Guerre et paix

Tribune libre

Je suis persuadé que nous souhaitons tous vivre dans un monde définitivement pacifié. D’autant plus que la planète émerge à peine d’une pandémie mondiale et qu`elle est confrontée à des défis d’adaptabilité climatique inédites. Ces circonstances particulières bousculent nos schémas politiques, socioéconomiques et sont d’une ampleur telle qu’elles requièrent la coopération de tous les peuples. On ne peut plus consacrer des énergies et des ressources colossales à s’autodétruire, à jouer à la guerre, si tant est que ce soit un jeu.


Il n’y a pas cinquante-six façons d’arriver à ce nirvana pacifique : prendre le contrôle démocratique à la fois de la production et de la diffusion des armes létales, de la politique extérieure, des engagements et des opérations militaires tous azimuts. Cette belle utopie repose sur le fait  que toute la quincaillerie militaire est payée à même les impôts, les taxes et les tarifs des services publics collectés par les gouvernements. Il n’y a rien qui justifie la démission tranquille de la société civile à l’égard de ses responsabilités dans un contexte que l’on prétend démocratique.   


Toute guerre est une tragédie pour les peuples qui la subissent, peu importe son intensité, sa durée, les raisons qui la motivent. Et un jour, toute guerre trouve son issue dans des négociations de paix entre les belligérants. Alors pourquoi ne pas sauter l’étape de la guerre pour solutionner les conflits entre peuples afin de vivre dans un monde définitivement pacifié que nous désirons (?). En l’occurrence, Analyser, commenter et discuter de la guerre en Ukraine sans perspectives historiques et données géopolitiques est une démission et une trahison de l’esprit critique, une injure à l’intelligence. On pourrait feindre l’indifférence, ou se contenter de stigmatiser l’une des parties au conflit, si les risques de dérapage n’étaient pas autant apocalyptiques. Ils le sont malheureusement.


Depuis l’implosion de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) au tournant des années 1989 et 1990, la dissolution de l'alliance militaire du pacte de Varsovie en 1991, l’indépendance de l’Ukraine accordée la même année, les russes se sont repliés sur leurs frontières. Ce changement majeur de paradigme était un effort remarquable de pacification dicté en bonne partie par les problèmes socioéconomiques internes de la Russie. Ce réalignement politique valut à Mikhaïl Sergueïevitch Gorbatchov (1931-2022) une reconnaissance internationale : le prix Nobel de la paix. Les efforts de ce véritable chef d’État auraient dû être renchaussés par les occidentaux, d’autant plus que la Russie connaissait de graves tensions politiques intérieures. 


Quelle fut la réponse de l`occident au cours des trente dernières années ? L'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), une alliance militaire créée le 4 avril 1949, a verrouillé la frontière occidentale de la Russie depuis la mer de Barents et la mer Baltique, jusqu’à la partie occidentale de la mer noire, en admettant dans ses rangs des pays autrefois sous influence soviétique. À l’exception de la Biélorussie et de la Moldavie, les principaux pays par ordre d’admission dans les rangs de l’OTAN sont : en 1999, la Pologne, la Tchéquie et la Hongrie, en 2004, l’Estonie, la Lituanie, la Lettonie, la Bulgarie, la Roumanie, en 2009, la Croatie, en 2017, le Monténégro, en 2020 la Macédoine du nord. L’Ukraine devait être le dernier écrou de ce dispositif d’enfermement suivi ou précédé éventuellement de l’admission de la Finlande et de la Suède. Déjà au nord, la Norvège est membre de l’Otan depuis 1949. Au sud de l’Ukraine, la Mer d’Azov et la Mer noire débouchent dans la mer de Marmara par le détroit du Bosphore en territoire turc puis dans la Mer Égée par le détroit des Dardanelles, laquelle Mer Égée baigne les côtes de la Grèce. Or, la Turquie et la Grèce sont membres de l’Otan depuis 1952.


Se pose alors une question toute simple : qui a mené une guerre d’agression en Europe de l’est au cours des trente dernières années sans se soucier de possibles réactions ou préoccupations sécuritaires des dirigeants russes ?


La Russie et l’Ukraine n’ont pas toujours été à couteaux tirés. Les 7 et 8 décembre 1991, la Russie, la Biélorussie et l’Ukraine ont fondé l’Union des États souverains (USG) devenus ultérieurement la Communauté des États indépendants (CEI). La Communauté regroupe l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) et l’Union économique eurasiatique. L’objectif avoué de ces organisations est d’assurer l’intégration économique et politico-militaire au sein de l’espace postsoviétique. En font partie : la Russie, la Biélorussie, l’Arménie, l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan, le Kirghizistan, L’Ouzbékistan et le Tadjikistan. L’Ukraine s’est dissocié de la CEI en 2014  et retiré totalement en 2018.


Pourquoi ce désistement de l’Ukraine ? Etait-ce pour se rapprocher de l’Union européenne et de l’Otan, en oubliant les liens historiques qui la lient à la Russie et en faisant fi de l’intérêt des russophones ukrainiens ? Aux yeux du Kremlin, cela devait-il passer sans plus de formalité comme une lettre à la poste ?


Puis, il ne faut pas éluder une autre question cruciale : quel est l’intérêt des États-Unis dans le conflit russo-ukrainien qui se déroule à quelques milliers de kilomètres de leurs frontières et leur coûte des milliards de dollars en armements de toutes sortes ? Altruisme ? Grandeur d’âme ? Pure philanthropie ? Ou folle envie de dépecer la Russie et s’approprier ses ressources naturelles avant de bastonner les dirigeants chinois ? Toutes ces réponses ? Aucune de ces réponses ou quoi d’autre ?


Toutes ces informations et questionnements sont accessibles à tous ceux qui veulent bien s’en donner la peine et devraient être discutées sérieusement dans nos médias sans parti pris préalable par nos journalistes correspondants à l’étranger. C’est à eux qu`il incombe de faire un vrai travail journalistique d’analyse et de réflexion aussi objectif que possible, au nom de la paix et pour la paix.


En principe, personne ne veut vivre les horreurs de la guerre. Car, ça n’existe pas une guerre propre, ça n’a jamais existé. La guerre tue les combattants de toutes les parties au conflit et les civils, beaucoup de civils, tout en détruisant leurs biens. Que ce soit en Ukraine, en Irak, en Afghanistan ou ailleurs sur la planète, on en veut pas de leurs sales guerres. N’est-ce pas ?


Yvonnick Roy


Québec


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