Boycott

«Harcelé» par son député

Le vendeur de tapis limite son regard à la caisse enregistreuse... posture bourgeoise, a-sociale, in-humaine. Comment ne pas boycotter les produits d'une société qui tue comme elle ment, et qui ment comme elle respire!


En pleine période de magasinage des fêtes, un commerçant montréalais se dit harcelé par un groupe de manifestants anti-israéliens auquel s'associe son propre député, Amir Khadir, qui lui reproche de vendre quelques paires de souliers fabriqués en Israël.

Yves Archambault n'en revient toujours pas. Samedi dernier, son député provincial s'est pointé devant la boutique qu'il tient sur la rue Saint-Denis depuis 25 ans, non pas pour le saluer, mais pour inciter ses clients à le... boycotter.
Chaudement vêtu, Amir Khadir a manifesté pendant quelques heures aux côtés de son père, Amoudjafar, et de militants antiisraéliens, pour distribuer des tracts aux passants. Le député poussait le zèle jusqu'à demander aux clients de ne pas entrer dans la boutique de souliers de M. Archambault.
Après les parcomètres, le député
«Ça m'horripile énormément», admet le commerçant, qui travaille dans sa boutique avec son épouse et ses enfants.
«Quand on sait que le commerce est difficile sur la rue Saint-Denis, que les parcomètres sont rendus à des prix bien trop élevés, M. Khadir devrait plutôt travailler à favoriser le commerce sur le Plateau, au lieu de faire des conneries ridicules comme ça», rage-t-il.
Yves Archambault n'a pourtant rien d'un militant sioniste israélien. Son crime, aux yeux d'Amir Khadir et des organismes anti-israéliens, est de vendre quelques modèles de souliers d'une marque israélienne, parmi les centaines de souliers dans sa boutique.
«Moi et ma conjointe, on est apolitique, même au Québec. On travaille 50, 60 heures par semaine habituellement. On n'a pas vraiment le temps de regarder ce qui se passe (en politique inter nationale) », fait-il remarquer.
Les manifestations devant son commerce ont commencé au mois d'octobre dernier. C'est un petit groupe, nommé Palestiens et Juifs unis (PAJU), qui les organise dans le cadre d'une campagne plus vaste, appelée Boycott Désengagement Sanctions (BSD).
«Depuis un mois environ, ils viennent à toutes les semaines. Ils viennent toujours le samedi, qui est notre plus grosse jour née d'achalandage, et dans la plage horaire la plus achalandée, de 13 h à 15 h», déplore M. Archambault.
Khadir refuse de s'expliquer
Le député de Mercier a refusé de répondre à nos questions pour expliquer sa présence devant ce commerce de son comté. Mais son attaché de presse, Christian Dubois, nous a indiqué que M. Khadir avait participé à cette manifestation, comme il le fait souvent. «Amir s'est rendu comme simple participant, comme il le fait pour plein de manifs dans l'année», a-t-il précisé.
Pourtant, selon le propriétaire de la boutique, le député prenait part activement à la manifestation.
«M. Khadir a dit aux passants qui essayaient d'entrer dans la boutique : 'Vous n'allez quand même pas entrer dans un commerce qui vend des produits israéliens ? Il ne leur demandait pas de ne pas acheter de produits israéliens ; il leur demandait carrément de ne pas entrer dans notre commerce...»
* À Montréal, la campagne de boycott a aussi visé les magasins La Baie, Mountain Coop Equipment et Chapters/Indigo, mais les manifestations n'ont jamais été aussi systématiques et répétées que devant Le Marcheur.
* Le président de PAJU, Bruce Katz, n'a pas retourné nos appels.


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