Gilles Duceppe sur la défensive

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Élection fédérale 2008 - le BQ en campagne


Gilles Duceppe, chef du Bloc québécois, était en visite dans un verger de Sainte-Cécile-de-Milton hier. Ol s'est pas la suite rendu à une assemblée à Saint-Bruno-de-Montarvielle, sur la Rive-Sud. (Photo PC)

Malorie Beauchemin - Sainte-Cécile-de-Milton - Une salve de tirs fratricides et des questions de religion ont forcé Gilles Duceppe à se mettre sur la défensive, hier, au quatrième jour d'une campagne qui s'annonce mouvementée pour le chef bloquiste.

Accusé par le premier ministre Stephen Harper de faire campagne contre la religion catholique, pour avoir remis en question les pratiques religieuses d'une candidate conservatrice membre de l'Opus Dei, M. Duceppe s'est renfrogné.
«Franchement, c'est pas sérieux, a-t-il lancé. J'avais un prêtre catholique dans ma députation. J'ai des amis parmi les catholiques. Je ne fais pas campagne contre le pape noir et l'Opus Dei. Je fais campagne contre Stephen Harper.»
Cela ne l'a pas empêché, en soirée, de revenir sur le sujet de cette candidate, Nicole Charbonneau Barron, membre de l'organisation catholique ultraconservatrice.
«Tout le monde a le droit de se présenter comme candidat, Opus Dei, ou non. Par contre, les gens ont le droit de savoir qui se présente, et cacher son appartenance à l'Opus Dei, comme l'a fait la candidate de M. Harper, ça manque de transparence», a estimé M. Duceppe, au cours d'une assemblée à Saint-Bruno-de-Montarville, où se présente la candidate conservatrice en question.
La députée bloquiste qui se représente, Carole Lavallée, en a pour sa part rajouté, tournant en dérision certaines croyances catholiques. «J'ai une confession à vous faire, je ne suis pas membre de l'Opus Dei», a-t-elle dit d'emblée, soulevant l'hilarité et les applaudissements dans la salle où étaient réunis 200 militants.
«J'ai pas de secret, je suis transparente, je suis honnête. Si par hasard, j'ai fait un péché d'omission, je vous demande votre absolution, a-t-elle ajouté sur un ton moqueur. Aussi paradoxal que ça puisse paraître, ce qu'on voit à Ottawa, c'est que le péché est très conservateur. Au comité de l'éthique, où je siège, des mensonges et de la tricherie, j'en ai vu.»
La veille, le chef bloquiste avait qualifié de «spéciales» certaines pratiques prêchées par l'Opus Dei, dont l'autoflagellation.
Tirs fratricides
La journée avait par ailleurs plutôt mal commencé pour Gilles Duceppe, avec la sortie, dans La Presse, du ténor souverainiste Jacques Brassard contre le Bloc, devenu selon lui trop à gauche: un «clone» du NPD sur la scène fédérale, dit-il.
Bombardé de questions dans trois entrevues à la radio et un point de presse, le chef bloquiste a dû se justifier contre ces attaques provenant de son propre camp. «Si vous me demandez si je suis content qu'il pense cela, bien sûr que je ne suis pas content», a dit M. Duceppe, à la radio Énergie de Sherbrooke.
Le chef du Bloc a vivement rejeté la comparaison avec le NPD, un parti selon lui centralisateur, en faveur du pouvoir fédéral de dépenser, pour le multiculturalisme et contre le libre-échange.
Mais ça n'en prenait pas plus pour que les autres partis saisissent la balle au bond. Le chef du NPD, Jack Layton, a suggéré que les Québécois favorisent donc son parti au détriment du Bloc québécois.
Lors d'un arrêt de campagne à Walkerton en Ontario, le chef libéral, Stéphane Dion, a estimé que cette sortie de M. Brassard confirmait que le Bloc ne sert à rien. «Je comprends très bien son désarroi quant à l'inutilité du Bloc, a dit M. Dion aux journalistes. Donc, le Bloc est inutile; on est d'accord là-dessus.»
Là où le bât blesse pour le chef libéral, c'est lorsque Jacques Brassard semble applaudir certaines politiques du gouvernement Harper. «Les Québécois ne veulent pas de cela, a ajouté M. Dion. Nous, les Québécois, nous voulons un Canada progressiste, un Canada qui regarde les défis en face et qui les solutionne pour nous et pour nos enfants.»
Voir aussi la lettre de Jacques Léonard, ex-ministre du PQ et vice-président du Bloc québécois, en page A25.
Avec la collaboration de Gilles Toupin et La Presse Canadienne.


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