Harper attaque « la coalition », avec quelques contradictions

2 mai 2011 - Harper majoritaire



Stephen Harper devant ses partisans à Brampton, le 27 mars 2011.
Photo: La Presse Canadienne /Adrian Wyld


Le rassemblement partisan du Parti conservateur à Brampton, en Ontario, dans la grande région de Toronto, a été dominé par le sujet de la formation d'un éventuel gouvernement de coalition libéral-néo-démocrate, avec l'appui du Bloc québécois, si le scrutin du 2 mai résultait en un gouvernement conservateur minoritaire.
Le chef conservateur Stephen Harper, qui a lui-même abordé le sujet dans son allocution, a ensuite subi un interrogatoire serré des journalistes sur ses propos passés sur l'idée d'une coalition, à l'époque du gouvernement libéral minoritaire de Paul Martin.
Stephen Harper est d'abord passé à l'attaque en énumérant les éléments du budget présenté en fin de session parlementaire, et en martelant que « la coalition » avait refusé des politiques qui auraient pu aider les Canadiens, sans augmenter les taxes et les impôts selon lui.
La coalition a dit non [...] les conservateurs disent oui.
— Stephen Harper

Pour M. Harper, « la coalition » ne veut qu'augmenter les impôts et les taxes et menace la stabilité du Canada. Le chef du Parti conservateur a accusé ses adversaires libéraux, néo-démocrates et bloquistes de vouloir prendre le pouvoir sans gagner les élections.
Reprenant ses arguments de la veille, Stephen Harper a mis en doute le fait que des partis aux intérêts différents puissent travailler ensemble. Samedi, M. Harper avait lancé une mise en garde contre une alliance entre des « archicentralisateurs » et des « souverainistes québécois ».
Comment peuvent-ils s'engager à travailler ensemble quand ils ne sont pas tous engagés à être Canadiens?
— Stephen Harper

Plusieurs journalistes sont revenus à la charge en citant l'épisode de 2004 évoqué déjà samedi par le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe. Lettre à l'appui, M. Duceppe a rappelé que Stephen Harper, lorsqu'il était dans l'opposition, avait lui-même convoqué le Nouveau Parti démocratique et le Bloc pour discuter de la formation d'une coalition pour renverser les libéraux de Paul Martin.
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La lettre que Stephen Harper, Gilles Duceppe et Jack Layton ont envoyée à la gouverneure générale Adrienne Clarkson, [le 9 septembre 2004->36444], au sujet de la création éventuelle d'un gouvernement de coalition.
Les trois chefs y disaient :

« Nous faisons respectueusement remarquer que les partis d'opposition, qui ensemble forment une majorité à la Chambre des communes, ont été en étroit contact. Nous croyons que, si une demande de dissolution était formulée, cela vous donnerait une raison, comme le prévoit la pratique constitutionnelle, de consulter les chefs d'opposition et d'évaluer toutes vos options avant d'exercer votre pouvoir constitutionnel. »


Pressé de questions au sujet de cette contradiction, M. Harper s'est défendu en disant qu'il n'essayait pas de faire tomber le gouvernement Martin à l'époque. Alors que le personnel des communications du Parti conservateur peinait à faire régner l'ordre à la conférence de presse, Stephen Harper a répété qu'il avait pris le pouvoir en remportant le plus grand nombre de sièges lors d'élections générales.
« On doit gagner une élection pour former un gouvernement », a réitéré le chef conservateur. En français, M. Harper a ensuite parlé de la signification d'un vote pour le Bloc québécois, rappelant que le parti souverainiste avait inclus, dans sa plateforme électorale, la possibilité d'appuyer une éventuelle coalition libérale-néo-démocrate. « [Gilles] Duceppe dit :"Je m'oppose à un gouvernement conservateur et je suis prêt à supporter un gouvernement libéral". Alors, c'est la porte rouge », a-t-dit. Il a ensuite eu un commentaire qui en a surpris certains.
Si les Québécois votent pour le Bloc québécois, ils vont recevoir un gouvernement [libéral] de Michael Ignatieff. S'ils ne veulent pas une telle option, ils doivent voter pour un gouvernement conservateur. Ma position est bien claire.
— Stephen Harper

M. Harper a affirmé que son gouvernement avait apporté « stabilité et sécurité » au Canada, ce qui a permis au pays, selon lui, de passer à travers la crise économique des deux dernières années.
Auparavant, le ministre sortant Jason Kenney a de nouveau lancé un avertissement contre l'éventuelle formation d'un gouvernement de coalition libéral-néo-démocrate, avec l'appui du Bloc québécois. M. Kenney a même cité l'animateur de psycho-pop américain Dr Phil pour décrire les intentions, selon lui, de l'opposition, affirmant que « le meilleur indicateur du comportement futur est le comportement passé ».
Enfin, le chef conservateur Stephen Harper a cité Wilfrid Laurier qui avait affirmé que « le 20e siècle appartiendra au Canada ». Stephen Harper, dont l'intérêt pour le sport est connu, a donné l'exemple des 14 médailles d'or remportées par le Canada lors des Jeux olympiques d'hiver de Vancouver, en février 2010.
La conférence de presse a d'ailleurs pris fin sur une note sportive qui a semblé soulager le chef conservateur. Tandis que plusieurs journalistes tentaient de poser d'autres questions sur l'idée de coalition, la responsable de la conférence de presse a autorisé une dernière question, celle d'un représentant de la station CP24, qui a demandé à M. Harper ce qu'il pensait des difficultés de l'équipe de hockey des Maple Leafs de Toronto.


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