L'opposition péquiste s'est emparée jeudi d'une autre affaire dans laquelle elle voit l'ombre de l'argentier libéral Franco Fava.
L'entreprise de M. Fava, Neilson, a obtenu un contrat du ministère des Transports, pour le refiler ensuite à une entreprise dont l'ex-ministre du Travail, David Whissell, est copropriétaire par l'entremise d'une fiducie.
M. Fava s'est fait connaître récemment en affirmant qu'il avait lui-même recommandé la nomination du plus haut fonctionnaire du gouvernement du Québec, Gérard Bibeau.
«Le premier ministre ne trouve-t-il pas embarrassant de voir que son principal collecteur de fonds dans la région de la Capitale-Nationale peut non seulement influencer les décisions de son gouvernement, mais qu'il gratifie l'entreprise de l'un des membres du conseil des ministres de généreux contrats?» a demandé le porte-parole péquiste en matière de Transports, Stéphane Bergeron, à la période de questions.
Le contrat portait sur la construction d'un viaduc de l'autoroute 50, pour la montée Fassett, en Outaouais, qui a dû être démoli en 2008 en raison de défauts majeurs. Les péquistes qualifient ce contrat de «fiasco».
Le PQ reproche à M. Fava d'avoir ainsi récompensé M. Whissell en favorisant une entreprise, ABC Rive-Nord, dans laquelle une fiducie dont il est bénéficiaire a investi. «Tout cela a l'air un peu malsain», a commenté M. Bergeron en entrevue téléphonique.
Pour M. Whissell, le PQ «charrie» et se livre à du «salissage» avec des «mensonges». Dans un entretien téléphonique, il a rappelé qu'il intervient nullement dans ABC Rive-Nord, puisque ses intérêts sont placés en fiducie. Il assure qu'il ne savait rien de cette histoire jusqu'à ce que ce litige sur le bétonnage soit rapporté dans les médias. Il a aussi ajouté qu'après vérification. M. Fava n'avait plus d'intérêts dans Neilson au moment des faits allégués.
Il a précisé qu'il connaît depuis longtemps M. Fava à titre de militant, mais qu'il ne savait pas au tout début qu'il était entrepreneur dans le domaine de la construction. Il a indiqué n'avoir jamais eu vent d'aucune relation d'affaires entre les compagnies. «Ce sont des entreprises qui ont établi des relations d'affaires indépendamment de ma fonction et indépendamment de celle de M. Fava. C'est un pétard mouillé tout ça.»
En Chambre, le ministre délégué aux Transports, Norm MacMillan, a rétorqué que le contrat a été dûment accordé à Neilson par appel d'offres. Il a aussi précisé que l'ouvrage avait dû être démoli en raison d'une avarie à l'usine de fabrication de béton.
«Le ministère des Transports a pris ses responsabilités et a demandé de recommencer le viaduc, point à la ligne», a répondu le ministre. Selon le porte-parole du ministre, Dany Hubert, le Ministère a exigé de Neilson la reconstruction du viaduc, sans frais, et l'entreprise a accepté.
Par ailleurs, le PQ accuse aussi la compagnie Neilson d'avoir eu le culot de présenter des réclamations au gouvernement pour un autre contrat routier. Neilson demande 9,9 millions de dollars dans cette affaire qui est devant les tribunaux.
(Presse canadienne)