre eux étant un État juif reconnu comme tel et l'autre, un État palestinien démilitarisé», avait affirmé Stephen Harper. «Je pense que cet aspect, tout comme d'autres éléments, est important à souligner. Dans son ensemble, la position américaine est très équilibrée et il n'y a aucun doute que le Canada peut l'appuyer.»
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Avec La Presse canadienne


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