Grexit: Les Européens auraient cherché à bloquer un sombre rapport du FMI

83de8d095ae7f119dc6ce43412ac8fdd

L'Union Européenne pourra-t-elle survivre à la crise grecque ?

Les pays de la zone euro ont tenté en vain d'empêcher la publication jeudi du rapport du Fonds monétaire international (FMI) sur la dette de la Grèce, dont le gouvernement d'Alexis Tsipras s'est emparé vendredi pour le présenter comme un argument de poids en faveur du "non" au référendum organisé dimanche, a-t-on appris de sources informées de ces débats.
Dans son rapport publié à Washington, le FMI estime que la dette de la Grèce ne sera pas viable si elle n'est pas considérablement allégée, éventuellement via une annulation de prêts accordés par ses partenaires de la zone euro.
Le Fonds ajoute que la Grèce aura besoin de 50 milliards d'euros d'aide supplémentaire au cours des trois prochaines années pour couvrir ses besoins de financement.
Dans une allocution télévisée vendredi, Alexis Tsipras a invoqué ce rapport "d'une importance politique majeure" pour exhorter les Grecs à voter "non" dimanche lors du référendum portant sur des projets de réformes proposés par les créanciers de la Grèce en échange de leur aide financière.
Lors d'une réunion du conseil d'administration du FMI mercredi, les membres européens de l'institution se sont interrogés sur l'opportunité de publier un tel rapport à trois jours d'une consultation populaire susceptible d'entraîner la Grèce hors de la zone euro en cas de victoire du "non".
Il n'y a pas eu de vote mais les Européens étaient manifestement minoritaires et les Etats-Unis, dont la voix est prédominante au sein du FMI, étaient nettement favorables à la publication du rapport, selon ces sources.
"Cela n'a pas été décision facile", a dit une source du FMI impliquée dans ce dossier. "Nous ne vivons pas dans une tour d'ivoire ici. Mais l'UE doit comprendre que tout ne peut pas se décider en fonction de ses propres impératifs."
DIVERGENCES ÉTALÉES AU GRAND JOUR
Tous les arguments ont été soupesés par le conseil d'administration, y compris le risque d'une récupération politique de ce document, mais l'opinion majoritaire était que tous les chiffres et tous les éléments de réflexion devaient être exposés de manière transparente avant le vote des Grecs.
"Les faits sont têtus. On ne peut pas cacher les faits sous prétexte qu'ils peuvent être exploités", a dit cette source du FMI.
La porte-parole du FMI, Angela Gaviria, a refusé de s'exprimer à ce sujet.
La publication de ce rapport étale au grand jour les divergences entre le FMI et les institutions européennes, qui étaient contenues depuis des mois dans le huis clos des discussions.
Le FMI juge que le fardeau de la dette grecque, qui représentait 177% du produit intérieur brut (PIB) fin 2014, ne peut être supporté par la Grèce qu'à la condition que ses partenaires au sein de la zone euro lui consentent de nouveaux prêts et une nouvelle restructuration de dette.
En Allemagne et dans de nombreux autres pays européens, certains plus pauvres que la Grèce, une telle perspective est jusqu'à présent taboue car elle reviendrait à expliquer aux contribuables qu'ils ne récupéreront jamais des milliards d'euros avancés à Athènes.
Durant les cinq mois de négociations avec le gouvernement d'Alexis Tsipras, élu en janvier sur la promesse de mettre fin aux politiques d'austérité, les autres pays de la zone euro ont fermement exclu de discuter du niveau d'endettement de la Grèce tant qu'Athènes n'aurait pas accepté un ensemble de réformes susceptibles de pérenniser le redressement de ses comptes publics et de soutenir sa croissance économique.
Certains diplomates avancent que le FMI, en publiant ce rapport avant le référendum, a tenu à signifier clairement aux Européens qu'il ne participerait à un nouveau programme d'aide à la Grèce que si eux-mêmes acceptaient d'y inclure un allègement de la dette.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé