EUX ET « NOUS » !

Le "Nous" - l'expérience québécoise

Landry comme Marois se posent de graves questions très publiquement. Il y a en effet débat : l’intégration des « eux » au « nous », ce « nous » qui dérange, ce « nous » qui formons plus de 80 % du peuple québécois. Partout dans le monde, il n’y a pas ce problème. En Espagne comme en Italie, en France comme en Allemagne, 80% fait que « la paix sociale » règne. Ici, au Québec où nous sommes une sorte d’îlot « étranger » il en ira toujours tout autrement. Si on a le sens de la durée, de la survie, il faut bien combattre. Combattre quoi ? Le fabuleux phénomène de « l’américanisation » galopante. Elle fait des dégâts partout, même à Paris, France.
Donc Marois comme Landry, et Charest comme Dumont, abordent ce thème délicat : le « eux », les nouveaux-venus, et le « nous », majoritaire et pourtant fragile à la fois. Les propos qui dérangent sont inévitables. Cela face, non pas seulement à la question « migrants au Québec », mais aussi sur leur résistance au français, qui est notre âme, notre raison de combattre. Il en va de notre survivance. Ce « nous », c’est un tout petit 2% de la population sur ce continent américain. Il faut donc parler carrément de « résistance » car il n’y a pas d’autre mot. Or voici une sénatrice, Hervieux-Payette, tout comme l’éditorialiste Pratte, très énervés. Ils condamnent un fait têtu : nous sommes en danger. Pour ces fédéralistes idéalistes, chercher des moyens de stopper la très efficace séduction planétaire « anglo-saxonne », c’est bête ! Pour ces « bonententistes » bornés, c’est propos de racistes, de xénophobes ! Les voilà grimpés dans leurs rideaux jetant de cris d’horreur : « Marois excite les nôtres, Landry aussi jette du feu sur une huile malodorante.
Un Québec « moderne », selon la sénatrice, doit tolérer les migrants qui résistent à la francisation. Elle ne le dit pas crûment mais on devine sa pensée : « Laissez faire », tout ce qui compte c’est combattre la dénatalité, faire grimper le chiffre de la population québécoise. Peu importe s’il n’y a pas l’harmonieuse et essentielle intégration au « nous ». C’est d’une bêtise grave. André Pratte, lui, parle « d’une pensée glissante », dangereuse chez Marois et Landry. Il se scandalise que « le camp du nous » devienne le camp exclusif de ceux qui parlent français. Eh bien oui, c’est justement le nœud de la question. Il est farouchement opposé à cette bataille pour notre identité collective, c’est pourtant l’enjeu justement, la bataille qu’il faut gagner, non ?
Nos deux énervés ont raison et tort à la fois. Raison ? Oui, quand ils rigolent de voir les enquêteurs de divers ordres s’agiter pour protéger le français en Charlevoix. Et tort ? Oui, quand ils font mine d’ignorer le vrai problème qui est dans la métropole du Québec. Les témoignages abondent là-dessus : Montréal est un gruyère et les fissures se multiplient. Les Taylor et Bouchard sont un cirque inutile quand ils sortent de Montréal. Vérité gênante. Montréal fait face à deux périls : le premier péril - il sévit depuis très longtemps - nos Grecs, nos Italiens, nos Portuguais, nos Juifs, refusent de faire partie vraiment du « nous ». De merveilleuses exceptions ne peuvent cacher cette évidence. La majorité, « nous », ne comptait pas par ces nouveaux venus, tous, ils étaient venus au Québec comme on vient « in américa » et tous s’empressaient de s’anglifier. L’autre péril ?, celui des migrants récents. À leur tour, ils désirent en forte part faire partie de la culture régnante sur ce continent, géante, florissante, envahissante dans le monde entier, celle des amerloques.
Si ces militants de la tolérance - tous azimuth - étaient sincères et lucides, ils reconnaîtraient cette encombrante réalité montréalaise. Ils cesseraient de vouloir contredire les Marois, Landry et tant d’autres « résistants ». Mais non, face à l’inquiétude manifeste de ceux qui constatent l’érosion perpétuelle, ils se drapent dans le commode manteau d’une tolérance qui confine à l’imbécillité. Ils craignent quoi ? La chicane ? C’est une chicane normale dont on a bien le droit de discuter les tenants et les aboutissants. La sénatrice sort des chiffres et elle applaudit au relatif succès des bons effets de la Loi 101 de Camille Laurin - loi qu’elle n’a certes pas défendue, loi grugée par la Cour suprême maintes fois. À ses yeux, c’est le « tout va bien désormais ». Non mais quelle autruche ! Il faut être sourde et aveugle pour ne pas voir l’envahissement anglo des migrants de Montréal. Nous allons devoir sans cesse et à jamais, nous protéger. C’est notre destin hélas. À Montréal, il y a deux résistances, celle du « nous » et celle du « eux », cette dernière est détestable, pernicieuse car elle est la résistance perpétuelle au français. Aux yeux de ces réfractaires au « nous », le français est comme un fait insolite, anormal en un continent où la vaste majorité - 300 millions - s’expriment et vivent en anglais. Le combat est nécessaire.


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